Il y a deux semaines, une vaste opération de sabotage visant à faire exploser les téléavertisseurs et talkies-walkies de milliers de membres du Hezbollah au Liban a fait 39 morts et plus de 3 000 blessés. De nombreuses opérations de ce type ont marqué l’Histoire, notamment depuis la Seconde Guerre mondiale.
Une technique qui a évolué au fil des décennies pour répondre à des usages différents selon les époques. Particulièrement documenté et médiatisé depuis la Seconde Guerre mondiale, le sabotage a traversé les époques pour faire son grand retour ces dernières années.
Cinq périodes charnières de l’Histoire ont marqué l’évolution du sabotage et son utilisation à des fins militaires, politiques et économiques.
Le sabotage comme moyen de résistance française
Le recours au sabotage en France a connu une véritable expansion lors de la Seconde Guerre mondiale et plus particulièrement lors de l’occupation de la France par l’Allemagne nazie.
Selon les données du site gouvernemental Chemins de la Mémoire, les actes de sabotage mensuels sont passés de 60 en moyenne en 1942 à 136 au premier semestre 1943, puis à 514 au second semestre de la même année et enfin à 1 080 au début de l’année. année. année 1944, avant la libération.
L’un de ces actes les plus meurtriers eut lieu à Airan, près de Caen, dans la nuit du 15 au 16 avril 1942. Un commando composé de quatre membres des Francs-tireurs et partisans (FTP) fit dérailler un train de sortants. de la Wehrmacht, faisant 28 morts et des dizaines de blessés. Deux semaines plus tard, le sabotage de ce même rail a entraîné la mort de dix autres soldats allemands, selon le ministère des Armées.
L’explosion de la « Coubre » à Cuba
En pleine guerre froide, les États-Unis commettèrent également un acte de sabotage retentissant en attaquant le 4 mars 1960 le navire français La Coubre, amarré dans le port de La Havane (Cuba).
Le bateau venait de charger en Europe un important lot d’armements achetés à l’industrie nationale belge par le gouvernement révolutionnaire de Cuba, déjà préoccupé par les actions agressives croissantes des États-Unis.
Le déchargement du bateau a été saboté par des agents de la CIA américaine au point d’embarquement, via des engins explosifs placés aux quatre coins du bateau. Une première détonation suivie d’une seconde quelques minutes plus tard coûte la vie à 101 personnes, dont six marins français, tout en faisant une centaine de blessés.
Sabotage des gazoducs Nord Stream
Plus récemment, le sabotage des gazoducs Nord Stream en mer Baltique en septembre 2022 a été un acte retentissant sur le plan médiatique et économique, quelques mois après le début de la guerre en Ukraine. Hautement stratégiques, ceux-ci permettent à la Russie d’approvisionner l’Europe en gaz et de générer ainsi des milliards d’euros pour soutenir l’effort de guerre.
Même si les coupables n’ont jamais été identifiés à ce jour, les soupçons autour d’une participation ukrainienne à ce sabotage vont bon train. Selon le Wall Street Journal, à partir de témoignages d’officiers supérieurs ukrainiens, l’opération aurait été organisée en mai 2022 autour d’un verre entre officiers et hommes d’affaires. Ce dernier aurait avancé l’argent nécessaire à cette opération, soit 300 000 dollars (plus de 270 000 euros), supervisée par le général Valery Zalouzhni, à l’époque commandant en chef de l’armée ukrainienne.
Cette même source a indiqué qu’un voilier aurait été loué au port allemand de Rostock, avec à son bord six personnes, moitié militaires et moitié civiles mais toutes étaient des plongeurs expérimentés. Ce dernier aurait plongé à 80 mètres de profondeur avant de poser des explosifs HMX sur les gazoducs et de déclencher trois puissantes explosions dans la matinée du 26 septembre.
L’explosion des talkies-walkies et des téléavertisseurs au Liban
Plus récemment encore, les talkies-walkies et les téléavertisseurs de milliers de membres du Hezbollah ont explosé dans la banlieue de Beyrouth à la mi-septembre, faisant 39 morts et près de 3 000 blessés. Ces explosions, qui n’ont pas été revendiquées par Israël malgré de fortes suspicions autour du Mossad, ont fortement affaibli les forces du Hezbollah dans la région.
Selon le New York Times, ces outils de communication auraient été piégés « avant leur arrivée au Liban », lors d’une opération prévue depuis plusieurs mois. Une source proche du Hezbollah a confirmé à l’AFP que ces 1.000 appareils « récemment importés par l’organisation » semblaient avoir été « piratés à la source ».
« Quelques grammes de matière explosive ont été implantés à côté de la batterie dans chaque bipeur. Un interrupteur était également intégré et pouvait être déclenché à distance pour faire exploser les explosifs», résume le journal en s’appuyant sur des sources sécuritaires américaines.
Une fois piégés, les téléavertisseurs et talkies-walkies ont explosé après avoir reçu un signal spécifique, enregistré dans le logiciel des appareils par les attaquants. « À 15h30, heure du Liban, les téléavertisseurs ont reçu un message qui semblait provenir des dirigeants du Hezbollah », conclut le New York Times. Ce serait donc la réception de ce message qui ferait exploser les appareils, après qu’ils aient sonné quelques secondes.
Cyberattaques menées par la Russie
Ces dernières années, un nouveau type de sabotage a connu une expansion rapide, à savoir celui s’apparentant au cyberterrorisme visant à saboter une cible en s’appuyant sur la désinformation et les attaques contre les systèmes informatiques. La Russie a une longueur d’avance dans ce domaine, n’hésitant pas à attaquer l’élection présidentielle aux États-Unis en 2016 par une tentative d’ingérence visant à amener Donald Trump à la présidence ou plus récemment à dénigrer les JOP de 2024 organisées en France.
Les autorités françaises ont détecté 43 cyberattaques visant les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 entre avril 2023 et le 8 septembre, selon un rapport conjoint des ministères de l’Europe et des Affaires étrangères relayé mi-septembre.
« Ces opérations visaient à perturber les débats internationaux liés aux JOP et au déroulement des événements en visant le pays hôte et le comité d’organisation. Leurs objectifs étaient de dénigrer l’organisation des Jeux, de relayer une image tronquée de la ville de Paris et plus généralement de tenter de gâcher la fête populaire que constituait cet événement », détaille le rapport.