Ces survivants sauvés du génocide rwandais par les eaux du lac Kivu

Immaculée Nyiramsengimana, 53 ans

« Je me suis cachée dans les buissons pendant trois jours. Puis j’ai décidé de risquer d’aller à la banque du Kivu, avec mon bébé de 9 mois. Je ne sais par quel miracle j’ai retrouvé mon mari là-bas, ainsi qu’un ami avec une pirogue !

Nous avons ramé toute la nuit, avec une branche d’arbre en guise de pagaie, sans savoir où nous allions.

Son frère n’a pas eu cette chance.

Nous avons finalement atterri, épuisés, et là, on nous a annoncé que nous étions sur l’île d’Idjwi, en RDC. Nous y sommes restés un an avant d’oser retourner au Rwanda.

L’un de mes frères, marié à une femme hutue, n’a pas eu cette chance. Ses beaux-parents ont convenu de le retrouver sur la rive, soi-disant pour l’aider à s’échapper, mais ils l’ont tué et ont jeté son corps à l’eau. Depuis lors, mes sentiments envers le lac sont ambivalents.

Aroni Ntaganira, 51 ans

« À l’époque, pour échapper aux tueurs, je faisais des allers-retours sur le lac. Ainsi, chaque matin, avant même le lever du soleil, je nageais pendant environ deux heures jusqu’à un îlot près de Kibuye pour m’y cacher.

Puis, quand la nuit tombait, je retournais sur le « continent », toujours en nageant, pour tenter de récupérer un peu de nourriture.

Un Hutu l’a aidé

Nos provisions avaient été pillées et certaines maisons brûlées, mais il restait quelques patates douces, que j’ai mangées crues…

Après une semaine comme celle-ci, mon voisin, Isacar Ntawuryerera, un Hutu, m’a donné à manger et m’a emmené en bateau jusqu’à l’île d’Idjwi, en République démocratique du Congo. Il a aidé d’autres personnes, dont mes sœurs.

Mais lui-même a fini par être tué, en représailles… »

➤ Article publié dans le Magazine GEO n°547, L’Egypte réveille ses pharaons, à partir de septembre 2024.

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