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Ce que l’on sait de l’attaque jihadiste à Bamako

Des jihadistes affiliés à Al-Qaïda ont revendiqué mardi la responsabilité d’une double attaque contre l’aéroport militaire et un camp de gendarmerie de Bamako. Voici ce que l’on sait de cette opération inédite depuis des années dans la capitale malienne.

Ce qui s’est passé?

Bamako s’est réveillée vers 5 heures du matin au son de tirs entrecoupés d’explosions. Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), alliance jihadiste affiliée à Al-Qaïda, a revendiqué un double attentat contre l’aéroport militaire et l’école de gendarmerie, situés à quelques minutes de là.

Le chef d’état-major des armées, le général Oumar Diarra, s’est contenté de parler de « tentatives d’infiltration quelque peu complexes », mais seulement au niveau de la gendarmerie, sans évoquer l’aéroport. L’armée a assuré que l’attaque avait été déjouée et que la situation était « sous contrôle ». Des échauffourées se faisaient toutefois encore entendre dans l’après-midi à proximité de l’aéroport.

Quel est le résultat de l’attaque ?

Comme c’est presque toujours le cas en matière de sécurité sous la junte, les informations sur le modus operandi de l’attaque ou son bilan sont rares, dans un contexte d’accès restreint à l’information, et le restaient en début de soirée. Le JNIM a assuré avoir infligé « d’énormes pertes humaines et matérielles et la destruction de plusieurs avions militaires ». Une responsable de l’aéroport s’exprimant sous couvert d’anonymat a fait état de la destruction de six avions, sans plus de précisions, ainsi que de rampes de lancement de drones. Elle a ajouté qu’il y avait eu « des morts », sans plus de précisions.

Les autorités restent muettes sur les dégâts. « Les terroristes qui s’étaient infiltrés ont été neutralisés », a déclaré le chef d’état-major. La télévision d’Etat a diffusé des images d’une vingtaine d’hommes retenus captifs, les mains menottées et les yeux bandés. Des images circulant sur les réseaux sociaux montrent des corps calcinés.

Pourquoi cette attaque est-elle importante ?

Cela va au-delà des dégâts humains et matériels. Pour la première fois depuis longtemps, le GSIM, l’un des principaux acteurs jihadistes au Mali avec l’organisation État islamique, porte à Bamako même le combat qu’il mène depuis des années contre l’État malien.

Si certaines régions du pays, notamment le nord et le centre où le JNIM est le plus actif, restent la cible d’attaques quasi quotidiennes, la capitale était épargnée par l’insécurité depuis les attaques meurtrières contre le restaurant La Terrasse (avril 2015), l’hôtel Radisson Blu (novembre 2015) et l’attaque de l’hôtel Nord-Sud (mars 2016).

Le JNIM, engagé dans une lutte pour le contrôle du territoire afin d’imposer sa vision sociale rigoriste et ses intérêts économiques, a étendu son influence vers la capitale et le sud, malgré les opérations renforcées de l’armée malienne et du groupe Wagner. En juillet 2022, le JNIM a frappé au cœur du pouvoir avec un attentat suicide à Kati, ville de garnison et bastion de la junte.

Une stratégie remise en question ?

La junte, qui a pris le pouvoir par la force en 2020, affirmant que sa restauration était sa priorité absolue, affirme régulièrement avoir inversé la tendance contre les « terroristes » (jihadistes mais aussi séparatistes dans la région du Nord) au profit de l’Etat malien.

Elle rompit l’ancienne alliance historique avec la France et les pays européens et se tourna politiquement et militairement vers la Russie, s’assurant les services de Wagner selon une multitude de sources. Elle s’allia aux régimes militaires qui, suivant son exemple, arrivèrent à la tête du Burkina Faso et du Niger.

L’attaque de mardi intervient au lendemain du premier anniversaire de cette Alliance des Etats du Sahel. « Grâce à cette alliance stratégique, nos forces de défense et de sécurité ont enregistré d’importantes victoires sur le terrain, affaiblissant considérablement les groupes armés terroristes », a déclaré dimanche le chef de la junte malienne, le colonel Assimi Goïta. Par ailleurs, l’aéroport militaire attaqué mardi serait tout proche du camp de transit de Wagner.

Eleon Lass

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