C’est au tour du mari, « chef d’orchestre » d’une décennie de viols
Après avoir entendu les victimes, le procès du viol de Mazan se tourne désormais vers les 51 accusés, à partir de lundi avec le mari, Dominique Pelicot, le « conducteur » violences sexuelles commises sur sa femme depuis dix ans.
Violeur la nuit mais grand-père attentionné le jour, décrit comme un « un gars génial » par son épouse, juste avant qu’elle n’apprenne l’horreur des faits, à l’automne 2020 : c’est d’abord un portrait psychologique et psychiatrique de cet homme de 71 ans qui sera dressé lundi, par quatre experts, pour ouvrir la deuxième semaine de ce procès prévu pour durer quatre mois devant le tribunal correctionnel de Vaucluse.
Cette personnalité « à deux facettes » de « pervers manipulateur »décrit comme le « Chef d’orchestre du viol » par un coaccusé, avait déjà été esquissée par un premier expert vendredi, lorsqu’il avait évoqué le Dr Jekyll et M. Hyde.
Lundi, d’autres membres de la famille Pelicot donneront également leur témoignage, pour décrire ce septuagénaire qui a recruté des dizaines d’hommes sur internet, de juillet 2011 à octobre 2020, pour venir violer sa femme, qu’il droguait avec des anxiolytiques.
Les faits se sont déroulés principalement à Mazan, petite commune du Vaucluse au pied du Mont Ventoux où le couple s’était installé début 2013.
Parmi les personnes interrogées, David et Florian Pelicot, les deux fils du couple, mais aussi Pierre P., le gendre, et Joël Pelicot, le frère du principal accusé, médecin généraliste à la retraite. Le seul témoin de personnalité appelé lundi à la demande de l’accusé sera Ginette Pelicot, sa demi-soeur.
Gisèle Pelicot, 71 ans, principale victime de cette affaire, a livré jeudi son témoignage émouvant, sans jamais jeter un regard à son ex-mari, dont elle est désormais officiellement divorcée. Elle devrait revenir devant le tribunal mercredi matin.
« C’est impardonnable »
Sa fille Caroline et ses deux belles-filles, Céline et Aurore, ont été interrogées vendredi. Les trois avaient été photographiées nues, à leur insu, par leur père et leur beau-père, et des photomontages sexuels d’elles avaient ensuite été diffusés sur les réseaux sociaux.
Si le calendrier prévisionnel de ce procès est respecté, Dominique Pelicot devrait livrer ses premières explications mardi après-midi, depuis le box où sont détenus les 18 accusés (32 autres comparaissent libres, le 51e est en fuite et sous mandat de dépôt).
« Cela prendra le temps nécessaire… cela pourrait être long »selon son avocate, Me Béatrice Zavarro, qui s’attend à une « Une semaine d’audience très intense »: « Il expliquera encore une fois pourquoi il a fait cela. Il expliquera, il se justifiera, s’il en fallait une, parce que c’est impardonnable. »Me Zavarro l’a déclaré jeudi à l’AFPTV.
A partir de mercredi après-midi, le tribunal devrait ensuite s’adresser aux autres accusés, 50 hommes âgés de 26 à 74 ans. Comme Dominique Pelicot, la plupart risquent 20 ans de réclusion criminelle pour viol aggravé.
Mais seuls quatre seront concernés cette deuxième semaine : Jean-Pierre M., 63 ans, Cyrille D., 54 ans, Jacques C., 72 ans, et Lionel R., 44 ans. Puis, chaque semaine, en huit vagues successives, cinq à huit accusés seront convoqués, jusqu’au 8 novembre, avant le début estimé des premières plaidoiries.
Jean-Pierre M., détenu, est le seul des 51 accusés à ne pas avoir été jugé pour le viol de Mme Pelicot. Disciple de Dominique Pelicot, dont il a suivi le protocole à la lettre, il a violé sa propre compagne, et ce en compagnie de Pelicot.
Les audiences se déroulent jusqu’à présent dans une salle exiguë où les accusés comparaissant librement côtoient les parties civiles – au grand regret de ces dernières, qui vivent cela comme une » agression « – et où se réunissent des journalistes du monde entier.
Elles devraient se poursuivre prochainement avec moins de protagonistes. Le président du tribunal, Roger Arata, pourrait en effet accéder à la requête de plusieurs avocats de la défense qui demandaient que leurs clients comparaissant libres ne soient pas obligés d’assister à des audiences qui ne les concernent pas directement.
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