« Ce festival fait partie de ma vie depuis plus de 30 ans… C’est un peu mon bébé », sourit Ludovic Renoult derrière sa moustache et ses lunettes noires. A 53 ans, il est aujourd’hui président de Rock Tympans, l’association organisatrice de La Route du Rock, mais surtout l’un des quatre fondateurs de ce festival très réputé, installé depuis une trentaine d’années au Fort de Saint-Père, près de Saint-Malo (35). Une occupation que le touche-à-tout exerce en parallèle de sa carrière de journaliste, d’un groupe de musique baptisé Les Kitschenette’s, et d’un duo de DJ, 2 Many Lulu’s, qu’il dirige avec Lucile Maugrenier, sa compagne. Brestois de naissance mais malouin de cœur, il raconte avec bonheur l’histoire de ce festival qui est aussi, d’une certaine manière, la sienne.
Amours musicales de jeunesse
S’il y a un point de départ, c’est son premier grand succès musical, en 1990. Jeune étudiant, il organise un concert au théâtre Bouvet de Saint-Malo pour l’un de ses groupes préférés, Little Nemo. « C’est en faisant ma promotion sur Canal B, la radio de Rennes, que j’ai rencontré François Floret et Stéphane Ridard, qui étaient les animateurs de l’émission, et Franck Rolland, le fondateur de Rock Tympans. » Le Malouin et les trois passionnés s’entendent bien : ils partagent l’envie d’organiser des concerts, mais peinent à trouver un lieu.
A 20 ans, Ludovic Renoult est le benjamin du groupe et il a plein d’idées. Alors quand la maison de quartier Rocabey ouvre à Saint-Malo, un lieu idéal pour la musique live, il « se jette à l’eau ». Sans plus attendre, la première édition de La Route du Rock est organisée fin février 1991. L’épopée est lancée, 800 billets sont vendus en trois jours. « Je m’en souviens particulièrement, c’était le week-end où Gainsbourg est mort. On l’a entendu à la radio, dans un bar d’Aleth, en buvant des verres après le concert du samedi ».
La Route du Rock est née
Le festival se tiendra là jusqu’en 1993, année où ils repèrent le fort Saint-Père et envisagent presque immédiatement d’y déménager l’événement. « Un disquaire du coin m’en a parlé. On a tout de suite senti le potentiel du fort et, après l’accord du maire de l’époque, on a lancé une édition d’un jour, avec une capacité beaucoup plus importante. » Mais les choses ne se sont pas déroulées exactement comme prévu. « À la fin de cette édition, j’ai un peu perdu mon sang-froid », se souvient-il. Le musicien et chanteur raconte sa brouille avec le reste de l’organisation de l’époque, la nécessité pour lui de « se mettre un peu au sérieux », c’est-à-dire d’aller faire son service militaire, de terminer ses études et de trouver un emploi.
Pendant trois éditions, il verra grandir « son bébé » et « vivre sans lui ». Loin des yeux, certes, mais pas loin du cœur non plus : il y revient en 1998, pour poursuivre sa quête perpétuelle, allier écriture et musique. Pendant trois ans, il tiendra « La feuille de route », journal officieux de La Route du Rock, diffusé directement sur le site, tandis qu’il entame une carrière de journaliste à Saint-Lô, en Normandie.
« Fiers de notre parti »
Cette activité de courte durée lui a permis de renouer avec François Floret, seul membre fondateur encore présent au sein de l’organisation. En 2011, ce dernier lui a demandé de prendre la direction de Rock Tympans, ce qu’il a accepté, mais il a quitté sa présidence entre 2014 et 2020, pendant le mandat municipal de son père, « pour prévenir toute rumeur de conflit d’intérêts dans nos affaires respectives ».
L’organisation a essuyé d’autres déboires, notamment des éditions à la fréquentation décevante, ou encore l’annulation de l’édition 2020 en raison des restrictions liées au covid-19. « On reste un petit festival, les fois où on a affiché complet se comptent sur les doigts d’une main ». Mais Ludovic Renoult se souvient aussi des artistes qui ont fait les grandes heures de La Route du Rock, comme Dominique A, en 1993, Blur, en 1999, ou encore « The Cure, en 2005, lors duquel on a dû avoir notre pic d’entrée, avec 27 000 spectateurs ! », assène celui qui se dit, somme toute, « fier de la fête qu'(il) a créée ».
* 32ème Route du Rock, du 14 au 17 août, au fort de Saint-Père, près de Saint-Malo, avec des valeurs sûres (Étienne Daho, AIR, The Kills) et de nombreuses nouveautés à suivre (Bar Italia, Dame Area, etc.)