Ce que dit le président de la Fondation Jardin Majorelle sur le patrimoine marocain
Le Matin : La Fondation Majorelle possède un patrimoine très précieux. Comment le gérez-vous ?
Madison Cox :C’est une responsabilité que nous exerçons avec une équipe formidable, comprenant la direction, les jardiniers, les équipes du musée, la sécurité, les commerciaux… C’est une solidarité remarquable qui rassemble 210 personnes qui travaillent ensemble.
Proposez-vous des formations spécifiques pour développer les compétences de votre personnel dans la gestion des actifs de la Fondation ?
Nous accordons une grande importance au développement de nos collaborateurs. Nous recrutons de jeunes diplômés et encourageons la formation continue et le développement professionnel. dans tous les services. Nous devons répondre aux attentes de nos visiteurs, marocains et étrangers, et promouvoir une approche pédagogique qui rende notre personnel plus à l’aise et passionné par son métier. Par exemple, nous proposons des programmes de langues étrangères et en arabe. Comme dans toute famille, il est essentiel pour notre institution que nos collaborateurs évoluer en poursuivant des opportunités ailleurs, dans les musées, les hôtels, etc.
Nous lancerons à la mi-octobre un nouveau programme destiné aux élèves des écoles publiques, afin de démystifier notre mission et d’affirmer notre attachement à la culture marocaine. Il est essentiel que les Marocains comprennent que ce projet leur est avant tout destiné.
Le pourcentage de visiteurs marocains a-t-il augmenté après la pandémie de Covid ?
La période de Covid a été difficile pour nous tous. C’était la première fois que la Jardin Le 1er janvier 2018, le jardin était en train de fermer, alors que nous sommes habituellement ouverts toute l’année. Un jour, pendant cette période, il n’y avait que les jardiniers présents. J’ai réuni le directeur et d’autres membres de l’équipe, et je me suis rendu compte que notre communication au sein du pays était insuffisante. Il est essentiel de commencer par parler aux Marocains avant de parler aux étrangers. Le premier jour de réouverture après la période Covid, nous avons offert un accès gratuit à toutes les familles de nos équipes, et nous avons accueilli 4 000 personnes. Le week-end suivant, nous avons ouvert les portes à tout le quartier pour démystifier le jardin. À l’avenir, nous augmenterons le tarif pour les étrangers, mais nous souhaitons garder un tarif préférentiel pour les Marocains afin de favoriser leur accès.
L’objectif est de leur montrer la richesse de leur patrimoine, qui est unique. Dans un monde où tout tend à se ressembler, l’identité culturelle revêt une importance capitale.
Comment la Fondation Majorelle parvient-elle à valoriser le patrimoine marocain tout en ayant un regard extérieur ?
Je connais le Maroc depuis plus de 50 ans et j’y réside depuis près de 30 ans. J’éprouve un profond respect et une profonde admiration pour votre culture, très riche et diversifiée, englobant de multiples croyances. Dans un monde marqué par la division, ce que le Maroc accomplit est révolutionnaire, que ce soit dans le domaine des hôpitaux, des transports… Il faut être conscient de la richesse du patrimoine du Maroc qui le distingue, même de ses voisins les plus proches.
Les expositions temporaires illustrent l’influence du Maroc sur l’œuvre d’un artiste ou d’un mouvement. Nous avons apporté une collection d’Australie pour sensibiliser les visiteurs marocains aux autres cultures et leur faire découvrir la fascination pour des symboles comme le serpent, afin de les aider à comprendre le pouvoir de leur propre héritage.
Comment sont choisis les artistes exposés ?
Le processus de sélection repose sur un comité fixe, en étroite collaboration avec nos équipes. Alexis Sornin, directeur du Musée Yves Saint Laurent de Marrakech, joue le rôle de chef d’orchestre dans ce processus. J’ai eu le plaisir de l’assister, et nous avons veillé à impliquer différents services. Dans l’exposition « Jardin Majorelle : Qui sommes-nous ? /Man nahou ?/Who Are We ? », au lieu de réaliser un simple catalogue, nous avons opté pour une grande affiche où sont répertoriés les noms de tous ceux qui ont contribué.
Il était essentiel de répondre à la question « Qui sommes-nous ? »
Il nous a semblé important d’expliquer toutes nos activités, ainsi que ce que nous soutenons et prévoyons pour l’avenir. D’ici fin novembre, nous inaugurerons un pavillon temporaire, un petit bâtiment construit dans le jardin, dédié aux expositions liées au monde botanique. Cette initiative vise à sensibiliser à la sauvegarde de notre environnement, car le monde évolue rapidement, notamment en ce qui concerne la question de l’eau.
Nous travaillerons avec des architectes marocains, à qui nous fournirons un budget pour réaliser l’exposition. Chaque exposition durera deux ans. La première édition mettra en avant Hiba Bensalek, une jeune architecte de Marrakech. C’est une manière de promouvoir la créativité et la jeunesse marocaine. Nous appliquons un concept similaire au musée Yves Saint Laurent, où nous embauchons de jeunes cuisiniers au café studio pour concevoir la carte pendant six mois. Cela leur permet de se confronter à la réalité de la gestion d’un restaurant. Nous prenons en charge la gestion et leur offrons l’opportunité d’entrer sur le marché du travail. Tous les six mois, nous renouvelons le concept avec de nouveaux menus et de nouveaux chefs.
