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Cazeneuve, Beaudet, Bertrand… : Emmanuel Macron veut une « cohabitation avec lui-même »

Le Nouveau Front populaire (NFP) tient un discours simple. C’est sa candidate Lucie Castets et elle seule qu’Emmanuel Macron, qui a poursuivi ses consultations lundi 2 septembre, doit nommer à Matignon. Dans une adresse publiée la veille, le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, le président du groupe GDR à l’Assemblée nationale, André Chassaigne, et la présidente du groupe CRCE-K au Sénat, Cécile Cukierman, préviennent que « si le président de la République persistait à poursuivre sa politique d’austérité au nom de la « stabilité institutionnelle »«« Cela provoquerait une grave crise démocratique »et l’appeler à « accepter de laisser respirer la démocratie en laissant l’opposition de gauche, arrivée en tête des élections, gouverner la France ».

Les dirigeants communistes ne nient pas les difficultés, notamment l’impossibilité de mettre en œuvre l’ensemble du programme NFP : « C’est dans cet état d’esprit que nous proposons à Lucie Castets de conduire une nouvelle politique pour la France. Nous avons clairement exprimé au Président de la République notre volonté d’ouverture, de dialogue et de compromis pour œuvrer vers des majorités parlementaires capables de gouverner sur le long terme. »

Toutes les directions des partis de gauche, unies derrière Lucie Castets

Même son de cloche du côté du député de Picardie Debout !, François Ruffin, dans la Somme, où il a tenu une initiative politique, dimanche 31 août : « Les gens ici à Flixecourt et dans le pays demandent de pouvoir bien vivre de leur travail plutôt que de se rationner. Macron doit passer la main et nommer Lucie Castets. Nous allons indexer les salaires et supprimer la retraite à 64 ans. »

Toutes les directions des partis de gauche sont sur cette ligne, unies derrière Lucie Castets pour un changement de politique, à l’heure où des crochets sont jetés par la Macronie pour la contourner et l’empêcher de gouverner. Les Insoumis mettent en garde contre la diversion présidentielle que représenterait une nomination au poste de Premier ministre de l’ancien socialiste Bernard Cazeneuve, reçu lundi 2 septembre à l’Élysée.

« Que ce soit lui, Xavier Bertrand ou un autre, il est tout à fait capable de mener la politique de droite que Macron veut mener », a-t-il ajouté. s’en prend à Éric Coquerel. Le président FI de la commission des Finances de l’Assemblée rappelle que, lors des dernières législatives, l’ancien Premier ministre de François Hollande avait tourné le dos au Nouveau Front populaire et adopté la ligne du « ni ni » : ni la France Insoumise, ni le Rassemblement national. Du côté d’Olivier Faure, de nombreux socialistes sont également sceptiques sur la capacité d’un Cazeneuve à peser sur la ligne de Macron.

Le président, chantre du dépassement du clivage gauche-droite en 2017 (pour faire disparaître la gauche, en fait), soigne visiblement son flanc droit. Lundi après-midi, il a reçu Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France et membre de LR, dont le nom circule aussi pour Matignon. « L’idée générale est de voir si les hypothèses de Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand sont viables au regard du critère de stabilité »a assuré à l’AFP un proche du président.

C’est en invoquant cet impératif que le président a écarté, la semaine dernière, l’hypothèse d’un gouvernement Castets, avant de reconnaître qu’il refusait de mettre la gauche en position de gouverner pour des raisons programmatiques. « Emmanuel Macron veut vivre en harmonie avec lui-même » ainsi fustige l’insoumise Manon Aubry.

Et le chef de l’Etat, qui veut garder la main sur la nomination de la plupart des ministres, cherche, à travers le long ballet des visites à l’Élysée, le profil qui permettrait à son camp de gouverner sans infléchir sa politique à gauche et sans que le Rassemblement national (RN) ne participe au vote d’une motion de censure. Le RN a d’ailleurs précisé qu’il ne s’opposerait pas forcément à une nomination de Bernard Cazeneuve.

Emmanuel Macron espère former un « gouvernement technique »

Le chef de l’Etat a également reçu ses prédécesseurs à l’Élysée, François Hollande et Nicolas Sarkozy. Mais, sans garantie de soutien des socialistes pour Bernard Cazeneuve ou de soutien de LR pour Xavier Bertrand, Emmanuel Macron teste un nouveau nom auprès de ses interlocuteurs. Thierry Beaudet, président du Conseil économique, social et environnemental, a ainsi été reçu le 30 août pour se voir proposer le poste de premier ministre. Inconnu du grand public, cet ancien enseignant a dirigé la MGEN, la mutuelle des enseignants et la Fédération de la mutualité française. Selon nos informations, il serait prêt à relever le défi, à plusieurs conditions qui n’ont pas été précisées.

Emmanuel Macron espère, grâce à ce profil, former un « gouvernement technique » qui tiendrait grâce à la non-censure des forces siégeant à l’Assemblée nationale. Thierry Beaudet a l’avantage, pour apaiser la gauche, d’avoir pris ses distances avec l’une des forfaitures du deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron, puisqu’il avait appelé à manifester contre la loi sur l’immigration en janvier dernier.

Fin juin, dans une interview avec la Tribuneil avait dénoncé le danger que représentait le Rassemblement national pour les corps intermédiaires. Mais le NFP reste sur ses positions : respect du vote des Français en juillet, donc nomination de Lucie Castets à Matignon.

D’autant que la marge de manœuvre d’Emmanuel Macron est en réalité très limitée. Les députés LR, par la voix de leur président Laurent Wauquiez, refusent de fait toute coalition. « De qui Thierry Beaudet tirerait-il sa légitimité ? Exclusivement du Président de la République, La députée de Génération.s, Sophie Taillé-Polian, s’est également exprimée sur BFM. Or, le président de la République et sa politique ont été défaits dans les urnes. Comment Beaudet pourra-t-il y parvenir, lui qui n’est pas connu, qui ne bénéficie ni du rapport de force issu de ses actions antérieures, ni du soutien de la population ? Comment pourra-t-il imposer à un chef d’État qui ne veut pas de changement, le changement que les Français attendent ? Parce que les Français n’attendent pas seulement un nom, mais que leur exigence de changement soit respectée.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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