Noyé dans le champagne, Esteban Ocon est vite parti se changer. Pierre Gasly, de son côté, a grignoté du pao de quejo en répondant, avant de s’habiller également en civil. Il s’envolera pour le Qatar et une journée d’essais mardi. Les deux Français ont quand même pris le temps de répondre à nos questions et d’évoquer cette joie incroyable de partager un podium en F1.
« Est-ce que vous expliquez ce podium par cette piste que vous aimez ou par la pluie ?
Pierre Gasly : La pluie c’est la pluie. Ce type de course est généralement celui où les performances des voitures sont moins importantes, où en tant que pilote, vous parvenez à vous démarquer. Tant que vous ne faites pas d’erreur. Je pense que c’était vraiment la clé de cette course. C’était si facile de faire une petite erreur. Il a fallu bien mesurer les risques à prendre et être à la limite du début à la fin.
Ce matin (Dimanche après les qualifications)J’étais aux anges parce que je savais que nous jouions bien. Même si je n’ai pas atteint la Q3, je savais qu’il y avait quelque chose à faire. Et voilà, j’ai gardé la tête froide et au final, on est remonté jusqu’à cette troisième place, et ce doublé sur le podium. C’est juste historique !
Esteban Ocon : C’est un peu les deux, je pense. À l’époque, Ayrton (Séné) a déclaré que les conditions pluvieuses ont nivelé les performances des voitures. C’est encore le cas aujourd’hui. Ce (Dimanche) matin, au réveil, je ne pensais pas en qualifier quatre. Donc finir sur le podium après avoir un moment mené le Grand Prix… (il soupire). C’est fou. J’ai même pensé à la victoire pendant un moment. Quand les conditions sont égales, quand on parle moins de voiture, on y est.
Et vous retrouver tous les deux sur un podium ?
PG : Notre relation, malgré tous les hauts et les bas, nous est vraiment unique. Seuls nous deux pouvons le comprendre. C’est une belle histoire car nous avons réussi à très bien travailler ensemble, à pousser l’équipe. Même dans une saison qui a été compliquée, il aurait été facile de tout lâcher. Nous avons été vecteurs de motivation pour tout le monde, même si c’est compliqué, on le sait.
Aujourd’hui, je suis vraiment très fier de ce que nous avons pu réaliser, à Enstone ou Viry malgré la nouvelle qu’il y avait (fin du programme F1 en 2026). Aujourd’hui, je pense que nous avons récompensé tout le travail qu’ils ont pu faire sur le châssis ou sur le moteur en réalisant une course sans faute, en réalisant un doublé inattendu.
EO : C’est magnifique. C’est une belle histoire malgré les divergences qu’on a sur certaines choses. Ce podium restera pour nous deux.
Sans le drapeau rouge, auriez-vous pu monter sur le podium ?
PG : Cela n’est pas sorti de nulle part. Ce moment est la clé du succès. Les autres reviennent car les conditions sont horribles. On a misé sur le drapeau rouge mais il fallait survivre. Tous les dix mètres, je pensais y arriver. Il fallait mesurer les risques et les opportunités à saisir. Nous avons tout bien fait.
EO : C’était fou. Honnêtement, ce n’était pas praticable. La voiture ne tournait pas, rien ne répondait. Mais nous avons pris la bonne décision de rester en piste. Vraiment un super moment pour moi et pour Pierre aussi. Parce que cette balade qu’on a fait tous les deux côte à côte, ça m’a rappelé de bons souvenirs du temps, quand on était enfants en karting, on roulait tous les deux sous la pluie, dans la neige. Et il n’y a pas de secret : tous ces trucs qu’on faisait autrefois, ils nous servent aujourd’hui. »