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Syrie : ce que veulent faire les islamistes du HTS

Les forces rebelles dirigées par le groupe islamiste HTS ont renversé le régime de Bachar Al-Assad en Syrie et pris le contrôle de Damas. Leur chef dit attendre une passation officielle des pouvoirs, mais risque de s’imposer durablement à la tête du pays.

Le régime de Bachar Al-Assad est tombé. La jubilation des Syriens du monde entier s’est exprimée. Mais qu’est-ce qui attend la Syrie après la chute du dictateur ? Les forces rebelles islamistes, dirigées par le groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS), ou Organisation de libération du Levant en français, ont pris le contrôle d’une partie du pays puis de Damas, la capitale, dans la nuit du 7 septembre. .

Les rebelles du HTS, accompagnés de leur chef Ahmed al-Chareh, qui se faisait encore récemment appeler Abou Mohammad al-Jolani, ont pris possession du palais présidentiel syrien à Damas. « Cette victoire, mes frères, est un triomphe pour toute la communauté islamique, (…) pour la région », a déclaré dimanche soir le chef du HTS depuis la célèbre mosquée des Omeyyades en assurant que « la Syrie est purifiée ».

Si le HTS a repris le contrôle de Damas, il n’a pas repris le contrôle des institutions restées sous le contrôle du Premier ministre Mohamed al-Jalali. Un choix délibéré d’Ahmed al-Chareh qui affirme vouloir une « passation officielle » après la chute du régime dictatorial. Le Premier ministre syrien s’est également dit prêt, à partir de dimanche, à œuvrer à un transfert de pouvoir et à coopérer avec « toute direction que choisirait le peuple syrien ».

L’espoir d’élections libres, la menace de l’instabilité

Reste à savoir vers qui les Syriens se tourneront et ce que feront les rebelles qui ont repris le pouvoir. « Le peuple syrien doit désormais prendre son destin en main », a déclaré le ministre démissionnaire des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, lors d’une conférence de presse. Franceinfo. Une possible prise de pouvoir grâce à des élections libres et démocratiques, mais celles-ci auront-elles lieu ? C’est ce qu’espèrent de nombreux Syriens, notamment ceux exilés dans les pays voisins, en Europe et ailleurs. Le ministre démissionnaire a ajouté que la France soutiendrait « une transition politique respectueuse des droits de l’homme, des droits des femmes et qui permette à la Syrie de s’engager sur la voie d’une paix juste et d’une paix durable ». Car « des risques importants attendent la Syrie, celui de fragmentation et instabilité ». Outre les HTS qui ont marché sur Damas, d’autres groupes ont participé au soulèvement : ceux de l’Armée syrienne libre au sud et ceux des tribus arabes à l’ouest.

Les États-Unis partagent la position française. Le président américain Joe Biden s’est félicité dimanche soir de la chute du régime de Bachar Al-Assad, mais a rappelé « l’histoire du terrorisme » de certains groupes rebelles qui ont fait tomber la dictature. Une référence directe au patron de HTS, Ahmed al-Chareh, qui a un passé de jihadiste et a côtoyé le chef de l’État islamique ainsi qu’Al-Qaïda avant de s’éloigner. Les autorités américaines craignent également une tentative de l’EI de « se réinstaller » en Syrie pendant la période de transition et d’instabilité.

Un régime islamiste en Syrie ? La stratégie du patron du HTS

Le chef du groupe rebelle tente de modérer son image et se présente comme une alternative politique. Il a troqué le turban et le dress code islamiste contre un uniforme kaki et ne veut plus être appelé par son nom de guerre. Dès la prise d’Alep par le HTS, le 27 novembre, Ahmed al-Chareh a prononcé un discours visant à rassurer les populations civiles, rapporte RFI : « Personne n’a le droit d’effacer un groupe. Les différentes communautés coexistent dans cette région depuis des centaines d’années et personne n’a le droit de les éliminer. Il doit y avoir un cadre juridique qui protège et qui garantisse les droits de chacun. Ce n’est pas un système qui sert une seule communauté, comme l’a fait le régime d’Assad.

Selon plusieurs spécialistes, le leader du HTS, qui a pris le contrôle de plusieurs territoires en Syrie comme la province d’Idlib, au nord-ouest du pays, profite de ces expériences pour adoucir son image. Sur place, « il a plutôt nommé un gouvernement civil composé de technocrates et d’administrateurs pour gérer la vie quotidienne dans les territoires contrôlés par le HTS » explique Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherches sur le monde arabe et méditerranéen à l’Université de Genève sur RFI. Wassim Nasr, journaliste à France 24 qui a rencontré le chef du groupe islamiste, rappelle l’idéologie rigoureuse du groupe, mais nuance : « Ils sont par exemple moins rigoureux que les talibans. Les femmes vont à l’école, les femmes vont à l’université, les gens fument dans la rue, nous entendre de la musique dans les magasins… Donc, c’est rigoureux et conservateur, mais ce n’est pas du tout le jihad d’Al-Qaïda ou de l’État islamique.

Il reste donc beaucoup d’incertitude sur ce qui pourrait se passer en Syrie après la chute de Bachar Al-Assad. Si Hasni Abidi estime que le HTS pourrait laisser « certains ministres, voire l’actuel chef du gouvernement, gérer les affaires de cette phase de transition », d’autres mettent en garde contre l’instauration d’un nouveau régime autoritaire. « Il ne faut pas se laisser berner », prévient Fabrice Balanche, maître de conférences à l’université Lyon 2 et spécialiste du Moyen-Orient. RFI : Ahmed al-Chareh « a imposé le totalitarisme islamique à Idlib, éliminant physiquement des milliers d’opposants, qu’ils soient laïcs ou islamistes modérés comme le groupe al-Sham. Il ne faut donc pas se faire beaucoup d’illusions sur ce qui pourrait arriver dans les mois qui suivront son éventuelle prise de pouvoir.

GrP1

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