Ces jeunes catholiques de droite en quête de nouvelles ressources
Hors du pouvoir depuis douze ans, enchaînant crise sur crise, sombrant sous les 5% des voix en 2022… Si dans les années 2000, la droite dite modérée « républicain » Si la majorité des votants était acquise aux Républicains, les jeunes catholiques d’aujourd’hui attachés à cette famille politique n’ont assisté qu’à sa débâcle. Pourtant, 20% des fidèles pratiquants ont quand même donné leur voix à un candidat Les Républicains aux législatives de juin, soit deux fois plus que dans l’ensemble de la population, selon un baromètre Ipsos de juin.
Georges Bernanos et Alain Finkielkraut
Alors, comment se constitue aujourd’hui cette jeune génération de catholiques de centre-droit, après avoir essuyé des échecs successifs sur le plan électoral, ainsi que sur celui des « valeurs », même si une partie de ses troupes a récemment basculé vers le macronisme ou l’extrême droite ? La Croix ont participé jusqu’au 29 août à l’université d’été Acteurs d’avenir, qui s’est déroulée à l’abbaye Notre-Dame de l’Ouÿe (Essonne). L’association, créée en 2010 par le père Pierre-Hervé Grosjean pour former de futurs responsables chrétiens, bien que ne se revendiquant d’aucune appartenance politique, attire et rassemble une nouvelle génération de catholiques équilibrés et de centre-droit.
Interrogée sur ses ressources intellectuelles pour affronter la crise, cette jeunesse, orpheline de dirigeants, affirme aujourd’hui nourrir sa réflexion essentiellement de figures politiques, philosophiques et littéraires du XXe siècle, comme Simone Weil, Georges Bernanos, Jean Raspail et Charles Péguy. Certains essayistes actuels inspirent également ces jeunes en quête de références intellectuelles. Pierre Manent, Eugénie Bastié, François-Xavier Bellamy, Alain Finkielkraut sont cités aux côtés d’anciens généraux comme François Lecointre et Pierre de Villiers.
« Je ne me retrouve nulle part politiquement »
Ces figures intellectuelles servent de repères à une génération souvent écœurée par la politique politicienne. Si la plupart des jeunes rencontrés se disent fermement attachés à leur pays, à son histoire chrétienne et à ses valeurs, beaucoup, comme Ambroise – un entrepreneur de 25 ans formé à l’École des Mines – se disent mal à l’aise face au basculement opéré par certains catholiques vers la droite nationaliste d’Éric Zemmour et de Marine Le Pen. Dans leur propre camp, le spectacle donné par les « ténors » de la droite, lors des derniers épisodes de discorde tonitruante chez Les Républicains, n’inspire pas grande confiance. « Je ne me retrouve nulle part politiquement »reconnaît Éloi, un Lyonnais de 25 ans, catholique pratiquant, « amoureux de la France et de son patrimoine »consultant dans un fonds d’investissement d’impact.
« La jeunesse catholique modérée de droite est un objet difficile à identifier aujourd’hui », confirme Bruno Dumons, directeur de recherche au CNRS spécialisé en histoire du catholicisme contemporain. « La révolution anthropologique – incarnée par la légalisation du mariage homosexuel – qui a secoué la chrétienté surtout depuis les années 2010, a eu un écho surtout parmi les jeunes catholiques de très droite et non les plus modérés, qui se sont retrouvés dépassés par l’urgence des enjeux. »
« Cela ne sert à rien de descendre dans la rue »
Loin de la vie politique électorale, beaucoup suivent aussi des formations intellectuelles et politiques comme Acteurs d’avenir ou Philanthropos, une formation humaine et théologique à l’année, dirigée à Fribourg (Suisse) par le philosophe Fabrice Hadjadj. Ils complètent leur formation par des conférences de François-Xavier Bellamy, du Collège des Bernardins, ou des groupes paroissiaux de jeunes professionnels comme Even. Ils s’appuient aussi sur les écrits des derniers papes, notamment Benoît XVI pour sa rigueur et François pour sa vision écologique.
En termes d’engagement, alors que leurs aînés étaient majoritairement descendus dans la rue lors de La Manif pour tous, les vingtenaires actuels ont changé leur approche pour défendre leurs convictions. « Il ne sert à rien de sortir dans la rue, note Arnaud, Bordelais de 26 ans. « On nous discrédite, on ne nous écoute pas. » Il puise cette certitude dans les batailles perdues autour du mariage homosexuel, puis de la « PMA pour toutes », dont il a été témoin à l’adolescence. Après des études de sciences politiques, le jeune avocat décide donc de se spécialiser dans les affaires familiales afin de« apportez votre petite pierre à l’édifice ». « Je ne crois plus aux combats à l’échelle nationale, je pense qu’on peut changer les choses mais à notre échelle, dans nos métiers et dans nos vies personnelles et familiales »souligne-t-il. Un repositionnement dans la sphère professionnelle et intime qui caractérise cette nouvelle génération.
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Acteurs du Futur, une association de jeunes décideurs chrétiens
La mission d’Acteurs d’avenir est d’aider les jeunes chrétiens, décideurs de demain, à discerner leur orientation et leur engagement.
L’association réunit chaque année fin août 200 jeunes de 21 à 27 ans. La formation s’appuie sur trois piliers : intellectuel, avec des conférences et des ateliers ; spirituel avec des temps de prière proposés ; relationnel, grâce aux échanges avec les intervenants et entre les participants.
Cette année, l’association a accueilli de nombreux intervenants tels que Geoffroy Roux de Bézieux, président d’honneur du Medef, la philosophe Chantal Delsol et l’ancien ministre de l’Agriculture Julien Denormandie.
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