Neverkusen n’est plus, place au Bayer Leverkusen. Éternel outsider du football allemand jusque-là, le Bayer Leverkusen enchaîne les podiums dont cinq échecs à la deuxième place entre 1997 et 2011. Maudit et moqué pour son statut de magnifique perdant, le club allemand a finalement mis fin à la malédiction cette saison en gagner grâce au bon travail effectué depuis l’arrivée de Xabi Alonso sur son banc. Reléguer le Bayern Munich à 16 points à cinq journées de la fin après 11 ans de domination bavaroise, l’exploit est bel et bien pour le Werkself qui peut même terminer l’exercice invaincu. Sacré après cette victoire 5-0 face au Werder Brême, le Bayer Leverkusen n’est pas la première surprise de la Bundesliga ce siècle. Alors que le Bayern Munich n’a lâché que 7 titres sur cette période, dont 3 glanés par le Borussia Dortmund, on peut penser au surprenant sacre du Werder Brême en 2003/2004. Jamais classée au-dessus de la sixième place depuis 1995, l’équipe composée de Johan Micoud, Ivan Klasnic, Ailton et Valérien Ismaël parvient à s’imposer face au Bayern Munich et s’impose ensuite pour quelques saisons dans l’élite du football allemand. Il s’agit du quatrième titre du Werder dans son histoire.
Trois ans plus tard, le Bayern Munich est en difficulté et ne termine que quatrième de l’année. Un club en profite à la surprise générale, c’est le VfB Stuttgart qui a remporté son cinquième sacre (le premier depuis 1992) lors de cette saison 2006/2007. Depuis leur précédent sacre, les Souabes alternent entre le milieu de tableau et les places européennes sans vraiment jouer le titre. Enfin, on peut aussi évoquer la sensation incarnée par VfL Wolfsbourg. Promu en Bundesliga pour la première fois de son histoire en 1997, les Wolves ne jouaient jusqu’alors que pour le maintien ou les places européennes avec leur meilleur résultat étant une cinquième place en 2008. Guidés par leur duo magique Grafite (28 buts) et Edin Dzeko (26 buts), Wolfsburg battra le Bayern Munich par deux points pour remporter le premier et unique titre de son histoire. Si l’on remonte juste avant le 21ème siècle, on peut aussi citer Kaiserslautern qui malgré son statut de promu fut sacré champion lors de la saison 1997-1998 avec Michael Ballack et Andreas Brehme dans ses rangs.
L’exploit de Leicester, Montpellier et Lille pour la France
En Angleterre, Chelsea, Manchester United, Manchester City et Arsenal monopolisent les titres depuis que le championnat s’appelle Premier League (1992). Certes sacré en 2020 après 30 ans d’attente, Liverpool n’est d’ailleurs clairement pas une surprise puisque les Reds avaient remporté la Ligue des Champions l’année précédente tout en obtenant 97 points en championnat, un record pour un vice-champion. Si l’on excepte la surprenante formation de Blackburn Rovers 1994-1995 du grand Alan Shearer qui remonte à près de trente ans, un souvenir plus récent demeure : La ville de Leicester 2015/2016. Une équipe surprenante guidée par Claudio Ranieri où N’Golo Kanté, Jamie Vardy et Riyad Mahrez vont exploser devant le monde. Quant au reste de l’équipe, quelques bons joueurs comme Kasper Schmeichel, Christian Fuchs, Danny Drinkwater ou Marc Albrighton et des joueurs d’une saison comme Wes Morgan, Robert Huth et Danny Simpson. Jouant le maintien de la saison précédente (14e), Leicester était toujours dernier à sept journées de la fin. Un an plus tard, ils accèdent à la Premier League en mettant Arsenal, leur finaliste, à dix points de retard.
En France, nous avons aussi vécu des moments marquants. Le huitième couronnement de Nantes 2001 intervient après trois saisons compliquées (mais deux Coupes de France remportées) pour des Canaris plutôt outsiders. Lille Egalement surpris en étant champion en 2011 après 47 ans d’attente, mais était déjà un club outsider régulièrement placé en Ligue 1. Bien qu’ils figuraient parmi les prétendants au titre, les Nordistes apparaissaient à l’époque moins expérimentés que l’Olympique de Marseille et l’Olympique Lyonnais. . En 2021, les Dogues ont encore surpris en arrachant le titre au Paris Saint-Germain alors qu’on les attendait davantage dans la course au podium. Quelques petites surprises, mais la principale reste celle de 2012 avec Montpellier qui a remporté la Ligue 1 pour la première fois de son histoire. Promu deux ans plus tôt, les Héraultais d’Olivier Giroud, Rémy Cabella et Younés Belhanda ont réussi à battre tout le monde y compris le Paris Saint-Germain – qui a lancé l’ère QSI – alors que le club restait à la quatorzième place à trois points de la zone rouge l’année précédente.
