Quand on parle des pays européens qui utilisent le plus de produits phytosanitaires, on pense généralement à l’Espagne. En fait, la réalité est à la fois plus complexe et plus surprenante.
Depuis des années, la question des pesticides préoccupe les citoyens de nombreux pays du monde. Car si ces produits phytosanitaires sont utiles pour protéger les cultures des insectes et des maladies, leur utilisation intensive et excessive a des conséquences néfastes sur l’environnement et la santé des agriculteurs et des consommateurs.
L’Union européenne étudie de près ce sujet épineux, qui oppose souvent agriculteurs et consommateurs. Pour tenter de réduire leur usage, certains pays ont mis en place des plans ambitieux. En France, le plan Écophyto, lancé en 2008, visait à réduire de moitié l’utilisation de pesticides d’ici 2018. Malheureusement, cet objectif est loin d’être atteint. Et en 2020, les ventes de pesticides en France ont été quasiment identiques à celles de 2010, avec environ 65 000 tonnes de produits vendues, contre 56 000 en Italie et 48 000 tonnes en Allemagne par exemple.
Mais ces chiffres cachent une réalité plus complexe. Et ils ne suffisent pas pour mesurer la véritable utilisation des pesticides. En effet, si, en valeur absolue, l’Espagne, la France, l’Italie et l’Allemagne sont les pays ayant déclaré les plus gros volumes de consommation de pesticides dans l’UE en 2021, c’est parce que ces quatre pays comptent parmi les plus gros producteurs agricoles de l’Union européenne. L’Espagne, souvent montrée du doigt, est même une véritable paysanne.
En effet, il est nécessaire de bien distinguer la quantité totale de pesticides vendue et utilisée par hectare. C’est ce dernier indicateur qui permet de mieux comprendre la pression chimique réelle exercée sur les sols et les cultures dans chaque pays.
Et dans ce domaine, ce sont les Pays-Bas qui devancent tous les autres, avec 10,9 kg de pesticides par hectare. Oui, ce pays connu pour ses tulipes, ses moulins et ses serres est en réalité le plus grand utilisateur de produits phytosanitaires par surface cultivée en Europe, sa petite taille géographique expliquant en partie cette utilisation très intensive pour maintenir des rendements élevés.
Et les surprises ne s’arrêtent pas là. Juste derrière les Pays-Bas se trouvent Chypre (9,22 kg/ha), Malte (8,09 kg/ha), l’Irlande (7,07 kg/ha) et la Belgique avec (6,42 kg/ha). Souvent perçus comme verts et respectueux de l’environnement, ces deux derniers pays sont en réalité de très gros utilisateurs de pesticides à l’hectare. L’Italie (5,38 kg/ha), le Portugal et l’Espagne (4,59 kg/ha) arrivent ensuite dans ce classement, avec des niveaux d’utilisation toujours supérieurs à la moyenne.
En revanche, certains pays nordiques, comme le Danemark (1,2 kg/ha) et surtout la Suède (0,73 kg/ha) se distinguent par des efforts remarquables. Ces pays adoptent des politiques proactives pour réduire l’application de pesticides, tout en maintenant des pratiques agricoles efficaces. La Lituanie (1,12 kg/ha) et la Slovaquie (1,21 kg/ha) sont également de bons élèves dans ce domaine. Mais c’est la Roumanie (0,62 kg/ha) qui utilise proportionnellement le moins de pesticides par hectare.
Quant à la France, elle se situe dans la moyenne européenne, avec 3,7 kg/ha. Et là encore, avec de grandes disparités selon les régions, certains départements faisant un usage beaucoup plus modéré des produits phytosanitaires que d’autres.
