Les nouvelles les plus importantes de la journée

Ce que l’on sait du plan du milliardaire catholique Pierre-Edouard Stérin pour promouvoir les valeurs conservatrices et faire gagner la droite aux élections

Ce plan de « bataille culturelle » vise à promouvoir les valeurs culturelles de droite en finançant des think tanks qui visent à influencer le cadrage médiatique. Il implique également de soutenir des personnalités politiques engagées dans sa cause, RN en tête.

Publié


Temps de lecture : 4 min

Pierre-Edouard Stérin, le 19 juillet 2010 dans ses bureaux de Clichy (Hauts-de-Seine).  (GILLES BASSIGNAC/JDD/SIPA)

Il n’a pas réussi à acheter le magazine MarianneMais son influence s’étend au-delà de ses médias. Le milliardaire français Pierre-Édouard Stérin, catholique fervent et exilé fiscal libertaire, n’agit pas seulement à travers les nombreuses sociétés dans lesquelles il détient des parts. Ses équipes ont élaboré un plan structuré pour faire valoir ses valeurs politiques et religieuses conservatrices, par le biais des médias et en soutenant des personnalités politiques de droite et d’extrême droite.

Ce projet, baptisé « Périclès », est présenté en détail dans un document datant de 2023. Son existence a été révélée dans son intégralité par le quotidien de gauche Humanité, jeudi 18 juillet, et confirmé par les équipes de Pierre-Edouard Stérin à plusieurs médias, dont Mediapart et Le journal du dimanche. Voici ce que nous savons de cette stratégie de « bataille culturelle »tel que présenté dans FigaroVox Pierre-Edouard Stérin, l’une des plus grandes fortunes françaises, qui doit notamment son succès à l’entreprise de coffrets cadeaux Smartbox.

Dans le document révélé par HumanitéLe projet « Périclès » (pour « Patriotes, Enracinés, Résistants, Identitaires, Chrétiens, Libéraux, Européens, Souverainistes ») est présenté comme fondé et administré par Pierre-Édouard Stérin et deux de ses proches collaborateurs : François Durvye, PDG du fonds Otium Capital, et Alban du Rostu, PDG du Fonds du bien commun. Les deux structures financières appartiennent au milliardaire, qui a été plusieurs fois classé en tête du classement des investisseurs français spécialisés dans les entreprises innovantes, et qui met en avant depuis plusieurs années ses dons à des associations qui soutiennent ses valeurs.

Leur stratégie vise à « pour permettre la victoire idéologique, électorale et politique » d’un ensemble de « valeurs clés ». Parmi elles, des valeurs libérales telles que « liberté individuelle et entrepreneuriale »et d’autres plus conservatrices ou traditionalistes, comme la présentation de « famille » comme le « base de la société »la revendication d’un « place particulière du christianisme » ou un « fierté de notre histoire, de notre identité, de notre culture »Ces idées sont placées en opposition à « les tendances » présenté par les auteurs du document comme « les principaux maux de notre pays »dans lequel ils incluent sans ordre particulier « socialisme, wokisme, islamisme, immigration » Ou « laïcité agressive ».

Pour distiller leur idéologie, les concepteurs de Périclès prévoient une stratégie d’action à tous les niveaux de la société – juridique, médiatique, politique et administratif. Dans un premier temps, le plan prévoit une « guérilla légale » contre « contre l’islamisme, l’immigration, les atteintes à la liberté d’expression, la théorie du genre (…) afin de changer la peur du camp, faire respecter la loi et se défendre contre les attaques ennemies, changer la loi »Un projet déjà partiellement lancé, à travers la création du collectif Justitia en mai 2023 en collaboration avec le think tank conservateur Institut Thomas More.

L’équipe de Pierre-Edouard Stérin comprend également « imposer (son) thèmes » et leur traitement privilégié à travers les médias, les réseaux sociaux et la « production intellectuelle »Pour les diffuser, les auteurs comptent sur la production de 2024 « baromètres » sur le« Islam et insécurité »L’« immigration » ou la« le plus à gauche »en partenariat avec les médias chargés de relayer « massivement ces résultats pour atteindre l’ensemble de la population française ».

En fin de compte, les auteurs du Plan Périclès visent à diffuser leurs idées conservatrices en créant « le premier think tank de droite en France réunissant les principaux experts thématiques sur les questions souveraines »et ainsi « influencer la sphère politique, médiatique et intellectuelle, préparer des mesures et des réformes politiques ».

Au niveau des institutions politiques, le document explique qu’il veut « identifier les élections prioritaires » Et « formation au combat électoral » LE « candidats alignés » sur ce projet idéologique qui ont « les plus grandes chances de victoire »Pour y parvenir, l’équipe du milliardaire compte par exemple sur la création d’un « L’école des futurs maires » qui offrirait une formation théorique et pratique aux candidats à partir de septembre 2024 « partage (leur) valeurs »afin de leur faire gagner les élections municipales dans près de 1 000 « petites et moyennes communes ».

Un parti est particulièrement soutenu par Pierre-Edouard Stérin : le Rassemblement national. Les concepteurs de Périclès affirment viser une « la victoire » du RN aux élections municipales de 2026, en aidant le parti d’extrême droite à « plan structuré » et les équipes départementales responsables de« identifier les candidats » potentiel, avec un objectif de « 300 villes à gagner absolument »Ce projet est présenté comme déjà partiellement lancé.

Les auteurs du document nient vouloir aider exclusivement la RN et ont l’intention « lancer des missions similaires dans les mois à venir qui correspondent aux besoins de chacun (par exemple, recruter des candidats pour LR) »Ils recommandent également de « construire une présence au plus près des leaders de demain » à droite, notamment chez Les Républicains, Reconquête et le Rassemblement national. Parmi leurs cibles prioritaires : Jordan Bardella et Marine Le Pen, avec qui ils disent déjà avoir une relation « confiance » et un « influence réelle ».

À plus long terme, les concepteurs du plan Périclès entendent préparer « avant l’élection présidentielle » à partir de 2027 « une réserve de 1 000 personnes (technocrates, professionnels des politiques, experts thématiques) » acquis à leurs idées et « pouvant être placé à des postes clés (cabinets, structures parapubliques, haute administration) »Pour atteindre tous ces objectifs, les administrateurs de Périclès prévoient de dépenser environ « 150 millions d’euros » dans dix ans.

Proche Journal du dimanche (passé sous le contrôle d’un autre milliardaire catholique fervent, Vincent Bolloré), les équipes de Pierre-Édouard Stérin ont confirmé la création de Périclès, tout en ajoutant que le document était « un peu daté ». « Nous communiquerons plus précisément sur nos projets très prochainement. »

Quitter la version mobile