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« C’est l’enfer » : les moustiques qui empoisonnent l’été des habitants d’Appamé

« C’est l’enfer » : les moustiques qui empoisonnent l’été des habitants d’Appamé

l’essentiel
Impossible de sortir sans se faire dévorer par les moustiques, même en plein jour : les témoignages de Pamiers exaspérés par les piqûres affluent cet été… Un été gâché par les insectes, affirment certains.

La chasse aux moustiques est ouverte sur les réseaux sociaux, où affluent les témoignages d’Appaméens exaspérés par ces piqûres qui surviennent même en plein jour. « Dès qu’on sort dans le jardin, les moustiques nous mangent les jambes ! On ne mange plus dans notre jardin depuis deux ans », explique Nicolas, sur Facebook. « Pareil pour nous ! On ne mange plus dehors depuis trois ans. C’est l’enfer », raconte Elisabeth. « En centre-ville, c’est devenu impossible d’aérer les maisons, d’étendre son linge, de manger dehors : de profiter simplement du plein air », explique Aude. « Un linge étalé et plus d’une dizaine de piqûres. Insupportable. »
Un autre internaute se sent démuni face à cette invasion qui s’étend de plus en plus : « Les moustiques n’ont pas élu domicile qu’à Pamiers, ils sont partout et malheureusement, ils sont de moins en moins sensibles aux insecticides. En plus, avec les interdictions de certains produits phytosanitaires, ils rigolent bien quand on les pulvérise », analyse Jean-Luc.

L’ennemi, le moustique tigre

Le coupable de tous ces désagréments est très certainement le moustique tigre. « Le moustique tigre peut en effet piquer en journée, ce qui est plus rare pour les autres espèces de moustiques », confirme Anne Tison, directrice de l’Ana-Cen (1)une association environnementale chargée de la prévention et de l’information sur ce sujet. « C’est un moustique facilement reconnaissable : il est un peu plus petit et rayé de noir et de blanc. Il se déplace sans faire de bruit, et son rayon d’action est réduit, environ 150 mètres », poursuit-elle.
En Ariège, le moustique tigre est apparu en 2016 et s’est rapidement propagé (voir ci-contre). « C’est une espèce qui s’adapte très bien et qui se reproduit très vite, poursuit Anne Tison. Il lui faut une très petite quantité d’eau pour pondre ses œufs : l’équivalent d’un bouchon de bouteille. Ses œufs survivent à la saison froide, et une simple pluie suffit à la reproduction. »
Malgré les canaux qui entourent le centre ancien, Pamiers n’est pas particulièrement exposée : « C’est de l’eau courante, qui n’est pas favorable à la reproduction, contrairement à l’eau stagnante », souligne Anne Tison.

« Apprendre à vivre avec »

« Trois messages que j’envoie à la ville de Pamiers sur le même sujet. C’est l’enfer, pour nous et les enfants… Mais rien à faire », s’insurge une internaute en tournant son regard vers la municipalité. « Chacun a la responsabilité d’assécher tout endroit susceptible d’être propice à la ponte des moustiques… Nous devons tous être responsables et actifs ! », tempère une autre internaute.
Mais lutter contre cet insecte n’est pas si simple. Une fois installé, le moustique tigre ne peut pas être éradiqué, selon les spécialistes. Les traitements « limiteraient seulement sa présence pendant quelques jours », ajoutent-ils. Ces traitements ne sont ainsi réalisés que dans les cas extrêmes, lorsque des cas de maladies graves, comme la dengue ou le Zika, sont détectés. Un traitement a ainsi été réalisé il y a quelques semaines à Foix, après la découverte d’un cas de dengue.

Des gestes simples pour limiter les dégâts

Ana-Cen, de son côté, énumère des gestes simples pour limiter la présence de cet insecte, comme faire la chasse aux contenants dans les jardins qui peuvent contenir de l’eau stagnante, comme les soucoupes placées sous les pots de fleurs. Il est aussi conseillé de « vérifier que les eaux stagnantes et les eaux de pluie s’écoulent correctement, de couvrir les réservoirs d’eau avec une moustiquaire et de traiter l’eau des piscines », énumère Ana-Cen. Mais sans grand espoir : en réalité, « il va falloir apprendre à vivre avec », craint Anne Tison.

123 communes concernées en Ariège

Au total, 123 communes, qui représentent 81 % de la population de notre département, sont aujourd’hui concernées par la présence du moustique tigre, venu d’Asie et arrivé en France il y a vingt ans, et qui est particulièrement bien adapté à nos latitudes. Il est désormais présent dans 71 départements. Seul le nord de la France est encore épargné. Sa présence à Pamiers remonte à 2016-2019, selon le Conservatoire des espaces naturels de l’Ariège, qui mène des actions de sensibilisation auprès de la population, notamment dans les écoles.

(1) Association des naturalistes de l’Ariège-Conservatoire d’Espaces Naturels.
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