ce que les premiers accusés ont dit lors du procès
BENOIT PEYRUCQ / AFP
Assassinat de Samuel Paty : ce qu’a dit le premier accusé lors du procès (Croquis illustrant les accusés Brahim Chnina, Nabil Boudaoud et Ismael Gamaev lors du procès pour l’assassinat de Samuel Paty, 4 novembre 2024)
JUSTICE – Les deux premiers prévenus entendus ce mardi 5 novembre par la cour d’assises spéciale de Paris, au procès des huit personnes impliquées à des degrés divers dans l’assassinat du professeur d’histoire-géographie Samuel Paty, ont contesté les faits qui leur sont imputés. .
«Je conteste les faits qui me sont reprochés»» a déclaré Azim Epsirkhanov, 23 ans, un jeune Russe d’origine tchétchène. « Cela fait quatre ans que je les conteste »a également déclaré Naïm Boudaoud, 22 ans.
Les deux jeunes, amis du tueur Abdoullakh Anzorov, sont les deux seuls accusés poursuivis pour complicité de meurtre, un délit passible de la réclusion à perpétuité.
L’audience est retardée après un traumatisme crânien subi par l’un des accusés
Les six autres prévenus, dont trois, sous contrôle judiciaire, comparaissent libres, sont poursuivis pour participation à une association de malfaiteurs terroriste, un délit passible de 30 ans d’emprisonnement.
Cette première journée d’audition des accusés devait être consacrée à l’examen de personnalité de six des huit accusés mais le calendrier prévu a été largement perturbé.
L’audience de l’après-midi n’a pas pu débuter à l’heure prévue car l’un des accusés, le Turc Yusuf Cinar, 22 ans, poursuivi pour participation à une association de malfaiteurs terroriste, s’est blessé à la main. tête alors qu’il retournait à sa cellule au palais de justice.
« Il s’est ouvert le crâne, raisonnablement, au dépôt parce qu’il y a des endroits où le plafond est bas, il y a du travail »a déclaré à l’AFP son avocate Lucile Collot. L’audience a pu reprendre en milieu d’après-midi mais l’audition prévue de plusieurs autres accusés a été reportée à une date ultérieure.
« Mes parents m’ont appris à aimer ce pays”
Ces premières auditions ne portaient pas sur les faits, qui ne seront examinés qu’à partir du 20 novembre, mais uniquement sur la personnalité de l’accusé.
Vêtu avec élégance, gilet crème et chemise blanche, col fine barbe, Azim Epsirkhanov, arrivé en France avec sa famille à l’âge de 10 ans, s’exprime dans un français parfait.
« La France est mon deuxième pays »a-t-il déclaré après avoir rendu hommage à ses professeurs qui lui ont donné « un grand soutien » pendant sa scolarité. « Mes parents m’ont appris à aimer ce pays »continue-t-il. La France est « le pays qui m’a accueilli, m’a logé, m’a nourri ». « C’est une mère patrie pour moi »insiste le jeune Russe qui aurait aimé faire carrière dans la police ou l’armée française.
Le couteau, un cadeau » Pour » son grand-père »
L’enquêteur de personnalité raconte à la barre le départ précipité de sa famille de Tchétchénie après que son père ait été kidnappé par des inconnus. Le père sera libéré mais refusera toujours de s’exprimer à ce sujet. « Aujourd’hui, il y a un certain tabou dans ma famille » pour évoquer ce sujet, indique le jeune homme. La famille s’installe à Evreux en Normandie. C’est là, au collège, qu’il rencontre pour la première fois Abdoullakh Anzorov, un Tchétchène comme lui.
Concernant Anzorov, Azim Epsirkhanov avoue avoir vu son ami changer d’attitude environ un an avant l’attaque. « Mais je n’ai jamais pensé qu’il se radicalisait »assure-t-il.
Selon le parquet, Azim Epsirkhanov avait accompagné Anzorov chez une coutellerie à Rouen la veille de l’attentat. « Il m’a dit que (le couteau) était un cadeau pour son grand-père »explique le jeune homme. Le déplacement à Rouen s’est fait avec Naïm Boudaoud, originaire d’Evreux, et ami d’Azim Epsirkhanov.
« On ne devrait pas parler des filles
Dans un pull en jacquard blanc, Naïm Boudaoud, d’apparence frêle, paraît plus jeune que son âge malgré son léger col barbu. Entre Epsirkhanov, fort d’1,84 m, et Boudaoud, c’était une relation de grand frère et de petit frère. L’un protégeant l’autre et Boudaoud, issu d’un milieu plutôt privilégié, rendant services à son ami.
« C’était du donnant-donnant : Epsirkhanov l’a protégé et il l’a aidé dans sa précarité »explique un enquêteur de personnalité.
C’est dans un gymnase que Boudaoud rencontre Anzorov. Il était le seul des trois à disposer d’un permis de conduire (obtenu en septembre 2020, soit un mois avant l’attentat) et c’est dans sa voiture que le trio s’est rendu à Rouen pour acheter un couteau.
Même s’il affirme, comme Azim Epsirkhanov, avoir totalement ignoré le projet meurtrier d’Anzorov, Naïm Boudaoud confirme avoir remarqué un changement chez lui. « Il n’y avait pas besoin de parler de filles, pas de sexe, pas d’alcool, pas de fêtes »il se souvient. « Je l’ai pris comme une blague »dit-il. Le procès est prévu jusqu’au 20 décembre.
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