« C’est la première fois que je vois circuler une telle liste », a réagi le bâtonnier de Paris, qui s’est dit « profondément choqué ».
Pierre Hoffmann annonce avoir saisi le procureur de la République de Paris.
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Le conseiller à l’Ordre des avocats de Paris, Me Pierre Hoffmann, a déclaré : « profondément choqué » Jeudi 4 juillet sur franceinfo, après la publication d’une liste d’avocats « être éliminé » sur le site d’extrême droite Reseau-libre.org. 98 noms, surnommés « les factieux »sont inscrits dans cet article nommé « liste (très partielle) d’avocats à éliminer »L’auteur de l’article appelle à « envoyer dans un fossé ou dans un stade ces avocats (qui) déclarent déjà qu’ils ne respecteront pas le verdict des urnes en cas de victoire du RN. »
Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti condamné sur X (anciennement Twitter)) « avec la plus grande fermeté la publication »Le ministre de la Justice estime que « Ceux qui veulent tuer nos libertés commencent toujours par s’attaquer aux avocats. Je ne les laisserai jamais faire ça.Au lendemain de la publication de cette liste, Pierre Hoffmann, bâtonnier de Paris, a lui aussi exprimé sur franceinfo son incompréhension et sa colère face à ce type de publication haineuse.
franceinfo : C’est un site assez confidentiel qui publie ces menaces, mais cela vous semble-t-il néanmoins impératif de réagir ?
Pierre Hoffmann : Je suis profondément choqué qu’en 2024 une « liste d’avocats à éliminer » ait pu circuler et sachez que j’ai immédiatement contacté le procureur de la République de Paris pour dénoncer ces faits extrêmement graves.
Qu’est-ce qui vous frappe dans ces menaces ?
S’en prendre aux avocats, s’en prendre aux journalistes, à ceux qui défendent nos libertés fondamentales est une atteinte intolérable à notre démocratie. En tant que bâtonnier de Paris, c’est la première fois que je vois circuler une telle liste. Mon devoir de bâtonnier de Paris est de défendre, de protéger et de soutenir tous les avocats.
Cela reflète-t-il une préoccupation dans votre profession, peut-être plus largement ?
L’inquiétude est un peu générale. Tous les Français la ressentent. Mais ce que je peux vous dire, c’est que, justement, toucher aux professions juridiques, toucher aux journalistes, c’est peut-être un curseur un peu plus haut, quelque chose qu’on n’avait pas vu auparavant dans notre démocratie.
Vous évoquez des préoccupations plus générales. Le climat actuel vous paraît-il menaçant pour les libertés publiques en général ?
Nous sommes dans un contexte électoral. Il y a une tension extrême dans le pays, on le sent, et ici, c’est le citoyen qui vous parle. Effectivement, il y a une tension qui est à son comble.
Pensez-vous que cela dépasse la période électorale, la remise en cause des institutions, des corps intermédiaires ou des professions comme le monde de la justice ?
Vous savez, c’est une réponse graduée depuis plusieurs années. Mais ce que l’on ressent maintenant, c’est un climat qui est vraiment délétère. S’en prendre aux journalistes, s’en prendre aux organes intermédiaires, au Conseil constitutionnel, à la Cour européenne des droits de l’homme, aux décisions qui ont été prises… Ce sont des choses qui n’étaient pas du domaine public il y a encore quelque temps. Et c’est à nous, gardiens des libertés, d’y faire attention.