Entretien – L’actrice joue un formidable directeur des ressources humaines dans Le système Victoria, De Sylvain Desclous, un thriller avec un lien sulfureux dans un contexte de corruption financière.
Défense, son univers impitoyable, ses prétextes, ses coups bas, ses pots-de-vin … se sont faufilés sous la plume d’Eric Reinhardt Le système VictoriaCet environnement délétère est transposé au cinéma par Sylvain Desclous (Vendeur, grands espoirs). Le HRD ambitieux d’une multinationale traverse le chemin de David, directeur des œuvres d’un énorme projet dans le district de La Défense, près de Paris. Sous la pression due à des délais intenables, il prend des conseils de cette maîtresse dont l’audace, l’intelligence et la liberté le fascinent. Elle a rapidement fait son amant, mais aussi le jouet de ses stratégies financières. Dans un état de grâce dans les tailleurs sophistiqués de ce manipulateur, Jeanne Balibar sublime ce thriller dans lequel la sensualité et la passion confrontent la violence d’une société où l’argent et le pouvoir sont le droit.
Madame Figaro. – Qu’est-ce qui vous a séduit dans la proposition de Sylvain Desclous?
Jeanne Balibar. – Cela m’a amusé d’incarner le mal absolu, de lui donner un visage humain. Victoria obéit aux lois du marché capitaliste en tant que soldat sans âme, elle n’hésite pas à jouer avec le sort des autres, elle renonce à la « liberté » de son absence totale de scrupules. Mais tout cela avec un art maîtrisé de la dissimulation: c’est d’autant plus dangereux car il montre un charme fou pour atteindre ses fins. Cette femme représente presque tout ce que je déteste et que je crains, tout ce qui triomphe malheureusement dans le monde d’aujourd’hui.
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Comment définissez-vous sa méthode, son système?
C’est l’effacement des victimes. Il est rare et jubilant de jouer ce que cette organisation du mal implique: séduction, manipulation, mensonge, humour, intelligence … Victoria joue un rôle dans sa vie, porte constamment un masque: il y a un abîme amusant avec la profession d’acteur. Et un paradoxe: c’est dans le déni des sentiments alors que notre mission consiste normalement à les exprimer. En raison de cette absence d’émotions et de scrupules, je suis parfois rentré chez moi avec l’impression de ne pas avoir fonctionné.
Voulez-vous sa liberté?
Je ne suis pas sûr que ce soit si libre que cela malgré les apparences. Dans le champ du film, j’imagine des leaders qui la font subir précisément ce qu’elle reproduit avec cet homme qu’elle séduit et qui se casse dans les difficultés. C’est un lien dans une chaîne où il y a toujours plus fort que vous.
Quel partenaire était Damien Bonnard, qui joue David?
Nous n’avions jamais travaillé ensemble, mais nous sommes très amis. C’est un homme et un acteur délicieux, subtils et attentifs. Par exemple, il était très facile de jouer avec lui les scènes d’intimité. Comme nous étions confiants, cela a laissé de la place pour la dramaturgie de ces scènes qui, lorsqu’elles sont bien écrites, disent beaucoup sur les personnages.
Victoria porte constamment un masque: il y a un abîme amusant avec la profession d’acteur
Jeanne Balibar
Et quel directeur d’acteur est Sylvain Desclous?
Très précis et c’est bien. Cela dit, dès que j’apprécie la personne et son univers, toutes les façons de travailler me conviennent. Sylvain a été directive, surtout pour supprimer tout ce qui peut être lyrique en moi et qui est les antipodes de Victoria, de son personnage impitoyable et cartésien. Cela m’intéressait d’aller explorer un territoire plus concret, assez loin de ma nature profonde.
Ce personnage sort-il de votre zone de confort?
Je ne pense pas que je l’ai. Je fais souvent des rôles très différents qui nécessitent un «mouvement». Sinon, je m’ennuierais.
De nombreuses actrices disent qu’après 50 ans, il est difficile de trouver des rôles aussi complexes.
J’en ai un peu marre de ce sujet, car même lorsque nous en parlons, rien ne change. C’est un vrai problème, et il ne suffit pas d’un très bon rôle pour le régler.
Pour le personnage de Victoria, j’étais intéressé à aller explorer un territoire plus concret, assez loin de ma nature profonde
Jeanne Balibar
Avez-vous un nouveau projet de réalisation?
Non, mais j’ai beaucoup tourné. Dans Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan, De Ken Scott, qui a sorti le 19 mars, je joue un travailleur social qui martyrise Leïla Bekhti, qui incarne une mère de combattant mais trop protectrice d’un garçon né avec un handicap. Puis le 2 avril, je serai Les gars, par Julien Menanteau, où je joue le directeur d’un étalon en faillite. Un personnage très drôle qui évoque ces femmes fortes interprétées par les grandes actrices de l’âge d’or hollywoodien après 50 ans, comme Deborah Kerr ou Joan Crawford que j’admire. J’ai également doublé Apothica, une sorte de raccourci gothique et très drôle, dans la série animée ASTERIX et OBELIX – Le combat des chefs, par Alain Chabat, sur Netflix le 30 avril. Enfin, je viens de retourner Quelqu’un devrait interdire dimanche après-midiUne série d’Isabel Coixet pour Arte. Je n’ai pas été au chômage.
Serez-vous bientôt trouvé au théâtre?
J’espère que j’ai besoin de la scène comme le cinéma. Par exemple, j’ai adoré jouer Historiens, Un spectacle que j’ai créé autour de trois figures féminines aux prises avec la société: Violette Nozière, qui a tué son père incestueux, l’actrice, cinéaste et féministe Delphine Seyrig et Páscoa, une esclave angolaise à la fin du XVIIIe sièclee siècle. Il y a quelques années, à New York, il y avait eu une rétrospective de mes films et on m’a donné Carte Blanche. J’ai eu l’idée de ce montage de textes écrits par trois grands historiens qui étaient mes camarades de classe quand j’étais étudiant. Je l’ai ensuite rejoué à Paris, au Festival D’Automne, qui l’a depuis intégré dans son répertoire. Peut-être que je le reprendrai dans ce contexte.
Delphine Seyrig était-elle l’un de vos modèles?
Absolument. Quand j’étais petit, j’avais le disque de Four saisons, De Vivaldi, où elle était une récitation. Sa voix m’a accompagné depuis mes 4 ans. En grandissant, j’ai découvert ses films et ce qu’elle incarne: une forme de poésie radicale et élégante qui me fascine.
Le système Victoria, De Sylvain Desclous, avec Jeanne Balibar, Damien Bonnard, Cédric Appitetto… dans les salles.
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