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Ce restaurateur fait payer 8€ par assiette vide à ses clients, une idée qui pourrait être généralisée ? – Edition du soir Ouest-France

Huit euros pour une assiette vide. Un restaurant autrichien situé au bord du lac Wörthersee est au cœur d’une polémique pour son tarif de service inédit. Abusif pour certains, surcoût justifié pour d’autres, cette mesure de plus en plus répandue en Europe fait polémique. Est-elle susceptible d’apparaître en France ?

Imaginez. Vous dînez avec votre femme au bord du lac Wörthersee, en Autriche. Une entrée pleine risque de vous alourdir, vous décidez donc de la partager avec votre compagne et demandez au serveur de vous apporter une assiette. Jusque-là, rien d’inhabituel. Sauf qu’au moment de recevoir l’addition, surprise : on vous facture pas moins de huit euros pour cette assiette vide. Ce scénario plutôt inhabituel, c’est celui qu’ont vécu Christophe Haselmayer et sa famille.

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« Trouvez l’erreur sur le reçu »« C’est un peu la même chose », se moque le vacancier autrichien de 41 ans dans une publication Facebook. Sur la capture d’écran de la facture, il est possible de lire « Teller 2 Person » pour la modique somme de huit euros. Le mot « Teller » signifie « assiette », ce qui laisse penser que le montant facturé correspond à l’assiette supplémentaire demandée par le frère de Christophe Haselmayer. Et les internautes en arrivent rapidement à la même conclusion. Sous la publication, les commentaires perplexes se multiplient : « Qui peut se permettre de payer ça ? »demande un internaute. Un autre plaisante : « Si j’étais lui, j’aurais ramené l’assiette à la maison, il l’a achetée ! »

Des critiques « injustifiées »

Soucieux d’endiguer la polémique, le directeur du restaurant a rétorqué que ce coût supplémentaire était clairement indiqué sur le menu : « L’attention récente portée à ce prix sur les réseaux sociaux semble injustifiée, étant donné que notre menu indique clairement tous les coûts, y compris l’assiette vide. »il a dit au journal Le soleil .

Malgré les protestations, l’établissement assume pleinement son choix. Car ce qui n’est qu’une assiette vide pour un client représenterait, pour un restaurateur, une succession de dépenses opérationnelles. « Il faut bien que quelqu’un apporte l’assiette supplémentaire, la débarrasse, la lave et la range. (…) On ne peut pas s’attendre à ce que si on demande une assiette supplémentaire et peut-être un verre d’eau, cela ne coûte rien. Ce n’est pas comme ça que ça fonctionne financièrement. »conclut le restaurateur.

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Et le client qui ne commande pas occupe tout de même une chaise qui aurait pu être donnée à un vacancier un peu plus gourmand. Dans une destination touristique où les restaurateurs paient cher leur place, ces quelques couverts peuvent parfois faire la différence : « Gérer un restaurant nécessite de trouver un équilibre entre la génération de revenus et la fourniture d’un service de qualité. Cet équilibre garantit la viabilité de notre entreprise, en couvrant les dépenses d’exploitation, les salaires du personnel, les services publics, le loyer et les investissements. »a assuré le porte-parole du restaurant aux médias britanniques.

Frais pour plaques complètes

L’établissement autrichien n’est pas le seul à faire payer les assiettes vides. Des mesures similaires commencent à émerger dans toute l’Europe. L’année dernière, la blogueuse Selvaggia Lucarelli s’est plainte sur X d’avoir dû payer deux euros pour une assiette vide dans un restaurant italien. Son post, consulté 1,2 million de fois, a suscité une vague d’indignation similaire.

Du côté français, « Ce n’est pas un phénomène que nous remarquonsexplique Frank Delvau, président de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (UMIH) Paris Île de France, interrogé par l’édition du soir. Au contraire, la tendance en France est plutôt à sac pour chienen mettant à disposition un contenant gratuit pour limiter le gaspillage alimentaire”.

Plutôt que de faire payer les assiettes vides, certains établissements préfèrent pénaliser les plats non finis. C’est le cas par exemple des restaurants L’Atlantis et L’Aigle Royal à Quimper, qui facturent un supplément de cinq euros pour toute assiette non finie.

Une différence culturelle

Comment expliquer un tel contraste avec nos voisins européens ? Pour Frank Delvau, l’explication pourrait être culturelle : « En France, on ne fait pas payer la carafe ou le pain, donc on ne va pas faire payer l’assiette », il assure. Impopulaire et peu comprise, la mesure risque de faire plus de bien que de mal à la profession : « Dans le climat économique actuel, je ne pense pas que (ce type de pratique) passerait… », il croit.

Les restaurants situés dans des zones touristiques, comme Paris, ne sont toutefois pas exempts de pression économique. Aux heures de pointe, il n’est pas rare que le restaurateur refuse de servir une seule boisson sous prétexte que son restaurant est plein à craquer et qu’il serait plus rentable d’accueillir d’autres clients. Or, s’il le peut, le serveur doit accueillir tous ces clients, quelles que soient leurs commandes. Dans ce cas, il s’agit d’un refus de vente injustifié et l’établissement s’expose à une amende de 7 500 €. À ce prix-là, il est sûrement plus rentable de laisser le client siroter un simple café pendant longtemps, même en période d’affluence.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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