« Cela fait 18 mois que j’alerte mes supérieurs », raconte celui qui a révélé l’affaire
Après des révélations de violences policières à Marseille, huit agents municipaux ont été suspendus. Parmi eux, l’agent à l’origine des enregistrements de vidéosurveillance. Ce dernier déclare avoir alerté sa direction à de nombreuses reprises.
Suite à la diffusion d’images du Centre de Surveillance Urbaine (CSU) qui contrôle les caméras de surveillance de la voie publique, la mairie de Marseille a annoncé ce mardi 4 juin avoir porté plainte contre huit policiers municipaux et les avoir suspendus. Parmi eux, Fabien Florenti, l’agent derrière les enregistrements vidéo et audio.
En mai dernier, cet agent de la CSU accusait le centre de surveillance urbain de dissimuler les violences policières. BFM diffuse alors une vidéo datant de mai 2023, dans laquelle on voit des policiers municipaux tabasser un individu qui semble ivre. La caméra de vidéosurveillance change alors rapidement d’angle, comme si quelqu’un essayait d’arrêter de filmer la scène. Aujourd’hui, la mairie de Marseille reproche à Sébastien Florenti de ne pas avoir dénoncé les faits dans l’immédiat.
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Cet opérateur de la CSU déclare néanmoins avoir alerté sa hiérarchie cinq jours après avoir vu la scène qui s’est déroulée selon lui le 30 mai 2023. Il souhaite être reconnu comme lanceur d’alerte. « Ai-je fait quelque chose de grave en montrant qu’il y a des policiers qui frappent les citoyens ?déclare-t-il devant la caméra de France 3 Provence-Alpes. « J’ai dit mot pour mot qu’il y avait des violences policières, plus clair que ça, je ne sais pas comment vous le dire. »
« C’est quand même le monde à l’envers. Ce que je vois ici, je pense que c’est assez grave pour qu’on puisse en parler et j’en ai parlé, j’ai raconté cinq jours plus tard les faits à mon chef de service. Mais personne n’a rien fait. » , j’ai rédigé huit rapports, sur 18 mois, il n’y a personne pour me répondre.
Avocat de Sébastien Florenti, Me Gioia demande que son client soit protégé en tant que lanceur d’alerte. Pourtant aujourd’hui, Sébastien Florenti est sanctionné par sa hiérarchie.
Sébastien Florenti, 50 ans, originaire d’Iran, travaillait de nuit à la CSU depuis cinq ans. Il est désormais en état d’arrestation et se dit victime de harcèlement depuis qu’il a dénoncé ces agissements. « Je suis allé à la police nationale de mon quartier et j’ai porté plainte disant que je suis harcelé par plusieurs individus à la CSU, j’ai tout signalé.
Sébastien Florenti dénonce également les agissements de son département. « C’est le bordel. Les agents font ce qu’ils veulent. Ils font leur propre loi, leur propre règle. S’amuser, regarder des séries, aller fumer, discuter… Pendant ce temps, je reste parfois seul, je suis là, seul, surveillant 1600 caméras. Quand je constate des cas flagrants, des vols en direct, je suis banni de la radio, préviennent mes propres collègues, la brigade de nuit, j’en suis là.
De son côté, la direction de la police évoque, selon M. Gioia, le ressentiment de cet agent, qui a échoué à deux reprises à devenir policier municipal et serait amer.