Ce que nous savons de la nouvelle puce quantique de 156 qubits d’IBM
L’annonce de la dernière puce quantique d’IBM marque une avancée significative dans la technologie quantique. Conçue pour être plus puissante et plus rapide que ses prédécesseurs, la puce R2 Heron, avec ses 156 qubits, pourrait transformer de nombreux domaines scientifiques, de la chimie aux sciences de la vie en passant par la physique des matériaux.
Comprendre l’informatique quantique et les puces quantiques
Contrairement aux ordinateurs traditionnels qui utilisent des bits pour stocker et traiter des informations sous forme de 0 ou de 1, les ordinateurs quantiques utilisent qubits. Ces bits quantiques ont une particularité fascinante : grâce aux principes de la physique quantique, un qubit peut être dans plusieurs états simultanément, une propriété appelée superposition. Cela signifie qu’un qubit peut représenter à la fois 0 et 1, permettant aux ordinateurs quantiques de traiter simultanément un très grand nombre de calculs.
De plus, les qubits peuvent s’entremêler, un phénomène quantique par lequel deux qubits, même situés à distance, partagent un lien qui les rend interdépendants. Ce enchevêtrement permet des opérations exponentiellement plus puissantes que celles effectuées par les ordinateurs traditionnels. Les portes quantiques, unités de calcul au sein d’un processeur quantique, permettent de traiter les calculs en parallèle, ce qui est crucial pour les simulations scientifiques à grande échelle.
Cependant, l’informatique quantique est confrontée à des défis majeurs : les qubits sont très sensible aux perturbations extérieures (température et rayonnement électromagnétique) et ces perturbations peuvent introduire des erreurs dans les calculs. C’est pourquoi les progrès en matière de correction d’erreurs et de conception de puces sont essentiels pour rendre l’informatique quantique fiable et utile.
La puce R2 Heron : 156 qubits de puissance et de précision
Là Puce R2 Héron est un processeur quantique de nouvelle génération qui intègre 156 qubits dans une seule structure. Disposés dans un réseau hexagonal, les qubits de cette puce sont conçus pour interagir de manière fluide et fiable, permettant une exécution rapide des calculs. Ce conception hexagonale n’est pas anodin ; cela permet pour optimiser les interactions entre qubits tout en minimisant les erreursun problème central de l’informatique quantique où la moindre perturbation peut affecter les résultats.
Par rapport aux modèles précédents, la puce R2 Heron représente un bond en avant significatif. Les 156 qubits de ce processeur peuvent gérer des circuits de calcul qui comprennent jusqu’à 5 000 portes à deux qubitsune amélioration presque double par rapport au modèle Eagle d’IBM, qui comptait 127 qubits.
Pour information, les portes à deux qubits sont des portes quantiques et s’apparentent aux portes logiques des ordinateurs classiques (comme les portes ET, OU ou NON), mais elles agissent sur les qubits et utilisent les principes de la mécanique quantique. Ils permettent principalement de manipuler l’état des qubits en exploitant la superposition et l’intrication. Ces progrès en termes de nombre de portes et de qubits offrent donc à IBM un capacité accrue à gérer de grandes charges de travail ce qui permet de simuler des systèmes complexes avec plus de précision et de rapidité.
Performance et rapidité : un bond en avant
IBM a également apporté des progrès en matière de vitesse. Grâce aux innovations logicielles, la puce R2 Heron peut en effet exécuter des tâches quantiques jusqu’à 50 fois plus rapide que ses prédécesseurs. En 2023, lors d’une expérience visant à tester la puissance de calcul de son système quantique, IBM a découvert que son ordinateur quantique le plus avancé de l’époque mettait 122 heures pour effectuer certaines opérations. Avec la puce R2 Heron, ces mêmes opérations ne prennent pas maintenant seulement 2,4 heures.
Cette amélioration est due non seulement à la conception avancée du matériel, mais également à la optimisations logicielles d’IBM comme l’algorithme de correction d’erreurs Qiskit ce qui réduit l’impact des perturbations en compensant les erreurs. En collaboration avec des outils d’optimisation du mouvement des données, le nouveau moteur d’exécution du système atteint également un débit de 150 000 opérations de circuit par seconde contre seulement 37 000 en début d’année. Ce gain de rapidité est essentiel pour la recherche scientifique, car il permet de traiter un plus grand nombre de simulations dans un temps plus court.
Applications scientifiques : des perspectives prometteuses pour la recherche
Les ordinateurs quantiques comme ceux d’IBM sont conçus pour résoudre des problèmes complexes inaccessibles aux ordinateurs classiques. Grâce à ses 156 qubits, le système de puces R2 Heron pourrait ainsi avoir des répercussions dans divers secteurs scientifiques.
Dans le domaine de la chimie, l’informatique quantique peut par exemple être utilisée pour modéliser des molécules complexes, une tâche quasiment impossible avec les ordinateurs classiques. Cette capacité pourrait accélérer le développement de nouveaux médicaments ou de nouveaux matériaux, en permettant de simuler des interactions chimiques à l’échelle atomique. En physique des matériaux, IBM prédit que cette puce pourrait faciliter l’étude de composés aux propriétés spécifiques comme les supraconducteurs, dont les applications pourraient révolutionner les infrastructures de stockage d’énergie et de transport d’électricité.
En biologie et en sciences de la vie, les ordinateurs quantiques peuvent également simuler des processus cellulaires détaillés, ce qui ouvre des perspectives de recherche en génétique et en thérapie génique. Par exemple, modéliser la structure des protéines ou les interactions moléculaires permettrait d’accélérer la découverte de traitements médicaux et de mieux comprendre des processus biologiques complexes.
Vers des supercalculateurs hybrides
IBM a également une vision ambitieuse de l’avenir de l’informatique, qu’il envisage comme un système hybride qui combinera ordinateurs quantiques et classiques. Ce modèle hybride permettra de répartir les tâches complexes entre des systèmes classiques qui géreront des tâches linéaires et des systèmes quantiques qui prendront en charge des calculs exponentiellement complexes. Une fois ces tâches résolues, les résultats seront intégrés de manière transparente.
Des centres de recherche comme RIKEN au Japon mettent déjà en pratique cette approche hybride en combinant des ordinateurs quantiques IBM avec des supercalculateurs classiques. Cette combinaison permet de gérer des données scientifiques extrêmement complexes, ouvrant de nouvelles possibilités pour la recherche fondamentale et appliquée dans des domaines de pointe.
Bref, l’arrivée de la puce quantique R2 Heron d’IBM représente une avancée cruciale dans la quête d’une informatique quantique accessible et applicable. Avec ses 156 qubits, ses capacités de calcul améliorées et ses applications potentielles, cette puce ouvre des perspectives prometteuses pour la recherche scientifique. Bien que l’informatique quantique soit encore en développement, cette avancée nous rapproche de la réalisation de supercalculateurs capables de résoudre les défis complexes de notre époque, de la recherche médicale à l’optimisation énergétique.