ce qu’on ne voit pas encore mais qui pourrait coûter très cher !
Le dernier véritable scandale dans le secteur automobile remonte à 2015, lorsque Volkswagen a été pris en flagrant délit pour avoir équipé certaines de ses voitures d’un logiciel capable de détecter les phases d’essai lors de l’homologation et ainsi d’optimiser le fonctionnement du moteur juste pendant la durée de l’essai pour, à terme, réduire la consommation de carburant et les émissions polluantes. D’envergure mondiale et portant à terme sur plusieurs milliards de dollars (amendes et dommages et intérêts des personnes concernées), cette affaire ferait presque passer le dossier 1.2 PureTech de Stellantis pour un petit fait divers. Pourtant, ce 3 cylindres commence à faire couler beaucoup d’encre.
Trop tard pour agir ?
Car cela concerne aussi des centaines de milliers de Peugeot, Citroën, DS et Opel à travers l’Europe. Près de 500 000 clients si l’on en croit le cabinet d’avocats qui gère l’action collective menée en France par près de 5 000 personnes. Et il aura fallu des années de plaidoyer, dans différents pays, pour que le groupe réagisse enfin en mars 2024 et propose une couverture étendue à 10 ans ou 175 000 km pour les modèles ayant suivi le plan d’entretien. Avant cela, il ne s’agissait que de traitements au cas par cas et souvent partiels concernant les gros travaux sur les voitures à faible kilométrage. Une sorte de politique de l’autruche très désagréable pour les clients victimes du moteur essence nom de code « EB2 » dont la courroie de distribution, de mauvaise qualité, se désagrège., provoquant une obstruction de la pompe à vide de freinage voire une casse moteur si la courroie se fissure davantage. Dans le pire des cas, il faudra environ 7 000 € pour remplacer le moteur.
Il était donc temps pour Stellantis de réagir, même si la main tendue aurait pu mettre trop de temps à venir. D’une certaine manière, le mal causé par cette PureTech est fait et les marques du géant franco-italo-américain pourraient le payer longtemps.. Premièrement, les réseaux de concessionnaires sont en première ligne face à des clients logiquement insatisfaits qui, dans un premier temps, se sont heurtés à un refus d’accompagnement. De plus, malgré l’extension de garantie, Stellantis impose la réparation des moteurs plutôt que leur remplacement, ce qui implique du personnel supplémentaire à gérer dans les ateliers sans vraiment parvenir à éviter les embouteillages.
Des conséquences à long terme aussi
Surtout, il y a désormais des centaines de milliers de clients insatisfaits qui ne manqueront pas de faire fuir les futurs acheteurs potentiels des modèles Stellantis en signalant simplement leur déception. Certes, une nouvelle courroie a été installée sur certains moteurs tandis que les nouvelles versions hybrides de 136 ch ont complètement remplacé la courroie par une chaîne, mais pour les premières, comment savoir si la nouvelle courroie sera réellement plus résistante ? À cela s’ajoute le problème de l’achat d’occasion. A prix et taille identiques, combien de fuites vers d’autres marques pour échapper au 1.2 PureTech défaillant qui n’aura pas forcément été réparé et qui ne pourra être pris en charge par Stellantis si la voiture n’a pas scrupuleusement suivi le plan d’entretien ?
Comment puis-je recommander en toute confiance l’achat de ce moteur ? C’est en effet la seconde vie de toutes les unités produites jusqu’en août 2018 qui est en jeu. Et autant de perte pour les marques du groupe Stellantis qui manquent l’occasion d’attirer de nouveaux clients potentiels dans leur giron par l’intermédiaire des achats d’occasion. Plus largement, l’image du groupe, concepteur d’un moteur objectivement défectueux et auteur d’une gestion douteuse, est écornée.. Au-delà des mécontents actuels, l’affaire 1.2 PureTech pourrait donc nuire à long terme aux marques du groupe Stellantis.