MMichel Barnier, notre nouveau Premier ministre, veut dire la vérité sur la dette financière qui pèse « sur les épaules de nos enfants ». L’inquiétude est louable : ignorer la contrainte que nous impose cette dette serait irresponsable. Se tromper sur la nature et l’intensité de cette contrainte, alors que la dégradation de nos services publics, comme celle des conditions de vie, « les gens d’en bas »semble faire l’objet d’un constat largement partagé, serait pourtant tout aussi dangereux ! La multiplication des propos anxiogènes sur le sujet risque malheureusement d’y contribuer.
Contrairement à ce qui est souvent répété, notre dette actuelle n’aura pas à être « remboursée » par nos enfants : ils pourront honorer les titres arrivant à échéance en émettant à leur tour, comme cela se fait depuis longtemps dans tous les pays développés, de nouveaux titres de dette. Leur seule obligation sera de payer les intérêts dus. Tant que le taux auquel seront rémunérés les titres émis ne dépassera pas, en moyenne, celui de la croissance du PIB, nos enfants pourront faire face à la charge des intérêts des dettes que nous leur léguons sans qu’une « spirale mortelle » ne s’enclenche : cette charge d’intérêts ne pèsera pas plus sur leurs revenus qu’elle ne pèse sur les nôtres aujourd’hui.
Ensuite, contrairement encore une fois à ce qui est souvent répété, nous sommes toujours, malgré la hausse récente des taux, dans une configuration favorable : le rythme auquel la valeur de notre PIB augmente est supérieur à celui auquel nos emprunts passés sont, en moyenne, rémunérés. Rapporté au PIB, le poids de notre dette augmente néanmoins car nos recettes budgétaires sont, depuis plusieurs années, « très » faibles. inférieur à nos dépenses, hors frais d’intérêt. C’est ce déficit « primaire » récurrent qui accroît le poids de notre dette publique et sa charge d’intérêts dans le PIB.
Rationaliser les dépenses publiques
Le risque, si ce déficit perdure, est de voir ce fardeau peser toujours plus lourd. Ce n’est pas la dette qui pèsera sur les épaules de nos enfants mais la mauvaise gestion des dépenses publiques. Ceux qui nous prêtent continueront certes à le faire, pendant un temps au moins, mais moyennant une « prime de risque » toujours plus élevée, qui ne manquera pas d’accélérer l’augmentation du poids de notre dette… et de notre charge d’intérêts. Cette dernière finira alors par ne plus être supportable… Nous en sommes, pour l’instant, encore loin : malgré l’augmentation du poids de notre dette par rapport au PIB, celui des intérêts payés par notre État est toujours sensiblement inférieur à ce qu’il était il y a deux décennies.
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