« Une lettre peut vraiment tout changer. Je m’appelle Cédric, pas Cendric», s’exclame, très agacé, Cédric Venzin. Après des semaines de menaces, cet habitant de Haute-Loire a décidé de porter plainte. « Les internautes me prennent pour l’un des accusés des viols commis contre Gisèle Pelicot, à Mazan, à plus de 3h30 de chez moi », explique-t-il à 20 minutes. Des photos et des vidéos de moi circulent sur Internet avec « violeur » écrit sur la tête alors que je n’ai rien à voir dans cette histoire ! »
Après la publication de la liste des accusés sur les réseaux sociaux, ce quadragénaire a reçu des messages haineux. «Ils m’ont pris pour Cendric, pensant que c’était une faute de frappe. Oui, nous avons le même nom de famille mais non, nous ne sommes pas la même personne. Depuis, j’ai été traité de « sales violeurs », « on espère que vous finirez en prison », du matin au soir », confie-t-il. Avec sa compagne, ils ont ensuite passé des journées entières à scruter TikTok pour contacter les comptes qui diffusaient ces fausses informations. « Certains se sont excusés et ont supprimé leurs messages, d’autres n’ont même pas répondu et nous ont bloqués », raconte-t-il.
« Diffamer quelqu’un n’est pas sans conséquences »
Au-delà des insultes, Cédric craint les répercussions plus graves de cette homonymie. « J’ai une famille, j’ai des enfants. On ne sait jamais ce qui se passe dans la tête des gens. Imaginons un fou qui veut se faire justice lui-même et qui vienne chez moi pour nous attaquer, dit ce père de famille de 42 ans. Et puis, je suis aussi pizzaïolo. Cette histoire touche également mon activité professionnelle. On le sait, aujourd’hui, les clients potentiels consultent beaucoup les avis sur Internet. Que penseront-ils en voyant mon nom associé à un violeur ? ! »
Face à cette situation, il a décidé d’écrire au procureur pour « se rassurer ». « Au cas où quelque chose m’arriverait, je préfère avoir tout essayé », dit-il. Je n’ai rien demandé et je me suis retrouvé impliqué. Ma vie entière en est affectée tandis que les responsables restent silencieux, cachés derrière leur pseudo TikTok. En plus, je suis une personne plutôt discrète, au plus profond de ma campagne et là, ça nous met à l’oeil à cause d’une lettre qui change. »
Cédric Venzin espère aussi que son cas servira de « leçon » aux internautes tentés. « Je porte aussi plainte pour que les gens prennent conscience de la gravité de ce qu’ils font. Diffamer quelqu’un n’est pas sans conséquences. On ne peut pas écrire n’importe quoi sur Internet, il faut savoir lire et s’informer avant de publier quelque chose. » Et ce genre d’erreur, « ça peut coûter cher », souligne-t-il. En cas de diffamation publique, les auteurs encourent une amende pouvant aller jusqu’à 12 000 euros.