« Le choc a été immense pour nous.. » La réaction de Marie-Hélène Le Nédic, présidente de la Fondation Abbé Pierre, reflète le sentiment général au sein de son organisation. Ce mercredi 17 juillet, le Mouvement Emmaüs a rendu public un rapport révélant des faits pouvant s’apparenter à des agressions sexuelles ou à du harcèlement sexuel, commis par l’abbé Pierre, entre la fin des années 1970 et 2005. C’est après qu’Emmaüs France a reçu, il y a un an, un témoignage faisant état d’une agression sexuelle commise par l’abbé Pierre sur une femme qu’un projet d’écoute, confié au groupe Egaé, a été lancé par Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre. « pour établir si d’autres faits similaires auraient pu se produire ».
Sept femmes, dont une mineure
« Caroline De Haas, directrice associée du groupe Egaé, a interrogé 12 personnes entre le 10 avril et le 5 juin 2024, dans le cadre de cette enquête. Plusieurs types de faits sont ressortis. Une première synthèse des éléments recueillis lors de ces entretiens a été transmise à Emmaüs International, Emmaüs France et à la Fondation Abbé Pierre le 30 mai 2024. » précise le rapport, également publié sur le site de la Fondation Abbé Pierre.
« Ces événements concernaient des salariés, des bénévoles de certaines de nos organisations membres ou encore des jeunes femmes de l’entourage personnel de l’abbé Pierre. »indique le document, qui comprend le témoignage de sept femmes, dont une qui était mineure au moment des faits initiaux. Ces témoignages font état d’une « proposition sexuelle »de « commentaires répétés à connotation sexuelle »de « tentatives de contact physique non sollicité » et de « contact mammaire non sollicité »est-ce répertorié.
« Le dernier soir (d’un voyage à Charenton en 1982), alors que j’allais lui dire au revoir, il a enfoncé sa langue dans ma bouche d’une manière brutale et totalement inattendue », rapporte l’une des femmes qui cite également plusieurs attouchements sur sa poitrine alors qu’elle était mineure. Ou encore, à la fin des années 80, lors d’un voyage en Suisse : « J’ai dû aller le chercher à l’hôtel. Le portier m’a dit : « Il t’attend dans sa chambre ». Il était allongé sur le lit, il m’a demandé de venir m’allonger. Je lui ai dit : « Non, non, on y va ». Il s’est levé. » L’abbé Pierre aurait également déchiqueté un texte dans lequel elle avait consigné son témoignage, avant de s’excuser ultérieurement à sa demande.
« Plusieurs personnes ont été informées »
Selon divers témoignages, les événements se seraient déroulés entre les années 1970 et les années 2000. « Une fois, en 2005, nous étions à Florence, il était en fauteuil roulant. Quand je suis allée le saluer, il m’a touché les deux seins »explique l’une des victimes présumées.
« Au moins quatre personnes supplémentaires ont été identifiées comme ayant subi des actes de violence sans qu’il ait été possible de les entendre à ce stade. Certaines personnes n’ont pas souhaité rencontrer le groupe Egaé, d’autres n’ont pas pu être contactées », a-t-il ajouté. indique également l’auteur du rapport qui souligne que « plusieurs personnes ont été informées que l’abbé Pierre avait des comportements inappropriés envers des femmes, sans nécessairement avoir conscience de la réalité des violences commises ».
L’une des personnes interrogées lors de l’enquête affirme avoir informé la direction du comportement de l’abbé Pierre en 1992 : « Je leur ai raconté l’histoire. C’était dans le bureau où l’abbé Pierre avait essayé de me bloquer. Ils m’ont dit : « On pensait qu’il s’était calmé ». Ils m’ont dit que je n’étais pas le seul parmi les secrétaires d’Emmaüs International. » D’autres cas auraient été signalés au moins en 1995, 2001 et 2007. Selon le rapport, « Une employée de l’époque a indiqué que ses collègues féminines avaient reçu pour consigne de ne pas aller seules voir l’abbé Pierre. ».
« Nos organisations saluent le courage des personnes qui ont témoigné et permis, par leurs paroles, de mettre en lumière ces réalités, nous les croyons », écrivent les trois organisations dans un communiqué de presse conjoint. « Ces révélations bouleversent nos structures, au sein desquelles la figure de l’abbé Pierre occupe une place majeure. Chacun de nous connaît son histoire et son message. Ces actes modifient profondément le regard que nous portons sur un homme connu avant tout pour son combat contre la pauvreté, la misère et l’exclusion. »déclarent Emmaüs et la Fondation Abbé Pierre. L’abbé Pierre, de son vrai nom Henri Grouès, est décédé en 2007.
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