Ces noms qui se démarquent avant la nomination du Premier ministre
La nomination d’un nouveau Premier ministre se fait toujours attendre, alors qu’Emmanuel Macron a consulté les principaux partis politiques. Plusieurs noms circulent encore.
Emmanuel Macron a lancé un deuxième tour de consultations après un premier tour qui s’était terminé sans aucun nom pour Matignon. Alors que le chef de l’Etat ne cesse de répéter que personne n’a « gagné » aux dernières législatives, il n’en demeure pas moins que le pays se retrouve désormais sans véritable gouvernement depuis la démission de Gabriel Attal le 16 juillet dernier. Désormais, seules les affaires dites courantes sont gérées par les ministres démissionnaires. La nomination du remplaçant de Gabriel Attal se fait toutefois toujours attendre, et les rumeurs sur l’identité de celui qui dirigera le prochain gouvernement vont bon train. Le nom de l’ancien Premier ministre de François Hollande, Bernard Cazeneuve, revient régulièrement ces derniers jours, mais il n’est pas le seul.
Lucie Castets sinon rien pour la gauche
Les différents partis qui forment le Nouveau Front populaire (NFP) sont clairs, ils veulent que leur candidate Lucie Castets soit à la tête du gouvernement et personne d’autre. Si son nom a été rapidement balayé par Emmanuel Macron, elle a néanmoins annoncé, jeudi 29 août, qu’elle quitterait son poste de directrice des finances de la Ville de Paris afin de poursuivre la course à Matignon. Alors que le nom de Bernard Cazeneuve circule depuis plusieurs jours pour le poste de Premier ministre, les Insoumis ont prévenu, vendredi 30 août, qu’ils voteraient une motion de censure contre un gouvernement dirigé par l’ancien socialiste. Plus largement, les Insoumis, qui sont l’un des quatre groupes politiques du NFP avec les écologistes, les socialistes et les communistes, censureront tout gouvernement qui ne serait pas dirigé par Lucie Castets.
« Nous censurerons tout autre gouvernement que celui de Lucie Castets », a prévenu Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, invitée sur franceinfo vendredi 30 août. « Notre candidature, c’est Lucie Castets », a-t-elle réaffirmé, brandissant la menace d’une destitution contre Emmanuel Macron. Le 26 août, ce dernier avait estimé qu’il ne pouvait pas nommer un Premier ministre qui souhaitait mettre en place un gouvernement NFP, puisqu’il serait immédiatement renversé par une motion de censure, qu’une majorité de députés voudrait voter. Le président demande donc à la gauche réunie au sein du NFP de se dissoudre, afin que le PS, le PC et les écologistes puissent faire des propositions pour former une coalition.
Des noms toujours évoqués pour Matignon
- Bernard CazeneuveBernard Cazeneuve est l’ancien Premier ministre de François Hollande (PS). Il dispose d’une solide expérience ministérielle qui pourrait lui permettre de faire la différence avec Emmanuel Macron. Surtout, il vient de la gauche, mais parle quand même à une partie de la droite. Son nom a notamment été cité par Gérald Darmanin comme recours, le 27 août, sur BFMTV. Bernard Cazeneuve incarne la gauche sociale-démocrate, qui a rapidement fustigé l’alliance nouée entre LFI et le PS, qu’il quittera après la création du Nupes. L’hypothèse Bernard Cazeneuve est pour l’instant rejetée au sein du NFP, et n’apparaît pas comme une priorité pour la droite. Pour Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV, ce n’est « pas une solution qui est envisageable ». Les Insoumis ont déjà prévenu qu’ils censureraient un gouvernement dirigé par l’ancien ministre de l’Intérieur. De son côté, le Parti socialiste a annoncé qu’il censurerait tout gouvernement qui serait dans le prolongement de la politique de Macron, rappelle-t-on. Le monde.
- Karim Bouamranele maire de Saint-Ouen en Seine-Saint-Denis (PS). Le nom de l’élu a été avancé après les Jeux olympiques et figurerait sur une liste étudiée par Emmanuel Macron, selon Le monde Et L’opinionIssu de la gauche, militant communiste puis socialiste, il présente un profil particulier susceptible de séduire le camp présidentiel. Dans un portrait au Figaro, Karim Bouamrane défend des « valeurs de gauche » comme le « progrès, la solidarité, la fraternité, la sororité » et déplore « l’abandon » par son camp de la « sécurité ». Une « erreur politique » selon l’élu qui se montre critique envers LFI. Mais Karim Bouamrane a assuré n’avoir « aucune ambition personnelle » et indiqué qu’il soutenait Lucie Castets. Interviewé sur TF1 vendredi 30 août, il a rappelé qu’il n’était « candidat à rien du tout », mais n’a pas totalement fermé la porte. « Si mon téléphone sonne, je réponds, je prends les informations et je me tourne vers mon parti politique », a-t-il détaillé avant de souligner qu’il fallait « trouver des compromis ».