Moins de surprises en Italie et en Espagne
En Serie A, il n’y a pas eu de surprises à proprement parler au XXIe siècle et il faut remonter à 1991 et au sacre de Sampdoria voir une équipe remporter le premier sacre de son histoire. Néanmoins, on peut noter quelques belles histoires avec le deuxième titre de Latium en 2000 après 26 ans d’attente et avec l’arrivée de nouveaux talents comme Alessandro Nesta, Dejan Stanković et Juan Sebastian Veron. L’année suivante, c’était AS Rome guidé par Francesco Totti qui gagnerait après 18 ans d’attente et pour la troisième fois de son histoire. L’année dernière, Naples a également remporté son troisième sacre, porté par Victor Osimhen et un Khvicha Kvaratskhelia méconnu du grand public en ce début de saison. Comme les deux clubs romains, les Partenopei ont quitté pour une saison leur statut d’outsider pour mettre fin à 33 ans d’attente.
Quant à la Liga, là aussi la surprise est relative dans certains cas à l’image de Atlético de Madrid 2013/2014 qui allait amener l’équipe de Diego Simeone à un nouveau niveau et lui faire oublier 18 ans d’attente. Depuis, les Colchoneros ont remporté le titre en 2020/2021, mais celui-ci était plus attendu. Valence a également joué les premiers rôles au début des années 2000, s’imposant en 2002 et 2004. Le premier titre est arrivé après 31 ans d’absence et le second a confirmé la belle période d’une génération dorée de Murciélagos. La plus grande surprise récente de la Liga est sans aucun doute le Deportivo La Corogne 1999-2000. Une équipe brillante avec Roy Makaay, Pedro Miguel Pauleta, Noureddine Naybet, Mauro Silva et Lionel Scaloni, l’actuel sélectionneur de l’Argentine qui aura marqué son époque. Devenu outsider dans les années 1990, le club galicien a joué les premiers rôles jusqu’à cette demi-finale de la Ligue des Champions 2004 avant de décliner. Aujourd’hui, le Super Depor n’existe plus et l’équipe de La Corogne peine à remonter en deuxième division espagnole.
Et à quoi cela ressemble-t-il ailleurs ?
Si l’on regarde au-delà des cinq plus grands championnats européens, on peut compter sur d’autres surprises ces dernières années. En Belgique on peut noter le titre de Gandle seul dans l’histoire des Buffalos en 2014/2015 ou dans une autre mesure celui depuis Anvers l’année dernière, après 66 ans de famine. Aux Pays-Bas depuis plus de 40 ans, le trio Ajax Amsterdam, PSV Eindhoven et Feyenoord a monopolisé tous les titres à l’exception de deux, à savoir la saison 2008/2009 où AZ Alkmaar entraîné par Louis van Gaal était champion. La saison suivante, le FC Twente de Bryan Ruiz et du jeune Luuk de Jong a été champion pour la première et unique fois de son histoire. Quant à la Russie, le Rubin Kazan est devenu un grand club du championnat seulement six ans après ses débuts dans l’élite et avec son sacre acquis en 2008. Le club du Tatarstan confirmera en s’imposant en 2009 également avant de lentement décliner.
En Turquie, les clubs stambouliotes (Galatasaray, Besiktas et Fenerbahçe) font la loi et parfois Trabzonspor se glisse dans la bagarre. Néanmoins, deux clubs ont su mettre à mal la politesse des leaders du championnat. Récemment, Istanbul Basakşehir a ainsi pu s’imposer lors de la saison 2019/2020 en confirmant une montée en puissance sur plusieurs années. Plus surprenant en 2009/2010, c’est Bursaspor qui était champion sans aucun joueur qui l’ait vraiment confirmé par la suite. La chute des Crocodiles a été terrible puisqu’ils sont actuellement 18èmes sur 19 dans leur groupe de troisième division turque. En Grèce, le PAOK Salonique, récompensé en 2018/2019 sous la houlette d’Abel Teixeira, attendait depuis plus de trente ans un titre face à la domination des clubs de la capitale et de sa banlieue (AEK Athènes, Olympiakos et Panathinaikos). Enfin en Tchéquie, Banik Ostrava a été champion en 2003/2004 pour la première fois de son histoire. Le Bayer Leverkusen fait désormais partie de cette longue liste de champions inattendus…
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