Céline Boutier reste en lice pour une médaille aux JO de Paris 2024
Le rêve olympique de Céline Boutier a bien failli tourner au cauchemar sur ce 13e trou, où un double bogey avec une balle dans l’eau avait déjà précipité sa chute au classement la veille. Cette fois, la Française a commis un horrible triple, qui l’a éjectée du groupe de tête où elle venait de reprendre sa place. S’en est suivie une mauvaise passe dont elle est sortie grâce à un finish courageux, pour signer une carte sous le par (71) qui la place à -4 au général et toujours en course pour une médaille, au soir d’une jour du déménagement encore une fois très agité.
Sa journée avait commencé doucement, les séquelles de son deuxième tour manqué (76, +4) encore présentes dans un coin de son esprit et dans la mécanique fragile de son swing, malgré les ajustements techniques effectués la veille au practice avec son coach Cameron McCormick. Cette fois, le long jeu a mieux répondu, même si la numéro 7 mondiale a eu du mal à se positionner près des drapeaux. Mais lorsqu’elle s’est offerte des opportunités de birdie sur les trous 3, 6, 8 et 9, le putter est resté froid comme un bloc de glace. Positionnée dans une zone de 4,5 à 6 m sur ces trous, Boutier n’a pas su convertir ses opportunités et a limité la casse en passant l’aller dans le par.
Le 13 de l’Albatros porte décidément malheur au numéro 1 français
Il fallait réagir, ce qui est arrivé après un coup de départ mal placé au 10, directement dans l’étang à gauche. Après un drop sanctionné d’une pénalité, son attaque sur le green a finalement trouvé la cible, à 3m, pour sauver le par. Le genre de coup de pied aux fesses idéal pour enfin colorer sa carte en rouge, la couleur des coups sous le par. Ce qui est arrivé grâce à deux nouveaux coups de fer parfaits sur le par 3 du 11 (birdie presque accordé), puis sur le 12 où elle a glissé un putt de 3,5m pour passer à -5 total. Accueillie par les rugissements du public qui suivait sa partie depuis le tee n°1, Boutier a ensuite rejoint un groupe de 5 autres joueuses à 3 coups de la tête, toujours occupée par la Suissesse Morgane Metraux, qui avait été rejointe par la redoutable Néo-Zélandaise Lydia Ko (double médaillée olympique, argent à Rio, bronze à Tokyo).
Mais le 13 de l’Albatros a décidément porté malheur à la n°1 française. Son coup de départ a trouvé le rough à gauche, elle a été obligée de se recentrer, mais son attaque sur le green, sous l’effet de l’adrénaline, alors que la pression augmentait au fil des trous, est passée par-dessus le trou et s’est collée à la pente. Son chip conservé, conséquence évidente d’un stress maximal et d’une confiance fragile, lui est revenu aux pieds. Une nouvelle tentative suivie de deux putts ont porté à 3 le nombre de points perdus sur ce seul trou. Tout était à refaire et visiblement, le moral en avait pris un coup. Sur le par 5 du 14, trou pour birdie, Boutier a planté son deuxième coup dans le bunker et arraché un tout petit par, avant de catapulter son coup de départ du 15 directement dans le lac, à droite. Bogey.
Une énorme ovation et des espoirs pour la dernière journée
Visage fermé, mâchoire serrée, toute rage intérieure, la nouvelle Texane, plantait fièrement le mât au 16 pour un troisième birdie qui mettait fin à l’hémorragie. En deux sur le green du 17 à moins de 5m, une nouvelle opportunité s’offrait à elle de revenir dans le par day : sous les acclamations de la foule, elle ne s’en privait pas.
Il ne lui restait plus que le 18, sa vaste étendue d’eau à gauche et son green en île à négocier sans trembler : sur ce trou joué comme un par 5 cette semaine (alors qu’il s’agissait d’un par 4 chez les hommes), Boutier a opté pour la prudence du lay-up, à savoir attaquer le green en trois coups. Dans un moment de tension insoutenable, elle s’est essayée à deux reprises avant de planter un somptueux coup de wedge (à 66 m) à 3,5 m du trou. Son troisième birdie d’affilée a déclenché une immense ovation et lui a laissé tout espoir pour samedi.