C’est un article un peu provocateur du Figaro (source ici) en cette période de baisse du pouvoir d’achat intitulé « Je n’ai plus besoin de trop regarder ce que je dépense : ces Français qui ont un pouvoir d’achat de plus en plus élevé », qui mérite qu’on s’y attarde quelques instants.
« Qu’il s’agisse du panier de courses ou du plein d’essence, les enjeux liés au pouvoir d’achat ont été omniprésents lors des dernières législatives. Pourtant, tous les Français ne sont pas concernés par des fins de mois difficiles, selon la dernière étude publiée ce mardi par Cofidis. Selon l’échantillon interrogé par l’institut de sondage CSA pour l’organisme de crédit, nos concitoyens sont encore plus nombreux à estimer que leur pouvoir d’achat a augmenté par rapport à l’an dernier. Leur proportion grimpe désormais à 23 %, soit six points de plus qu’en 2023. Il s’agit du niveau le plus élevé jamais observé depuis 2012, date de création du baromètre. »
Jusqu’ici, tout est question de chiffres et de statistiques. Soyons d’accord.
Ensuite viennent les témoignages de ces gens « riches », ou plutôt de ces gens qui se sentent riches ! C’est ainsi qu’Alice et Victor vivent les choses…
« Cet optimisme est largement partagé par les jeunes de 25 à 34 ans, dont près de 40 % jugent leur pouvoir d’achat « élevé ». Une situation dans laquelle se reconnaît Alice, consultante junior dans un cabinet de conseil en stratégie. « J’ai la chance d’avoir eu un salaire confortable dès la fin de mes études », confie la jeune professionnelle de 25 ans. « Je travaille à Paris, mais j’habite en banlieue, ce qui me permet d’avoir un pouvoir d’achat plutôt confortable au quotidien. » Pour la jeune femme, la fin de ses années d’études, « forcément moins faciles financièrement », a coïncidé avec la baisse de l’inflation. Un coup de chance. « Avant, j’étais beaucoup plus prudente. Maintenant, j’avoue que je n’ai plus besoin de regarder de trop près ce que je dépense », confie celle qui n’hésite plus à faire ses courses dans les épiceries fines ou à dîner dans les restaurants bistrots.
Cette année, Alice a même entrepris un road trip en Asie, les « vacances les plus chères de sa vie ». « Avec mes parents, je n’aurais jamais pu rêver de vacances de ce type », ajoute-t-elle, pensive. La jeune consultante, qui gagne désormais plus que ses deux parents, fait partie de ces Français qui ont profité d’un budget en hausse pour les dernières vacances d’été. Elle n’est pas la seule : en moyenne, cette année, selon le baromètre Sofinco, les Français ont dépensé 1697 euros, un niveau de dépenses en hausse de 12 % par rapport à l’an dernier et inégalé depuis 2012.
Un signe que l’inflation baisse et laisse la place à des augmentations de salaire ? Pour Victor, cela semble être la « combinaison gagnante ». « Mon salaire a enfin été considérablement augmenté, la première fois depuis la vague inflationniste, et le prix de certains produits a baissé, ce qui nous convient bien », explique ce père de famille de 39 ans, ingénieur de profession, marié à une institutrice. Victor est passé d’un salaire mensuel net de 3 900 euros à 4 500 euros par mois. « Avec ma femme, on atteint désormais environ 6 500 euros par mois avec deux jeunes enfants, ce qui est confortable en zone rurale », assure l’employé alsacien. D’autant que la famille a conservé ses habitudes économiques héritées de l’inflation. « On achète moins de marques, plus de produits de distributeurs et on évite de gaspiller de la nourriture ». Mais le coup de pouce est surtout venu de la station-service. « Le carburant notamment est à son prix le plus bas depuis un an, et quand on habite à la campagne, ça change tout ! »
Evidemment, quand on peut vivre en province (ce qui est mon cas) et qu’on a un revenu net de 6 500 euros par mois avec un loyer de 700 euros pour une maison, il est évident qu’on se sent relativement à l’aise et peu concerné par l’augmentation du prix d’un paquet de nouilles qui passe de 50 centimes à un euro, soit une augmentation de 100% qui n’a aucun impact sur le budget familial de Victor.
Vous comprenez deux choses à partir de ces exemples.
L’inflation est relative (enfin, ses effets) sur les personnes et les ménages. Plus les ménages gagnent d’argent, moins ils sont sensibles à l’inflation. Logique et je ne vous apprends rien de nouveau. Je ne vous apprends rien non plus en vous disant que l’exemple de Victor montre le poids du loyer ou du logement pour les propriétaires à crédit dans le budget et comment cela conditionne le reste à vivre. Là où Victor peut avoir une maison pour 800 euros en province, il lui en coûterait 3 000 euros pour la même chose dans un joli quartier parisien. Il se sentirait vite moins riche.
La conséquence ici aussi est simple.
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Charles SANNAT
« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin.
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