Un « gros crack » : c’est ainsi que Louis Burton a résumé l’incident ce dimanche matin à son équipe technique. Un bruit qu’on n’aime pas entendre sur un bateau de course. Le Malouin constate rapidement qu’il y a des fissures sur le pont du bateau, à proximité de la barre de flèche du gennaker.
Cette fissure est apparue au niveau de l’écarteur, « une sorte de petit poteau à l’arrière qui permet de faire comme si on avait un bateau plus large pour les points de tension des voiles avant », explique Michel Desjoyeaux.
Dans le court communiqué envoyé par son équipe, on peut lire que ces fissures pourraient « risquer d’affecter l’intégrité structurelle du bateau ». Inquiétant. Pour l’heure, Louis Burton reste en fuite : il inspecte les lieux et évalue l’étendue des dégâts.
Escoffier en 2020, Ruyant en 2016
Evidemment, cette « grosse fissure » rappelle le naufrage de Kevin Escoffier il y a quatre ans : il avait vu son Imoca PRB se briser en deux au sud-ouest du Cap de Bonne-Espérance : « Je coule. Ce n’est pas une blague ! », tel était le message adressé par Escoffier à son équipe.
Son monocoque de 60 pieds venait de se briser en deux après avoir surfé et s’être écrasé au fond de la vague. On se souvient des opérations de sauvetage avec des concurrents détournés pour lui venir en aide avant ce happy end et cette récupération, dans la nuit, par Jean Le Cam. « Quand j’ai entendu ce gros craquement, je n’aurais jamais imaginé que mon bateau se soit brisé en deux », a déclaré Escoffier après avoir passé des heures angoissantes dans son radeau de sauvetage. Quelques années plus tôt, ce même bateau, alors aux mains de Vincent Riou, avait dû abandonner la Route du Rhum 2014 : la cloison d’écoute de grand-voile était arrachée sur toute sa longueur au niveau de la coque. .
Deux tonnes de compression
Certes, le cas de Louis Burton n’est pas du tout similaire mais les fissures constatées samedi soir inquiètent tout le monde sur le terrain. Les IMOCA sont des machines bruyantes où les solitaires sont constamment à l’écoute des bruits suspects. Lorsqu’il craque fortement, cela signifie que la structure en carbone a souffert.
Un bateau qui craque rappelle aussi la mésaventure de Thomas Ruyant lors du Vendée Globe en décembre 2016. Suite à une collision avec un OVNI, le Dunkerquois a vu son Imoca s’ouvrir comme une boîte de sardines à 260 milles de la Nouvelle-Zélande. Ruyant avait enfin réussi à rejoindre le petit port de Bluff.
Dans le cas de Burton, il ne s’agit pas d’un choc mais plutôt d’une faiblesse de la structure dans cette partie arrière du bateau. « A ce stade, il y a deux tonnes, voire 2,5 tonnes de compression », ajoute le double vainqueur du Vendée Globe.
La question est désormais de savoir si Burton a les moyens de réparer seul en mer. Surtout, s’il juge raisonnable de poursuivre un tour du monde avec un bateau fissuré.