Depuis le début des Jeux paralympiques mercredi, les spectateurs se pressent sur les sites de compétition pour encourager les athlètes français. L’engouement est sans précédent.
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La ferveur des Jeux olympiques a laissé place à celle des Paralympiques. Depuis la cérémonie d’ouverture, mercredi 28 août, les Jeux paralympiques de Paris 2024 sont marqués, comme deux semaines plus tôt avec les JO, par une ferveur exceptionnelle. Que ce soit au Stade de France pour l’athlétisme, à Paris La Défense Arena pour la natation, ou au vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines pour le cyclisme sur piste, partout, le soutien du public français est inconditionnel.
Un soutien si fort qu’il a surpris les athlètes de la délégation française. « Avant les Jeux, j’imaginais une ambiance folle, mais (ce qui se passe) c’est dix fois plus que ce que j’imaginais, Antoine Praud, médaillé de bronze du 1 500 m (catégorie T46) samedi, s’est confié samedi à France Télévisions. « Le public m’a porté jusqu’au bout. »
« Dès que je suis entré sur la piste, le stade était en émoi. Dans la dernière ligne droite, mes oreilles bourdonnaient tellement le public était bruyant. »
Antoine Praud, médaillé de bronze au 1 500 m (catégorie T46)à France Télévisions
En finale, le Français a couru devant 70 000 spectateurs lors de la séance matinale, un record d’affluence pour une épreuve de para-athlétisme en France. « Je n’ai jamais couru au Stade de France ou dans des stades comme celui-ci, aussi pleins, avec autant de Français là pour m’encourager même s’ils ne me connaissent pas. J’espère avoir apporté un moment de joie à tous ceux qui étaient là ou derrière leur télévision », savoure Antoine Praud.
Même sentiment au vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines, où l’ambiance était également plus que bouillante pour soutenir les athlètes tricolores. Si les spectateurs étrangers – Britanniques, Irlandais, Américains, entre autres – ont donné de la voix, ce n’était rien comparé aux Français, dimanche 1er septembre. Dès les qualifications de la poursuite individuelle féminine (3 000 m, catégorie C5), Marie Patouillet et Heïdi Gaugain ont été encouragées avec enthousiasme par le public.
Malgré la chaleur étouffante du vélodrome, impossible de ne pas avoir froid. « C’est la première fois (que je rivalise avec une telle ambiance). Nous ne sommes pas habitués à avoir cela dans le paragraphe. Merci au public », a réagi Heidi Gaugain, émue, après s’être qualifiée pour la finale, face à Marie Patouillet, qui remportera l’or paralympique quelques minutes plus tard.
« Avec un public comme ça, on ne peut pas lâcher prise, a soutenu Marie Patouillet, jeudi 29 août, après sa médaille d’argent sur 500 m contre-la-montre C4-5, premier podium français des Jeux. Il y avait toute ma famille, les médecins que je remplace (elle est médecin généraliste dans le civil) et tout un tas de gens qui ont dessiné mon visage partout, sur leurs tee-shirts… Ça m’a énormément touché et c’est incroyable, parce qu’en tant qu’athlètes paralympiques, on n’a jamais vécu ça. C’est magique. »
Mais pour certains athlètes, il a fallu apprendre à gérer ce soutien. « Il y avait beaucoup d’émotions et cela nous a rendu tendus », « , a reconnu Nicolas Jouanserre, basketteur en fauteuil roulant, après le premier match de la France contre le Canada (défaite 83-68), vendredi 30 août. Pour lui aussi, jouer dans une telle ambiance était une grande première, étant plus habitué à des salles avec quelques centaines de personnes maximum. « Dès qu’on marquait un panier, on sautait (face au bruit). On en a besoin. On a vu qu’on était soutenus, maintenant il faut se mettre un peu plus dans notre bulle et jouer notre basket », il a ajouté.
Ces ambiances marqueront l’histoire, estime Timothée Adolphe, athlète aveugle spécialisé dans le 400 m (T11). Lors de ses séries vendredi 30 août, tout le Stade de France a crié son nom dès son entrée en lice. De quoi, une fois de plus, donner la chair de poule. « Jusqu’à présent, Londres 2012 a été une référence, mais je pense que la France laissera son empreinte dans l’histoire des Jeux. » Et marque ainsi un tournant dans le parasport en France.