- Xavier Bertrandle président de la région Hauts-de-France (LR). Soutenu par plusieurs personnalités du centre et de la droite, le principal concerné s’est dit « prêt à relever le défi », mardi 6 août dans les colonnes du FigaroLa candidature est toutefois très mal accueillie à gauche, qui considère que seul le NFP est légitime pour gouverner et que le groupe LR ne compte que 47 députés. Xavier Bertrand est apprécié par Gérald Darmanin, mais entretient des relations « exécrables » avec Emmanuel Macron, selon le quotidien, un obstacle évident à une éventuelle nomination. Le président des Hauts-de-France est peu apprécié par Laurent Wauquiez, le chef du groupe LR à l’Assemblée.
- Valérie Pécressela présidente de la région Île-de-France (LR). Son nom circule depuis la fin des JO après un rapprochement avec le chef de l’Etat qui laissait croire à une possible coalition dont elle prendrait la tête. Mais rien n’est moins sûr. Selon Le FigaroSi certains estiment que son profil de droite pourrait lui donner « toutes ses chances », d’autres, au contraire, n’y croient pas du tout et assurent qu’elle n’est pas très appréciée du camp présidentiel. Valérie Pécresse n’est pas aidée par son score à la présidentielle de 2022 qui a été l’un des plus bas de l’histoire de la droite (4,78% des voix). Interviewée sur RTL mardi 27 août, elle a affirmé n’être « candidate à rien » et décrit le NFP comme « l’extrême gauche qui veut le désordre ». Elle a estimé qu’une « voie de passage extrêmement étroite » pourrait être trouvée sans que la droite soit forcément au gouvernement.
Quelle coalition possible pour le nouveau gouvernement ?
La gauche étant majoritaire à l’Assemblée nationale, elle pourrait abriter le futur Premier ministre. C’est une possibilité, mais Emmanuel Macron a posé une condition : que le PS, le PC et EELV gouvernent avec d’autres partis, sur la base d’un accord de coalition programmatique. Plusieurs autres scénarios de coalition sont sur la table.
► Une coalition entre le PS, le PC, EELV et les partis Ensemble ?
Le camp présidentiel ou son aile gauche pourraient se rapprocher de la gauche à condition que LFI, qui fait partie du Nouveau Front populaire, soit exclu de la coalition. Le NFP refuse à ce stade d’imploser et de briser son union pour de telles négociations de coalition.
► Une coalition entre Ensemble et Les Républicains ?
Le camp présidentiel, à la tête de la coalition Ensemble, compte 168 députés tandis que la droite en compte 60. Les deux groupes réunis auraient donc près de 230 députés et deviendraient le premier groupe à l’Assemblée, mais très loin d’une majorité absolue. Les deux partis politiques se sont déjà entendus sur plusieurs projets depuis la réélection d’Emmanuel Macron en 2022 et ont permis de faire passer des lois malgré la majorité relative du camp présidentiel. Cette possibilité semble toutefois écartée. Laurent Wauquiez, président du groupe Droite républicaine à l’Assemblée nationale, a réaffirmé le 23 août que Les Républicains « ne participeront à aucune coalition gouvernementale ».
► Une coalition allant de la gauche sociale-démocrate à la droite républicaine
C’est un scénario qu’appelaient le camp présidentiel et Emmanuel Macron dans une lettre adressée aux Français le 10 juillet, mais qui paraît difficilement envisageable compte tenu des divergences programmatiques entre la gauche et la droite malgré des points d’accord.
L’hypothèse d’un Premier ministre technicien
Sans majorité et sans accord gouvernemental, une autre solution consiste à construire un gouvernement technique dirigé par un Premier ministre ayant peu d’influence politique et pouvant faire consensus de la gauche à la droite. Les ministres seraient alors des hauts fonctionnaires, des économistes, des diplomates et des spécialistes dans chaque domaine, plus que des politiques. Ils seraient chargés de diriger le pays et son économie sans introduire de nouvelles mesures ou réformes majeures en attendant de nouvelles élections législatives. Pour diriger une telle équipe, on pourrait faire appel à une personnalité sage et dotée d’une expérience reconnue. Des noms comme Dominique de Villepin Ou Charles de Courson sont de bons exemples.
Il y a aussi la possibilité d’une personnalité apolitique. Fin juillet, nos confrères de Politico indiquaient qu’une autre option pourrait attirer l’attention d’Emmanuel Macron. Un ministre leur confiait qu’un profil « retiré de la vie politique », « en tout cas plus proche de la fin que du début » de sa carrière, pourrait tenir la corde. Il citait notamment d’anciens ministres issus de la droite républicaine : Michel Barnier Ou Jean-Louis Borloo.
Un gouvernement d’élus locaux
Selon les informations d’Europe 1, Emmanuel Macron étudierait la possibilité d’un gouvernement formé avec des élus locaux. Cela permettrait de dépasser les logiques partisanes et de montrer aux Français que le président veut régler leurs problèmes de manière pragmatique. Ce gouvernement pourrait être nommé rapidement, puisque les proches du chef de l’Etat plaident pour qu’il soit connu avant la rentrée scolaire, qui aura lieu lundi 2 septembre.
GrP1