Bourse Entreprise

ces trois crises récentes où elle a atteint des sommets

Alors que le budget du gouvernement Barnier est toujours attendu, la dette française vient d’être estimée à 112% du PIB par l’Insee.

« Oui, la situation de nos finances publiques est grave, et je ne vais pas tourner autour du pot : en 2024, le déficit public risque de dépasser les 6% du PIB »5,1% initialement attendus, a annoncé mercredi le nouveau ministre du Budget Laurent Saint-Martin, lors de son audition devant la commission des Finances de l’Assemblée nationale. Une déclaration qui fait écho à celle d’Antoine Armand, le nouveau ministre de l’Économie, qui dénonçait mardi sur France Inter le« l’un des pires déficits de notre histoire. » Un taux potentiel de 6% bien supérieur à la limite théorique de 3% définie par le traité de Maastricht, mais qui n’est pas forcément le pire enregistré par la France. Si la croissance des Trente Glorieuses a maintenu un déficit public limité, et parfois même nul jusque dans les années 1970, les chocs pétroliers ont marqué l’avènement du déficit public comme problème national majeur. Retour sur trois moments de l’histoire moderne où le déficit français a atteint de nouveaux sommets.

1993 : la crise du système monétaire européen (6,4%)

C’est dans la douleur que l’Europe a donné naissance à la monnaie unique. En effet, la crise du Système monétaire européen (SME), qui liait les monnaies européennes par de strictes marges de fluctuation, a marqué la grande résurgence du déficit français au début des années 1990. En 1992, les tensions liées à la ratification du traité de Maastricht poussent les investisseurs à spéculer massivement contre certaines monnaies jugées vulnérables, dont le franc français. Pour défendre la parité de sa monnaie dans le SME, la Banque de France est contrainte de relever fortement ses taux d’intérêt : la catastrophe commence. La hausse des taux entraîne alors une forte récession : le coût du crédit augmente, ralentissant l’investissement et la consommation, et donc la croissance. Cette baisse de la croissance entraîne à son tour une baisse des recettes fiscales, tandis que les dépenses publiques, notamment liées au service de la dette, continuent de croître. Le déficit public explose, atteignant 6,4% du PIB.

Ce n’est qu’au prix d’une politique de rigueur budgétaire, incluant notamment une réforme de la Sécurité sociale et des systèmes de retraite, que la France parviendra à réduire son déficit. La reprise économique de la fin des années 1990, aidée par une baisse des taux d’intérêt en Europe après la stabilisation monétaire, a également contribué à augmenter les recettes fiscales : en 1998, le déficit français repasse pour la première fois sous le seuil de 3. %.

2009 et 2010 : la crise des subprimes (7,4% et 7,1%)

La crise des subprimes aura raison de la bonne santé budgétaire de la France. Elle trouve son origine dans l’octroi massif de prêts immobiliers à risque, appelés subprimes, à des emprunteurs modestes et peu capables de rembourser. Ces prêts sont ensuite regroupés en titres financiers complexes et revendus à des investisseurs du monde entier, masquant ainsi leur danger. Quand les investisseurs réalisent qu’ils ont acheté massivement obligations de pacotille (actifs de mauvaise qualité), la bulle spéculative explose. Les taux d’intérêt montent en flèche et les prix de l’immobilier chutent, laissant de nombreux emprunteurs dans l’incapacité de rembourser leurs prêts. Cela conduit à la dévaluation des actifs financiers liés aux prêts hypothécaires à risque, déstabilisant de nombreuses institutions financières internationales.

Le ralentissement de l’économie mondiale affecte alors directement la France, entraînant une baisse de la croissance et une hausse du chômage. La baisse de la consommation et des revenus des entreprises réduit les recettes fiscales de l’État tandis que les dépenses sociales augmentent fortement, avec une augmentation des allocations de chômage et de l’aide sociale. Par ailleurs, l’État met en place des mesures de soutien pour éviter un effondrement économique : des milliards d’euros sont injectés pour renflouer les banques et garantir leur liquidité, tout en soutenant les entreprises en difficulté par des subventions et des exonérations fiscales. . 2009 et 2010 ont donc été des années records pour le déficit français, respectivement à 7,4 % et 7,1 % du PIB.

2020 et 2021 : la crise du Covid (8,9% et 6,6%)

Dans les années 2010, le déficit semble se réduire progressivement. La reprise économique mondiale augmente les recettes fiscales, tandis que la Banque centrale européenne (BCE) maintient des taux historiquement bas, ce qui permet à la France de financer son déficit public sans trop augmenter le service de la dette. Le déficit est ainsi repassé sous la barre des 3 % en 2018 pour la première fois depuis le début des années 2000, et s’est stabilisé à 2,4 % en 2019.

C’était sans compter la crise du Covid. Face à la pandémie, le gouvernement est contraint de mettre en place des mesures exceptionnelles pour soutenir l’économie. Il est temps de « quoi qu’il en coûte » : la mise en place du chômage partiel, les aides directes aux entreprises, les reports de charges et les plans de relance de certains secteurs clés alourdissent considérablement la dette. Dans le même temps, le confinement et les restrictions sanitaires provoquent une contraction de l’économie, et donc des recettes fiscales. En 2020, il a atteint 8,9 % du PIB, soit le taux le plus élevé depuis la Seconde Guerre mondiale. Il en faudra sans doute davantage pour permettre à Antoine Armand de relativiser ce qui semble être devenu, depuis cinquante ans, un problème français.

 » data-script= »https://static.lefigaro.fr/widget-video/short-ttl/video/index.js » >

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
Bouton retour en haut de la page