Ces records de pluie ont été battus dans plusieurs pays
L’Europe centrale et orientale déplore ce lundi au moins 15 morts et disparus après le passage de la tempête dévastatrice Boris, qui a provoqué des inondations monstrueuses. Elle a également laissé des milliers de sans-abri et causé d’immenses dégâts encore difficiles à estimer. La violence de la tempête a été telle que des records météorologiques ont été battus dans plusieurs pays.
Record de précipitations en Autriche
Citant les services météorologiques autrichiens, l’observatoire Keraunos souligne que « les précipitations cumulées en 96 heures battent tous les records précédents, parfois d’un facteur trois », notamment en Basse-Autriche, dans le nord-est du pays.
A la station de Tulln, près de Vienne, 358 millimètres sont tombés en quatre jours, battant largement le dernier record de 142 mm qui remontait à mai 1967. A Buchbergwarte, à l’est de la capitale autrichienne, les pluies apportées par Boris (354 mm en 96 heures) ont plus que triplé le dernier record de 106 mm, qui remontait à mai 2014, selon le site Wetterblog.at, spécialisé dans la surveillance de la météo et du climat en Autriche.
« A St. Pölten, 421 l/m² sont tombés en quatre jours seulement, ce qui est plus que tout ce qui a été mesuré sur un mois entier depuis le début des mesures en 1894, et même plus que le cumul de l’automne le plus pluvieux, le tout en quatre jours », indique Météo-France. « Les records de précipitations en 72 heures ou 96 heures sont également largement battus en République tchèque, parfois d’un facteur trois », poursuit l’institut météorologique français.
« L’événement pluvieux en Europe centrale est hors norme en termes de surface touchée », note également Keraunos. Sur X, l’agro-climatologue Serge Zaka transpose cette situation à la France. « L’ampleur de l’événement pluvieux de Boris est tout simplement spectaculaire. C’est comme s’il avait plu 50 à 400 mm de Paris à Marseille en passant par Lyon, Bordeaux et Toulouse », explique-t-il.
Le Danube à son plus haut niveau
Certaines zones du Tyrol autrichien ont même vu tomber un mètre de neige ces derniers jours, un phénomène rarissime pour un mois de septembre. Les fortes pluies ont également fait monter le niveau du Danube. Dimanche soir, le fleuve a « lentement mais sûrement atteint son pic de crue près de Vienne : 757 cm de haut et 10.200 m³/s de débit, proche des records », constate le journaliste Nicolas Berrod sur X. Ce lundi, le fleuve a même atteint 10.300 m³/s de débit près de la capitale autrichienne, son troisième débit le plus élevé depuis le début des relevés il y a 140 ans.
A Budapest, en Hongrie, les prévisions indiquent même que le Danube pourrait monter au-delà de 8,5 mètres cette semaine, approchant le record de 8,91 mètres enregistré en 2013.
Les pluies torrentielles qui s’abattent depuis samedi sur l’Europe centrale promettent aussi des inondations qui pourraient être d’une ampleur inédite, préviennent les scientifiques. « L’inondation devrait être la pire que la région ait connue depuis les inondations de 2002 » qui ont frappé Prague, Dresde et Vienne, prévient Liz Stephens, professeure spécialisée dans les risques climatiques et la résilience à l’université britannique de Reading.
Le rôle du réchauffement climatique
Si les causes de la violence de la tempête sont multiples, une étude menée par le collectif ClimaMeter, qui réunit plusieurs spécialistes du climat, suggère que les inondations provoquées par Boris ont été intensifiées jusqu’à 20 % par le réchauffement climatique d’origine humaine. Le climatologue français Christophe Cassou note que cette tempête très stationnaire était aussi « parfaitement positionnée » pour aspirer l’air humide de la mer Noire et « générer des événements pluviométriques extrêmes ». Les inondations liées aux fortes pluies devraient de toute façon augmenter en Europe centrale et occidentale dans un monde confronté à un réchauffement moyen de 1,5°C, estiment les experts climat du Giec dans leur rapport 2022.
New Grb1