La nomination de Richard Ferrand pour la présidence du Conseil constitutionnel, proposée par Emmanuel Macron, est plus incertaine que prévu. Sa candidature devra convaincre les députés et les sénateurs des commissions de lois qui décideront de son sort par un vote, ce mercredi 19 février.
Dans les deux pièces, le nom de Richard Ferrand est loin d’être unanime. Beaucoup de parlementaires à gauche critiquent Breton sa proximité avec Emmanuel Macron, son inexpérience et son implication dans le cas des mutuelles de Brittany. Les députés de LR ont annoncé mardi qu’ils refuseraient sa candidature. Compte tenu de l’équilibre du pouvoir, le bulletin de vote promet d’être incertain.
► Comment se déroule le vote?
Le Conseil constitutionnel, composé de neuf sages, est renouvelé par des tiers tous les trois ans. Les présidents de la République, du Sénat et de l’Assemblée nationale choisissent chacun un candidat qui est ensuite assis pendant neuf ans.
Chaque nomination donne naissance à une audience, puis à un vote par le comité juridique de l’Assemblée nationale ou du Sénat. C’est à ce test qui sera soumis respectivement au Sénat et à l’Assemblée, Philippe Bas, le candidat LR proposé par Gérard Larcher et Laurence Vichnievsky, le candidat du modem proposé par Yaël Braun-Pivet. Une nomination est rejetée si elle recueille 60% des votes exprimés. Ce qui ne s’est jamais produit pour une candidature au Conseil constitutionnel.
Pour Richard Ferrand, la situation est différente. Proposé par le président de la République, sa nomination est examinée par le Comité des lois de l’Assemblée et celle du Sénat. Cela représente 73 députés et 49 sénateurs, ou 122 électeurs.
► Pourquoi peut-il bloquer?
Pour que sa candidature soit validée, Richard Ferrand doit éviter un veto qui nécessite 60% des votes exprimés, ou 74 parlementaires. Le total descend même à 73 si le sénateur Philippe Bas, également candidat, s’abstienne.
Parmi les quarante des députés et sénateurs de gauche, la plupart ont déjà déclaré leur opposition. En ajoutant les votes des parlementaires du rassemblement national et de l’Union des droits de la République d’Eric Ciotti, dans ce cas 18 députés, le total grimpe près de 60 voix. Les 25 Parlementaires LR auront donc un rôle décisif.
Les votes sont secrètes, qui peuvent jouer en faveur du candidat mal intégré. Mais un refus serait sans précédent dans l’histoire du Conseil constitutionnel. Parmi toutes les nominations proposées par l’Élysée et sous réserve de validation du Parlement, un seul impétrant a vu sa nomination rejetée. C’était en 2023, la candidature de Boris Ranignon à la tête de l’agence de transition écologique.
► Que se passe-t-il en cas de rejet?
Si la candidature de Richard Ferrand ne réussit pas, Emmanuel Macron aura toujours le temps. Le mandat de Laurent Fabius, l’actuel président du Conseil constitutionnel, se termine le 7 mars 2025. D’ici là, le chef de l’État pourra proposer d’autres noms plus consensuels.
De plus, Emmanuel Macron peut se contenter de nommer un nouveau « sage » sans en faire le président de l’institution. Il peut en effet confier cette tâche à un membre déjà stationné. Enfin, si le président de la République n’est pas décidé d’ici là, la Constitution prévoit que l’intervalle est effectué par le doyen du Conseil constitutionnel, en l’espèce Alain Juppé.