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Centre Pompidou Metz : une des cinq œuvres taguées est très endommagée, selon le musée

Centre Pompidou Metz : une des cinq œuvres taguées est très endommagée, selon le musée

L’opération coup sur coup a laissé des traces. L’une des cinq œuvres taguées lundi au Centre Pompidou Metz par deux femmes est considérablement endommagée, a indiqué mercredi à L’Est Républicain le service de communication du musée.

La photographie « Aktionhose : Genitalpanik », de l’artiste autrichienne Valie Export, n’était pas protégée par une plaque de verre, contrairement aux quatre autres œuvres ciblées, dont le tableau emblématique « L’Origine du monde » de Gustave Courbet.

Deux femmes, mises en examen depuis, notamment pour dégradation de biens culturels lors d’un meeting, sont entrées dans l’exposition « Lacan, L’Exposition. Quand l’art rencontre la psychanalyse » du centre culturel. Ils avaient tagué les mots « Me Too » sur plusieurs œuvres, dont la photographie de Valie Export, un geste revendiqué par la performeuse franco-luxembourgeoise Deborah de Robertis.

Une œuvre d’Annette Messager datant de 1991, une broderie rouge sur tissu intitulée « Je pense donc je suis nul », a également été « vandalisée et volée », selon le musée.

« L’autonomie de l’œuvre d’art est détruite »

Dans un communiqué, le centre a indiqué lundi que « tous les travaux sont actuellement à l’étude ». Il a précisé mercredi à l’Est Républicain que la photographie de Valie Export « Aktionhose : Genitalpanik » (« Action du pantalon : Panique génitale ») avait été fortement endommagée par les tags. La photo en noir et blanc, sur laquelle l’artiste féministe se représente avec un pistolet à la main, une veste en cuir et un pantalon révélant son sexe, a été réalisée en 1968, selon le compte Instagram de l’artiste. photographe. Mais il est encore trop tôt pour dire si elle est détruite de manière irréversible.

« Pour le savoir, il faut s’adresser à un spécialiste de la restauration d’œuvres d’art. Une chose est sûre, il n’était pas protégé et a donc été tagué », a indiqué au journal le service communication du Centre Pompidou Metz. Le procureur de la République de Metz Yves Badorc avait déjà estimé qu’une des œuvres concernées « aurait pu être endommagée dans son intégrité », sans préciser laquelle, « car elles n’étaient pas toutes protégées, mais ce n’est pas le cas ». L’origine du mondequi était protégé par du verre.

De son côté, Valie Export, de son vrai nom Waltraud Lehner, a critiqué l’attaque contre son travail dans un communiqué publié en ligne. « Chaque œuvre d’art a son langage propre, un langage que les artistes donnent à leurs œuvres d’art. C’est un langage autonome, un langage autonome dans lequel on ne peut intervenir sans le consentement de l’artiste », a-t-elle insisté. « Si ce langage autonome est violé par une intervention non autorisée de l’artiste, c’est une intervention non autorisée et l’autonomie de l’œuvre d’art est détruite. » Un message affiché à la place de la photographie du créateur, sur les murs de l’exposition.

L’artiste Deborah de Robertis, adepte des actions punchy parfois polémiques, s’est décrite sur son compte Instagram comme « l’organisatrice exclusive de cette performance ». Elle a indiqué sur le réseau social avoir adressé un courrier à Valie Export le jour même des tags, lui demandant de « soutenir » son initiative. Elle a assuré « ce n’est pas une offense, je considère votre travail comme très inspirant, mais il s’agit de vous demander un poste de femme artiste dans le mouvement Me Too ».

« J’aimerais que vous puissiez au moins envisager de laisser l’œuvre comme celle-ci, comme une collaboration entre nous deux », a-t-elle écrit, justifiant ce geste comme un signe de protestation contre le « comportement du conservateur » de l’exposition et « contre son abus de pouvoir ». pouvoir quand j’étais un jeune artiste ».

L’artiste de 40 ans, qui a également exposé une photographie dans l’exposition du musée, a également affirmé s’être « réapproprié » la broderie disparue d’Annette Messager, dont elle a partagé une photo. L’œuvre provient de la collection personnelle d’une critique d’art, également commissaire de l’exposition, qu’elle accuse de lui avoir demandé « de nombreuses fellations », « comme si c’était son dû », alors qu’elle avait 26 ans, comme a-t-elle expliqué à l’AFP.

Dans un communiqué publié mercredi, l’interprète a une nouvelle fois justifié son geste, « parce qu’elle (l’œuvre volée) symbolise tout ce qu’il m’a volé. « J’ai 35 ans d’écart d’âge » avec ce commissaire d’exposition et « j’ai été écrasée par son pouvoir », a-t-elle aussi écrit.

Elle revendique plus largement une « performance » destinée à « dénoncer les abus de pouvoir et les abus sexuels qui sévissent depuis des décennies dans le monde de l’art » et à « mettre fin à cette domination ». L’artiste avait également affirmé dans des publications précédentes que « les œuvres n’ont été ni vandalisées ni dégradées depuis la peinture s’efface en une seconde et sans dommage.

Dommages aux autres tables

Quant aux quatre autres œuvres taguées, tableaux protégés par une vitre, elles n’ont pas été épargnées. Certains d’entre eux ont également subi des dommages, notamment au niveau des cadres, comme c’est le cas de « L’Origine du monde », prêté par le musée d’Orsay à Paris, selon L’Est Républicain, qui précise que rien n’a encore été communiqué sur l’éventuelle gravité des dégâts. Ni sur le coût financier des réparations, le musée estimant que « le moment n’est pas encore venu » de s’exprimer sur ce sujet.

Le procureur de la République de Metz Yves Badorc a toutefois estimé auprès du quotidien régional que l’ouverture d’une information judiciaire pour « dégradations ou détériorations de biens culturels commises lors d’une réunion » notamment, permettrait « d’évaluer les dégâts ».

La directrice du Centre Pompidou Metz, Chiara Parisi, a condamné lundi « les actes de vandalisme » contre les œuvres dans un communiqué. « Avec tout le respect que nous avons pour les mouvements féministes, nous sommes choqués de voir les œuvres d’artistes, particulièrement féministes, au cœur des luttes de l’histoire de l’art, être vandalisées », a-t-elle déclaré.

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