Ce que l’on sait de la tragédie qui a fait huit morts au large d’Ambleteuse

Huit migrants sont morts lorsque leur embarcation clandestine a coulé dans la nuit de samedi à dimanche au large du Pas-de-Calais.

« Un terrible bilan. » Le préfet du Pas-de-Calais, Jacques Billant, a donné une conférence de presse dimanche 15 septembre après la mort de huit personnes. Des migrants ont été retrouvés dans la nuit de samedi à dimanche, pour tenter de traverser la Manche, au large d’Ambleteuse (Pas-de-Calais). Ce drame survient après le pire naufrage de l’année dans cette région, qui a fait douze morts le 3 septembre. Franceinfo fait la synthèse de ce que l’on sait de ce nouveau naufrage dans la Manche.

Un bateau surchargé et peu de gilets de sauvetage

Le bateau est parti du secteur de La Slack, rivière côtière dont l’embouchure se situe entre Wimereux et Ambleteuse dans le Pas-de-Calais. « Rapidement en difficulté »le bateau est « est venu s’échouer » sur une pointe rocheuse et « était clairement déchiré sur les rochers »a expliqué le préfet, précisant que le naufrage s’est produit « peu avant minuit ».

Selon le préfet, 59 personnes se trouvaient à bord de ce bateau et « seule une personne sur six avait un gilet de sauvetage ». En tout, « 20 gendarmes, une cinquantaine de pompiers, un drone et 20 engins » ont participé aux opérations de secours qui ont eu lieu « dans des conditions très complexes, la nuit »assure le préfet.

Les victimes sont « manifestement des hommes adultes »

Les huit victimes de ce naufrage sont « De toute évidence, des hommes adultes »a indiqué le préfet. Six rescapés ont été hospitalisés en urgence relative. Parmi eux, un bébé de dix mois en hypothermie. Les autres naufragés sont pris en charge par la mairie d’Ambleteuse. « originaire d’Érythrée, du Soudan, de Syrie, d’Afghanistan, d’Égypte et d’Iran. »

Grâce à une fenêtre météo favorable, de nombreuses tentatives de traversée ont eu lieu ces derniers jours. Deux cents personnes ont été secourues en mer samedi dans le Pas-de-Calais. Ce drame survient moins de deux semaines après le pire naufrage de l’année dans cette région, qui a fait douze morts le 3 septembre. Au total depuis le début de l’année « 46 migrants sont morts »rappelle le préfet.

Une enquête ouverte

Le parquet de Boulogne-sur-Mer a ouvert une enquête, confiée à la section de recherches de la gendarmerie maritime et à l’Office de lutte contre le trafic de migrants (OLTIM). Le préfet du Pas-de-Calais indique que depuis le début de l’année, 238 passeurs ont été interpellés en flagrant délit, dont dix entre le 12 et le 15 septembre.

Les tentatives de traversée de la Manche à bord d’embarcations de fortune se multiplient en réponse au confinement croissant du tunnel sous la Manche et du port de Calais pour endiguer les intrusions de migrants. Selon les autorités britanniques, plus de 22 000 migrants sont arrivés en Angleterre après avoir traversé la Manche en bateau depuis le début de l’année. « C’est horrible. C’est une nouvelle perte de vie. »a réagi David Lammy, chef de la diplomatie britannique, auprès de la BBC.

Les associations dénoncent l’inaction de l’Etat

« Ces passeurs sont des scélérats, mais nos États sont des scélérats »a taclé Yann Manzi, cofondateur de l’association Utopia56, sur franceinfo. A l’approche de l’automne, la météo se dégrade et les températures chutent, les tentatives s’accélèrent et les traversées deviennent de plus en plus dangereuses. « Les gens continueront de mourir et continueront de mourir jusqu’à ce que nous ayons des routes sûres vers l’Angleterre. »explique Yann Manzi.

« Les États français et britannique doivent repenser immédiatement leurs politiques migratoires »revendiqué sur X l’Auberge des migrants, une autre association d’aide aux exilés, décrivant la Manche comme « frontière meurtrière ».