Ce danger sous-estimé fera des millions de victimes dans le monde au cours des deux prochaines décennies, prévient une étude
Les scientifiques sont formels : dans les 25 prochaines années, 39 millions de personnes dans le monde risquent de mourir de cette bombe à retardement. Face à la consommation abusive d’une drogue devenue un enjeu majeur de santé publique, les Nations unies prévoient de se réunir à la fin du mois.
Aujourd’hui, en France, pays qui figure parmi les cinq plus gros consommateurs d’antibiotiques en Europe, la résistance aux antibiotiques est déjà responsable de 5 500 décès par an. Si la résistance aux antibiotiques était connue, ses conséquences n’avaient jusqu’alors pas été quantifiées.
Pour la première fois, une étude évalue l’impact de ce phénomène au fil du temps et tente d’estimer son évolution. Les résultats ont été dévoilés lundi 16 septembre dans la revue médicale La Lancette.
Saviez-vous?
La résistance aux antibiotiques est la capacité d’une bactérie à résister aux effets des antibiotiques. Il s’agit d’une forme de résistance aux médicaments, à distinguer du phénomène de tolérance aux antibiotiques, qui correspond à l’augmentation du temps nécessaire à l’élimination d’une population bactérienne de l’organisme.
Un million de décès dus à la résistance aux antibiotiques depuis les années 1990
De 1990 à 2021, les chercheurs ont analysé les données de 520 millions de personnes de tous âges provenant de 204 pays différents. Au total, 22 agents pathogènes, 84 combinaisons entre agents pathogènes et traitements et 11 syndromessyndromes Les maladies infectieuses ont été étudiées. Résultat : au cours des trois dernières décennies, plus d’un million de personnes par an dans le monde sont mortes directement à cause de la résistance aux antibiotiques. Alors que les décès d’enfants de moins de cinq ans directement causés par la résistance aux antibiotiques ont diminué de plus de 50 %, en partie grâce à l’amélioration des soins de santé. préventionprévention et le contrôle des infections, les décès d’adultes âgés de 70 ans et plus ont augmenté de plus de 80 %.
La résistance aux antimicrobiens constitue un défi sanitaire mondial important au 21e siècle.
Une nouvelle analyse mondiale approfondie suggère que plus de 39 millions de décès dus à des infections résistantes aux antibiotiques pourraient survenir d’ici 2050.
Explorez les données : https://t.co/MWXNRrUDuz #AMR pic.twitter.com/wbDmLJT7JX
— The Lancet (@TheLancet) 16 septembre 2024
Des estimations alarmantes : +70% de décès d’ici 2050 ?
Selon le modélisationmodélisation Selon les chercheurs, le nombre de victimes directes d’ici 2050 pourrait atteindre 1,91 million par an dans le monde, soit 67% de plus par rapport à 2021. Plus largement, la résistance aux antibiotiques serait impliquée dans 8,22 millions de décès chaque année, soit une augmentation de 74,5% par rapport à 2021. Au total, au cours des 25 prochaines années, la résistance aux antibiotiques pourrait directement causer plus de 39 millions de décès dans le monde et serait associée à 169 millions de décès.
Le développement d’un résistancerésistance La résistance aux antimicrobiens est un phénomène physiologique naturel, mais la découverte de nouvelles générations d’antibiotiques et leur utilisation excessive chez l’homme, d’autres animaux et les plantes ont aggravé la situation. Pour réduire le risque de développer une résistance aux antibiotiques, il faut d’abord éviter la surconsommation de ces médicaments, qu’elle soit directe (dans le cadre d’une antibiothérapie par exemple) ou indirecte (via consommation de produits animaux ou végétaux traités).
Dans ce contexte, une réunion de haut niveau sur la résistance aux antibiotiques se tiendra aux Nations Unies le 26 septembre.