Envisagez-vous d’ouvrir la Villa Oasis au public ?
Le Jardin accueille environ 4 000 personnes par jour. Avec un tel flux, les œuvres et les tapis risquent d’être endommagés. De plus, je reçois fréquemment des demandes de jeunes étudiants en architecture, en histoire ou en décoration qui n’ont pas les moyens de financer leurs visites. Je suis ravie de leur permettre d’accéder à cet espace, car il est essentiel de partager ce patrimoine. Sur le parking, nous accueillons chaque samedi des producteurs de légumes bio. C’est une initiative que nous soutenons avec enthousiasme.
Des projets à venir ?
Nous avons l’idée d’un centre de recherche, d’une bibliothèque. Bien que nous disposions déjà d’une bibliothèque consultable sur rendez-vous, nous avons reçu un nombre considérable de dons de livres. Nous envisageons donc de construire un bâtiment dédié, un lieu où chacun pourra venir trouver un espace de sérénité pour écrire, réfléchir et lire.
Villa Oasis, un trésor caché au cœur de Marrakech
Niché à Marrakech, le Villa Oasisvoisin de la Jardin Majorelleest bien plus qu’une propriété, c’est un hymne à la créativité d’Yves Saint Laurent et de Pierre Bergé et un vibrant hommage à l’amour qu’ils portaient à cette ville. Ce lieu est le fruit de l’imagination de JLes eaux MajorelleEn 1931, le peintre français acquiert un terrain à Marrakech et fait construire un atelier de style Art déco par l’architecte Paul Sinoir. Il entretient également un jardin exceptionnel. En 1966, Yves Saint-Laurent tombe sous le charme du Jardin Majorelle, abandonné depuis la mort accidentelle du peintre en 1962. En 1974, Yves Saint Laurent et Pierre Bergé achètent ce « Dar Es Saada » à Marrakech. Il confie sa rénovation à l’architecte d’intérieur Bill Willis qui illustre leur passion pour l’art et la culture.Dar es-Saada» devient « Villa Oasis ». Son intérieur est décoré avec Zelliges, tapis berbères Et meubles en boisLa maison conserve jalousement des œuvres précieuses de la collection d’Yves Saint Laurent et Pierre Bergé. Chaque pièce est chargée d’histoire et de personnalité. La maison conserve tout de l’époque Majorelle. Une salle à manger du même style a été ajoutée. Yves Saint Laurent et Pierre Bergé fréquentent régulièrement le jardin Majorelle, qu’ils considèrent comme un véritable sanctuaire. Ils rêvent de l’acquérir. En 1980, alors que le célèbre Jardin risquait d’être sacrifié sur l’autel de la promotion immobilière, ils décidèrent de l’acheter, préservant ainsi ce havre de paix et de beauté. Yves Saint Laurent aimait s’y installer pour créer. La Villa Oasis, s’étend sur plus d’un hectare, offrant une variété de jardins thématiquesbaigné dans le célèbre Bleu Majorelle. Aujourd’hui, la Villa Oasis est un sanctuaire jalousement préservé, géré par la Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent. Bien que généralement fermée au public, elle ouvre ses portes pour des visites exclusives, accueillant un maximum de cinq personnes, sous réserve d’un don à la fondation. Cette démarche permet de faire vivre la maison, entourée de ceux qui partagent une passion pour l’art et la beauté. Visiter la Villa Oasis, c’est plonger dans un monde où chaque détail raconte une histoire, où nature et créativité s’entremêlent pour offrir un moment de pure sérénité.
Fondation Jardin Majorelle
Là Fondation Jardin Majorelle La Fondation a été créée en 2001 par Yves Saint-Laurent, Pierre Bergé et Madison Cox. Elle a été reconnue d’utilité publique en 2011. Elle a pour mission principale d’assurer la préservation, la promotion et l’entretien du Jardin Majorelle, du Musée des Arts Berbères Pierre Bergé et du Musée Yves Saint Laurent de Marrakech, mais aussi de contribuer à la préservation du patrimoine paysager et architectural du Royaume. La Fondation œuvre également à l’organisation d’événements scientifiques et culturels – tels que des expositions et des conférences – principalement liés à la botaniqueà la mode, à Arts berbères du Maroc. Elle dispense des formations – par le biais d’ateliers et de programmes d’apprentissage – dans les domaines de la conservation des musées et des activités liées aux jardins. En outre, elle œuvre à la promotion de la création artistique (musique, littérature, théâtre) et soutient la recherche médicale et scientifique ainsi que les centres de santé locaux. La Fondation finance des bourses d’études pour les jeunes marocains étudiant à l’étranger et accorde des subventions aux institutions culturelles et éducatives du Maroc.
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