Nouvelles locales

ces labels qui trompent les consommateurs

Les étiquettes des produits alimentaires confondent, voire trompent, les consommateurs européens. Cette critique ne vient pas des ONG, mais de l’Union européenne, via sa Cour des comptes. Les informations sont à la fois incomplètes et excessives, constate la Cour des comptes européenne (Cour des comptes européenne), après avoir étudié les cas de la Belgique, de l’Italie et de la Lituanie.

Législation datée

Dans l’UE, seulement « informations de base » sont réglementés, regrette le rapport. Et « la législation en vigueur dans ce domaine date de plus de 10 ans », Keit Pentus-Rosimannus, responsable de l’audit, l’a souligné lundi. Les règles européennes n’évoluent pas aussi vite que le marché et restent trop faibles.

« Des messages délibérément ou non trompeurs »

Conséquence : les entreprises agroalimentaires multiplient sans contrôle les allégations, logos, slogans et autres « scores » (« sain », « issu de l’agriculture biologique », « sans gluten », ou encore « sans antibiotiques », « frais », « naturel »).  » etc). « Des centaines de systèmes (…) qu’il appartient au consommateur de décrypter », note Keit Pentus-Rosimannus.

« L450 millions de consommateurs européens sont exposés à des messages délibérément ou non trompeurs », dénonce-t-elle.

La Cour des comptes cite quelques exemples. Depuis » les règles autorisent l’utilisation d’allégations nutritionnelles et de santé même pour les aliments riches en graisses, en sucre et/ou en sel « , des produits comme les barres énergétiques peuvent être présentés comme « riches en protéines ». Les allégations santé accompagnant les produits végétaux (telles que « favorise le tonus » ou « contribue à améliorer les performances physiques ») sont très nombreuses, sans être étayées par des données scientifiques.

Concernant les allergènes, les entreprises agroalimentaires font au contraire preuve d’un excès de prudence : les formulations vagues telles que « peut contenir » se multiplient, limitant encore davantage le choix des consommateurs allergiques. Quant aux aliments végétariens ou végétaliens, ils ne font l’objet d’aucune définition au sein de l’UE.

Des contrôles rares et des sanctions faibles

« Même lorsque les informations sont parfaitement correctes et claires, elles sont souvent écrites dans une police trop petite. » Keit Pentus-Rosimannus observe à nouveau. Et le  » Les systèmes d’étiquetage nutritionnel sur le devant des emballages, tels que Nutri-Score, NutrInform Battery et Keyhole (…) ne sont pas harmonisés au niveau européen, faute de consensus entre les parties prenantes« , même si « des règles harmonisées pourraient aider les consommateurs à identifier les produits les plus sains et, à terme, contribuer à prévenir les maladies liées à l’alimentation », déplore l’étude.

Les contrôles et les sanctions sont trop faibles, selon l’EAC. Les premiers sont en effet très rares lorsqu’il s’agit d’informations facultatives, et encore plus pour la vente en ligne de produits alimentaires, notamment s’ils sont fabriqués
via des sites Internet hébergés dans des pays tiers. Les amendes, elles « ne sont pas toujours dissuasives, efficaces ou proportionnées », déplore le rapport.

L’UE consacre trop peu d’argent à l’éducation des consommateurs, soit 5,5 millions d’euros entre 2021 et 2025, selon l’EAC.

« Les campagnes d’information des consommateurs menées par les États membres sont sporadiques. Cela explique sans doute pourquoi les consommateurs ne comprennent pas bien la signification des dates de consommation (« date de péremption » et « à consommer de préférence avant »), alors qu’elles sont obligatoires », dénonce le tribunal.

Le Nutri-Score européen continue de diviser

L’EAC encourage donc la Commission à «résoudre les problèmes liés à l’étiquetage de l’origine et aux boissons alcoolisées. Cependant, le système d’étiquetage nutritionnel sur le devant des emballages, le « Nutri-Score européen », qui devait initialement faire l’objet d’une proposition de révision pour fin 2022, continue de diviser. L’Italie y est farouchement opposée, car « il ne prend pas en compte l’alimentation quotidienne dans son ensemble »rapporte le média Contexte.

Le commissaire désigné à la santé et au bien-être animal, Oliver Várhelyi, a une position très vague sur ce sujet. Dans des réponses écrites envoyées le 8 novembre aux députés européens, il « n’a pas mentionné une nouvelle proposition législative, préférant expliquer qu’elle « identifiera les domaines dans lesquels un soutien financier supplémentaire aux États membres pourrait s’avérer nécessaire » », Rapports contextuels. Deux jours plus tôt, lors de son audition devant le Parlement européen, il avait estimé que « les règles actuelles en matière d’étiquetage des denrées alimentaires « fournissent déjà des conseils efficaces aux consommateurs » », selon les mêmes médias.

« LLa Commission a pleinement accepté toutes nos recommandations », assure toutefois Keit Pentus-Rosimannus, se disant prêt à réexpliquer les conclusions du rapport aux nouveaux commissaires qui, en cas d’approbation par le Parlement Européenne ce mercredi, sera formellement investie dimanche.