Sophia Chirikou, députée LFI de Paris, a été mise en examen pour « escroquerie aggravée » dans l’affaire des comptes de campagne de Jean-Luc Mélenchon pour la présidentielle de 2017. Sa société est soupçonnée d’avoir surfacturé de nombreuses prestations.
L’élue insoumise est dans le viseur de la justice. La députée de Paris, Sophia Chikirou, a été mise en examen pour « escroquerie aggravée », « abus de biens sociaux » et « recel d’abus de confiance » dans l’affaire des comptes de la campagne de Jean-Luc Mélenchon pour l’élection présidentielle de 2017. L’élue parisienne a été convoquée par les juges d’instruction ce mardi 24 septembre 2024 pour être entendue sur l’affaire impliquant Médiascop, sa société de conseil en communication. Après deux heures d’audience, Sophia Chikirou a été mise en examen selon les informations du Monde et de laAFP car elle est soupçonnée d’avoir surfacturé certaines prestations durant la campagne présidentielle. L’élue de 45 ans nie les faits qui lui sont reprochés.
Lors de l’élection présidentielle de 2017, la société de Sophia Chikirou était le deuxième prestataire de la campagne de Jean-Luc Mélenchon, avec 1,16 million d’euros facturés, soit 11 % des frais de campagne du chef rebelle. Les prestations vendues, allant de l’événementiel à la stratégie médiatique, auraient été proposées avec des marges plus élevées que celles des autres professionnels, rapporte le quotidien. Le mondepuis remboursé par l’Etat au titre des frais de campagne. Sophia Chikirou aurait reçu une partie de cet argent selon Médiapart qui indique dans une enquête que la députée parisienne a pu « se verser personnellement plus de 135 000 euros de salaire et de dividendes avant impôts », grâce à la campagne de 2017.
Les prestations de Médiascop pendant la campagne de Jean-Luc Mélenchon et leurs tarifs apparaissent dans les factures adressées par la société au parti La France Insoumise et celles-ci indiquent que le travail de Sophia Chikirou en tant que directrice de la communication a été rémunéré à raison de 10 000 euros par mois pendant huit mois de campagne, soit 80 000 euros selon les chiffres de l’agence. Franceinfo. Mais les factures énumèrent également d’autres tâches assignées au député parisien :
Avec toutes ses tâches supplémentaires, la députée a finalement gagné un salaire mensuel de 15 000 € pendant huit mois, soit 120 000 €.
En plus des tarifs des prestations fournies par Sophia Chikirou, les factures consultées par Franceinfo révèlent que l’élu n’a pas choisi les forfaits les plus économiques et avantageux pour la campagne de Jean-Luc Mélenchon. C’est le cas du « community management » qui aurait pu fonctionner avec la mobilisation de deux personnes sur un forfait quotidien, mais qui a été réalisé par trois personnes et « éclaté en une dizaine de tâches différentes », multipliant ainsi les coûts.
D’autres missions facturées « à la tâche » donnent lieu à des prix assez conséquents : 100 000 € pour l’ensemble des vidéos produites pendant la campagne ou 250 € pour l’importation de chaque contenu sur les plateformes en ligne. Soit 4 750 € pour l’importation de 19 vidéos de discours. Autre exemple : la facturation du sous-titrage des vidéos à un tarif de 200 € par minute de vidéo sous-titrée, contre 15 € par minute selon les tarifs généralement appliqués.
Si Sophia Chikirou a été mise en examen mardi 24 septembre 2024, c’est en 2018 que l’affaire avait débuté avec le signalement de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), suivi de celui de la cellule de renseignement financier Tracfin, au parquet de Paris. À l’époque, la CNCCFP s’interrogeait sur les dépenses de l’équipe de campagne de Jean-Luc Mélenchon auprès de Médiascop et de l’association l’Ere du peuple.
Sophia Chikirou a toujours nié toute surfacturation : « Il n’y a pas eu de surfacturation, Mediascop n’a pas surfacturé, il n’y a pas eu d’enrichissement personnel, il n’y a pas eu de détournement de fonds publics » a assuré l’élue après une audition en 2018. Aujourd’hui encore, une source proche de l’élue assure queAFP que « la liberté des prix est le principe du capitalisme ».
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