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Catherine Ribeiro, chanteuse de la révolte et héritière de Léo Ferré, est décédée

Catherine Ribeiro, chanteuse de la révolte et héritière de Léo Ferré, est décédée

Rebelle et militante, la chanteuse Catherine Ribeiro est décédée à l’âge de 82 ans dans la nuit du jeudi 22 au vendredi 23 août 2024, a annoncé son entourage. Celle qui était également actrice – vue dans Les Carabiniers (1963) de Jean-Luc Godard – décédée dans une maison de retraite à Martigues. Considérée comme l’héritière de Léo Ferré, cette fille d’immigrés portugais née à Lyon était surnommée la « Pasionaria rouge » ou même « la grande prêtresse de la chanson française ».

Une figure incontournable de la musique expérimentale des années 70mettant ses chansons au service de ses engagements, avant d’être marginalisée et de finir sa vie en recluse. « Libre et libertaire sans jamais accepter un clan plutôt qu’un autre », se définissait l’artiste en 2018 dans Les Inrockuptibles.

Après un passage au cinéma, cette brune aux yeux noirs et à la voix grave a judicieusement débuté sa carrière de chanteuse au milieu des années 60 en tant que star yéyé. Mais elle a refusé de s’y attarder et a choisi des chemins parallèles en créant le groupe AlpesElle s’impose alors comme l’héritière de Colette Magny et de Léo Ferré.

Née le 22 septembre 1941 à Lyon, fille d’un chaudronnier portugais, Catherine Ribeiro grandit avec pour seul horizon les hautes cheminées fumantes des industries chimiques de Saint-Fons. Elle fait ses valises pour se rendre à Paris où elle suit des cours d’art dramatique qui la mènent au cinéma. Entre 1964 et 1966, elle enregistre également une quinzaine de titres, créations originales ou reprises de Bob Dylan.

Sa voie semble toute tracée, ses disques se vendent bien. Elle apparaît en avril 1966 sur la couverture de Salut les garssur la fameuse « photo du siècle »avec toutes les étoiles montantes de la chanson. Mais la jeune femme indisciplinée et tourmentée – elle fera plusieurs tentatives de suicide dont une qui la verra passer mai 68 à l’hôpital – refuse ce destin. « Je ne veux pas me transformer en cover girl. La chanson du quotidien ne m’intéresse plus. J’ai perdu beaucoup trop de temps », confie-t-elle.

Trop engagé et boycotté par les médias

Elle opte alors pour l’avant-garde et s’oriente vers des sonorités à mi-chemin entre le psychédélisme et le rock progressif, entre la musique minimaliste et le jazz.

L’Âme debout, La paix, Le rat faible et l’homme des champs, Les libertés ?… Elle a réalisé au total neuf albums avec Alpes. Ses chansons témoignent de ses nombreuses engagements: Pour Palestine, Pour Réfugiés chiliens, contre la guerre au Vietnam, Pour l’écologie, contre le président Valéry Giscard d’Estaing…


Considéré comme trop rebelle et à mille milles des canons commerciauxElle est boycottée par les médias. « La beauté rebelle de Catherine et sa colère au fond de son âme dérangent le show business », estime Léo Ferré.

Cela ne l’empêche pas de trouver son public, souvent des militants comme elle. Elle se produit dans de grandes salles et fait un carton à Bourges ou à la Fête de l’Humanité où elle chante devant 120 000 personnes.

Mitterrand, fan

En 1982, elle remplit Bobino pendant trois semaines. C’est l’apogée de sa carrière. Un soir, elle a un spectateur célèbre qui se glisse incognito : le tout nouveau président socialiste François Mitterrand.

Bien qu’elle revendique fièrement ses engagements, Catherine Ribeiro a du mal à se résumer ainsi. « J’en ai assez qu’on me fasse porter cette seule étiquette rouge, dit-elle en 1980. Ce n’est pas moi qui me suis marginalisée, J’ai été marginalisé ! « J’atteindrai un public plus large si les radios et les télévisions décident enfin de me considérer comme une chanteuse à part entière. »

Mais on ne la verra plus beaucoup sur scène. Retirée dans les Ardennes dans les années 1980, elle épouse le maire socialiste de Sedan, Claude DemoulinEn 2020, elle a subi une Accident vasculaire cérébral et doit être hospitalisé dans une clinique allemande.

Ces dernières décennies, elle sortait rarement de son silence. Elle se produisait encore au Bataclan et aux Francofolies. Avec la même soif d’engagement : « Jusqu’à mon dernier souffle, je me battrai pour les libertés. »

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