« Ce n’est pas interdit de penser à l’impôt », estime Pierre Moscovici
Le premier président de la Cour des comptes a déclaré mercredi sur Franceinfo qu’il doutait de la « crédibilité » des propositions du gouvernement pour réduire le déficit.
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« Il n’est pas interdit de penser aux impôts » revoir la trajectoire de la France en matière de réduction du déficit, a indiqué mercredi 17 avril sur franceinfo Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes et du Haut Conseil des finances publiques. Le HCFP a rendu mercredi un avis très critique sur cette nouvelle trajectoire présentée par le gouvernement. L’exécutif insiste sur le fait qu’il n’augmentera pas les impôts mais il ne faut pas interdire l’existence d’un débat sur ce sujet en France, estime Pierre Moscovici.
Vous devez d’abord «reconsidérer les baisses de cotisations obligatoires prévues», il a dit. Deuxièmement, « Le débat fiscal dans un grand pays démocratique comme la France n’est pas tabou. Certains voudront peut-être les baisser (les impôts), d’autres les augmenter. Certains voudront peut-être taxer davantage la consommation, d’autres le capital ou la richesse. « C’est un débat qui doit avoir lieu avant la représentation nationale et les Français.indique-t-il.
« Il y a sans doute des dépenses inefficaces »
« Il n’est pas interdit de penser aux impôts, c’est un débat légitime »ajoute Pierre Moscovici, rappelant toutefois que « Le pourcentage des impôts dans le PIB en France est l’un des plus élevés d’Europe ». Il est donc « essentiellement en maîtrisant les dépenses il faut faire des choses (…) Il y a sans doute des dépenses qui ne sont pas très efficaces et ce sont celles-là qu’il faut remettre en cause »conclut Pierre Moscovici.
Le Haut Conseil des Finances publiques est particulièrement dubitatif sur la trajectoire annoncée par le gouvernement, qui vise un déficit de 3% du PIB en 2027. « Passer de 5 % à 3 % en trois ans demande des efforts qui n’ont jamais été faits jusqu’à présent, des efforts de dépenses qui nécessiteraient des conditions de gouvernance entre collectivités locales, Etat et Sécurité sociale qui ne semblent pas solidaires.
« Alors oui, nous pensons que cela manque de crédibilité et nous constatons une situation assez préoccupante. »
Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptessur franceinfo
De plus, « ce programme de stabilité manque de cohérence », estime Pierre Moscovici. « Les hypothèses de croissance telles qu’elles sont ne sont pas cohérentes avec les efforts de dépenses demandés »il juge. « Nous devons vraiment trouver la bonne trajectoire, qui combine une croissance soutenue et permette d’investir dans l’avenir, pour résister aux chocs et réduire autant que possible les déficits et la dette, car nous ne pouvons pas vivre durablement avec cette dette. Nous ne devons pas laisser une dette aussi énorme à nos générations futures. »il ajoute.