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« Ce n’est pas un hasard du calendrier » : pourquoi la France fait-elle face à une vague de plans sociaux ?

Auchan, Michelin, Sanofi… Les plans sociaux se multiplient en France cet automne.
Des milliers d’emplois seront perdus dans les mois à venir.
Pour Mathieu Plane, économiste à l’OFCE, « le marché du travail se retourne ».

Près de 2 400 emplois touchés chez Auchan, 1 254 chez Michelin, 947 chez Société Générale, 502 chez Nexity… Depuis le début de l’année 2024, plusieurs géants français ont annoncé des suppressions d’emplois les unes après les autres. Mauvaise nouvelle sur le front de l’emploi et pour des milliers de salariés qui risquent de se retrouver au chômage. Aucun secteur ne semble épargné, de la grande distribution à l’automobile en passant par l’immobilier. L’Insee a enregistré 25 000 suppressions nettes d’emplois au troisième trimestre 2024 et la tendance devrait se confirmer en 2025.

Il y a de moins en moins d’apprentis

Ces plans sociaux à répétition ne sont pas « pas un hasard du calendrier »assure TF1info Mathieu Plane, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (nouvelle fenêtre) (OFCE-Sciences-Po). Si les grandes entreprises ne sont pas les seules concernées, elles révèlent les « Le retournement en cours sur le marché du travail. C’est la contrepartie de plusieurs années anormalement positives »il explique.

Pour lui, deux raisons expliquent cette situation. « Tout d’abord, la politique de l’emploi mise en œuvre depuis trois ans a permis une augmentation très significative des apprentissages. » Le nombre de jeunes suivant une formation en alternance est passé de 300 000 en 2018 à un million en 2022, porté par les aides massives de l’État. Problème : dans le projet de loi de finances (nouvelle fenêtre) pour 2025, le gouvernement prévoit 1,2 milliard d’euros d’économies sur ces primes à l’embauche. « Le bassin d’emploi qu’offrait l’apprentissage va donc disparaître »résume le spécialiste, pour qui ce rattrapage était attendu.

Depuis 2020, nous avons mis l’économie française sous cloche

Mathieu Plané, économiste

Deuxième raison de cette vague de licenciements : la fin du « quoi qu’il en coûte » instauré par Emmanuel Macron au début de la pandémie de Covid-19. « Les entreprises ont bénéficié d’un soutien extrêmement fort pendant la crise, comme si l’économie française avait été mise sous cloche. Jusqu’en 2022, il y a donc eu très peu de faillites. Aujourd’hui, lorsque nous sonnons la cloche, nous constatons une forte augmentation des destructions d’emplois. »analyse Mathieu Plane. Avec la disparition du plan d’aide déployé à partir de mars 2020, les entreprises en difficulté n’ont d’autre choix que de réduire leurs effectifs.

La situation politique n’a également rien à voir dans cette multiplication des plans sociaux. La dissolution de l’Assemblée nationale puis la recomposition politique au coeur de l’été « réactions amplifiées sur le marché du travail et politiques accélérées de suppression d’emplois ». Sans que les Jeux Olympiques de Paris ne parviennent à inverser le mouvement.

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L’OFCE prévoit 143 000 suppressions d’emplois en 2025 et une hausse du chômage à 8%, contre 7,3% actuellement, si le gouvernement parvient à mettre en œuvre son programme d’économies budgétaires. « On passe d’une politique budgétaire de soutien à la croissance à un redressement des comptes. C’est la fin d’un cycle économique”conclut Mathieu Plane.


Zoé SAMIN

Ray Richard

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