Certains travailleurs ont droit à un système leur permettant de prendre leur retraite plus tôt, mais ne sont pas toujours bien informés sur ce système.
Dans le paysage complexe du système de retraite français, il existe plusieurs manières de valider des trimestres sans travailler plus longtemps. Les trimestres équivalents, dits « gratuits », obtenus pour diverses raisons comme la naissance d’un enfant, la prise en compte d’une période de chômage ou d’arrêt maladie en font partie. Mais certaines professions donnent aussi droit à un départ anticipé.
Pour compenser la pénibilité de certains métiers, un Compte Professionnel de Prévention (C2P) permet de cumuler des points échangeables contre des trimestres de retraite. Les métiers concernés ne sont pas toujours ceux auxquels on pense car les facteurs de risque donnant droit aux points C2P sont très variés.
Le C2P prend en compte six critères principaux : le travail de nuit, le travail répétitif, le travail en équipes alternées successives, le travail en milieu hyperbare, l’exposition à des températures extrêmes et le bruit. Chacun de ces facteurs, lorsqu’il dépasse un certain seuil d’intensité et de durée, permet au travailleur d’accumuler des points.
Parmi les professions donnant droit à des points C2P, on retrouve les chauffeurs routiers et les chauffeurs de taxi s’ils travaillent de nuit. Les agents de sécurité, les aides-soignants et les infirmiers salariés ont souvent droit à des points C2P pour deux raisons : le travail de nuit et le travail en équipes alternées successives. Certains ouvriers de production peuvent être affectés en raison d’actions répétitives ou de bruit. Les moniteurs de plongée et de ski sont également éligibles respectivement pour le travail en milieu hyperbare et le travail à températures extrêmes.
D’autres professions peuvent être concernées selon la manière de travailler. Difficile par ailleurs de ne pas évoquer les travailleurs du bâtiment car ils peuvent accumuler des risques : horaires alternés, travail de nuit, bruit lié aux machines, travail en milieu hyperbare pour les travaux souterrains par exemple. Dans tous les cas, le contrat de travail doit être au moins égal à un mois.
Un point est attribué par facteur de risque et par trimestre. Un agent de sécurité qui cumule deux facteurs de risque aura donc cumulé 40 points C2P au bout de 5 ans (2 facteurs de risque x 4 trimestres x 5 ans). Les points acquis sont transférés sur le compte du salarié une fois par an, suite à la déclaration de son employeur. Ils peuvent être utilisés pour une transition vers un travail à temps partiel, un départ en formation ou une reconversion professionnelle permettant d’accéder à des postes moins exposés aux risques professionnels et pour valider des trimestres de retraite. 10 points C2P vous donnent droit à un quart de retraite.
A noter que les 20 premiers points du C2P sont obligatoires pour la formation des personnes nées après le 1er janvier 1963. Dans notre exemple avec l’agent de sécurité né après 1962, ses 5 premières années de travail lui permettent d’avancer sa retraite de 6 mois car une fois les points réservés à la formation retirés, il lui reste 20 points lui permettant de valider 2 trimestres d’abandon. Pour prendre sa retraite 2 ans plus tôt grâce au C2P (le maximum autorisé avec ce système), il devra faire le même métier pendant encore 7 ans et demi.
Bien que bénéfique pour de nombreux travailleurs, ce système ne s’applique pas à tout le monde. Les salariés bénéficiant d’un régime particulier de retraite, comme ceux de la SNCF ou de la RATP, ou les personnes exerçant une activité indépendante ne sont pas concernés par le C2P.