ces électeurs de l’Yonne expliquent pourquoi ils voteront le 30 juin
A deux semaines du premier tour des élections législatives et au cœur du tumulte politique, franceinfo a décidé de prendre le temps d’écouter certains Français pour comprendre leur vote. Ici, faites une pause dans le département de l’Yonne.
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Sur un banc, au milieu d’un quartier dit « prioritaire de la politique de la ville » dans l’Yonne, Aya raconte son histoire. Née à Melun, en Seine-et-Marne, d’un père congolais et d’une mère camerounaise, la jeune femme de 34 ans, qui a grandi en Seine-Saint-Denis et qui se définit comme « Français et Africain« , confie à franceinfo, après avoir terminé son travail, qu’elle a commencé à 5 heures du matin. Elle travaille en « trois équipes » pour une entreprise de conditionnement.
Assise tout sourire sur ce banc, elle regarde autour d’elle : une mosquée, un parc de jeux pour enfants, entouré de quelques pâtés de maisons. « Pour quelqu’un qui vient d’une ville comme 93, ça fait du bien… Mais, avec le temps, on se sent vraiment seul », livre de la mère qui a quitté la banlieue parisienne pour venir vivre dans l’Yonne. Aya l’admet : elle « un peu ennuyé » ici, dans l’Yonne. Elle voit surtout la dérive de son fils de 15 ans, scotché à son téléphone portable, « car dehors, il n’y a pas grand chose à faire. »
TikTok a pris, selon elle, le pouvoir auprès des plus jeunes, « dans un monde d’aujourd’hui qui n’est pas réel pour moi. LLes enfants ne s’intéressent plus aux choses importantes, aux choses réelles. » C’est son principal sujet de préoccupation : « L’avenir de mes enfants ».
Côté politique, Aya l’assure : elle a choisi Emmanuel Macron en 2017. Mais depuis, elle ne vote plus. « Macron fait n’importe quoi, il a déstabilisé tout un payscritique-t-elle. J’ai voté pour lui une fois, je ne le ferai pas deux fois. Tout ce qu’il faisait me dégoûtait.
Aujourd’hui, « hautement possible » qu’elle vote pour le Rassemblement national (RN), car pour elle, les politiques doivent désormais s’intéresser « aux Français, à ceux qui sont déjà sur le territoire. Avant de vouloir aider les autres, ils devraient d’abord faire le nécessaire sur leur propre territoire. » Finalement, à deux semaines du premier tour des élections législatives, elle ne sait pas si elle va voter. Dans sa ville, 55 % des électeurs ne se sont pas rendus aux urnes lors des élections européennes.
A quelques rues de là, un natif de l’Yonne s’exprime également auprès de franceinfo. Salah a 24 ans, travaille dans une maison d’enfance sociale et voit sa ville s’agrandir « un écart » : « D’un côté, nous avons le quartier » où il a grandi, « et d’un autre côté, nous avons le centre-ville », observe-t-il. Avant de déplorer que « Les mentalités ne sont pas les mêmes. »
« On va parfois en ville, pour faire des courses ou des démarches administratives, mais la plupart du temps, on est vraiment concentrés, dans le quartier, entre nous. »
Salah a voté pour la France Insoumise (LFI) aux élections européennes. Pour ces élections législatives, il votera pour le Nouveau Front populaire, qui indique notamment dans son programme vouloir reconnaître l’État de Palestine. « C’est ce qui me préoccupe en ce moment.soupire Salah. La première chose qui me vient à l’esprit est le génocide en cours à Gaza. Je ne saurais pas quoi vous dire d’autre, à part que ces pauvres gens vivent sous les bombardements et qu’on voit certains représentants de ce pays fermer les yeux. Cela m’attriste et c’est pour ça que j’ai voté LFI »conclut-il.
Dans sa commune, LFI arrive en deuxième position avec 15% des suffrages, loin derrière le Rassemblement national qui a obtenu 33% des suffrages exprimés.