Ces rentrées fiscales surprises sur lesquelles mise Bruno Le Maire pour faire oublier le dérapage de 2023
Le ministre de l’Économie et des Finances a annoncé que les recettes fiscales, fin mai, étaient supérieures de 3 milliards d’euros au montant attendu.
Violemment attaqué des deux côtés du conseil d’administration pour son bilan en matière de finances publiques, Bruno Le Maire a tenu à rassurer les Français mercredi, lors d’une intervention sur BFMTV. Alors qu’il était interrogé sur le dérapage du déficit public en 2023, le ministre de l’Economie et des Finances a indiqué que l’Etat avait fin mai «3 milliards d’euros de recettes fiscales excédentaires» par rapport aux flux budgétisés. Dans le programme de stabilité, transmis à Bruxelles, Bercy avance des prélèvements obligatoires de 43,6% du produit intérieur brut (PIB), soit un peu plus de 1,2 milliard d’euros. Autant dire que les 3 milliards supplémentaires ne changent pas vraiment la donne…
Bercy ne communique pas sur les chiffres précis des recettes en mai mais dans le détail, l’impôt sur les sociétés serait un peu en retard à cette échéance, tandis que l’impôt sur le revenu et la TVA seraient bien orientés. En période de croisière, jamais Bruno Le Maire n’aurait communiqué sur une tendance aussi non structurante. En cette semaine électorale, il a décidé de le rendre public afin de démontrer que Bercy a surmonté les mauvaises surprises de la fin 2023. »Nous avons eu un accident. Je l’admets volontiers. En 2023, tout le monde s’est jeté sur nous. Il y a eu un accident de revenus», a rappelé le ministre.
Bénéfices des entreprises énergétiques : un impôt très mal calibré
Du fait de cet « accident », qui a représenté 20 milliards de recettes en moins dans le déficit de la France, celui-ci est passé à 5,5 % au lieu de 4,9 %, en 2023. L’IS, la TVA, les frais de notaire mais aussi les cotisations sociales avaient en effet étonnamment baissé. Sans parler du nouvel impôt sur les bénéfices des entreprises énergétiques, particulièrement mal calibré, qui n’aura rapporté que 300 millions d’euros à Bercy, contre une prévision initiale de 12 milliards – déjà révisée à 4 milliards à l’automne. Suite à cette révision surprise, l’opposition s’est déchaînée. Olivier Marleix, le chef de file des députés LR, avait accusé le gouvernement d’avoir «menti aux Français », et Fabien Roussel, la tête d’affiche du PC a dénoncé un cadre de« escrocs en col blanc ».
Ces accusations ont marqué l’opinion publique. « Nous avons repris le contrôlecependant, on tempère à Bercy. Du côté des dépenses, 10 milliards d’euros d’économies que nous avions annoncés sont en préparation, côté recettes, les choses ont pris du retard. Nous sommes un peu en avance sur le calendrier.» Tout cela semble pourtant très fragile, alors que les entreprises ont massivement suspendu leurs investissements dès l’annonce de la dissolution et que les économies annoncées restent suspendues au bon vouloir du prochain gouvernement.