La mort de Philippine fait l’objet d’une instrumentalisation politique depuis que le profil du suspect a été éclairci. La droite a même réclamé l’ouverture d’une mission flash pour mettre en lumière les « dysfonctionnements judiciaires » qui ont permis au drame d’avoir lieu.
Le meurtre de Philippine est une affaire qui dépasse le simple fait divers. La découverte de l’étudiante de 19 ans enterrée dans le bois de Boulogne, samedi 21 septembre, a suscité une vive émotion en France, au point de devenir un enjeu politique après l’arrestation du suspect quatre jours plus tard. L’individu est un homme de 22 ans, originaire du Maroc, déjà condamné à de la prison ferme pour viol, et soumis à une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Une fois le profil et les antécédents du suspect éclaircis, mardi 24 septembre, une partie de la classe politique s’est emparée de l’affaire, notamment la droite.
« Ce crime est abominable et nous ne pouvons qu’être révoltés par cette vie volée. (…) Face à un tel drame, précédé par bien d’autres, nous ne pouvons nous contenter de déplorer ou de nous indigner », écrit le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau dans un communiqué publié sur X. Un message dans lequel il appelle à « développer notre arsenal juridique, pour protéger les Français. (…) S’il faut changer les règles, changeons-les ». Le ton est donné.
Mais ce n’est pas seulement le gouvernement qui réagit au meurtre de Philippine, à l’Assemblée nationale certains réclament aussi le déclenchement de procédures spéciales. Laurent Wauquiez, président du groupe des députés de la droite républicaine, a ainsi demandé l’ouverture d’une mission flash « pour faire toute la lumière sur les dysfonctionnements (…) qui ont conduit à cette atroce tragédie » dans une lettre adressée au président de la commission des lois de l’Assemblée nationale, Florent Boudié. Le meurtre de Philippine est « une énième tragédie (qui) illustre une fois de plus les dysfonctionnements profonds de notre système judiciaire et administratif et pose de graves questions de conséquences » écrit le député de la Haute-Loire dans la lettre consultée par BFM TV.
Par « dysfonctionnements », Laurent Wauquiez entend l’OQTF qui visait le suspect et sa non-application. L’homme interpellé, arrivé légalement en France à l’âge de 17 ans, a été condamné en 2021 à une peine de sept ans de prison pour viol, mais sa peine n’a pas été assortie d’une OQTF puisqu’il était mineur à l’époque. Or, une OQTF a été délivrée début juillet 2024, une dizaine de jours après sa sortie de prison, et le suspect a été placé en centre de rétention administrative (CRA) en attendant la réception d’un « laissez-passer consulaire » indispensable pour le renvoyer au Maroc. C’est alors que des « erreurs administratives » rapportées par Le Parisien et la non-coopération des autorités marocaines retardent la délivrance du laissez-passer au-delà du délai de détention dans un CRA. Une prolongation exceptionnelle a été demandée, mais rejetée par un juge des libertés et de la détention. Le suspect, libéré début septembre, a été arrêté quelques semaines plus tard pour le meurtre de Philippine, dans le cadre de l’enquête pour homicide volontaire et viol.
Si une mission flash est ouverte par l’une des commissions de l’Assemblée nationale, des auditions sur les « dysfonctionnements » évoqués par Laurent Wauquiez auront lieu et un rapport écrit sur les conclusions sera remis. Toutes les commissions sont en mesure de lancer des missions flash, l’équivalent de missions d’information qui se déroulent généralement sur six mois ou plus dans un laps de temps beaucoup plus court. Une mission flash peut également être initiée par la Conférence des présidents, qui se réunit chaque semaine. Ces procédures récurrentes sont souvent initiées pour répondre à des événements majeurs de l’actualité.
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