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Catastrophe écologique au Brésil : un procès « 36 milliards » s’ouvre à Londres contre BHP – 21/10/2024 à 08:13

Catastrophe écologique au Brésil : un procès « 36 milliards » s’ouvre à Londres contre BHP – 21/10/2024 à 08:13

(AFP / WILLIAM OUEST)

Un procès visant à déterminer la responsabilité du géant minier australien BHP dans la rupture dévastatrice en 2015 d’un barrage de résidus toxiques au Brésil s’ouvre lundi à Londres et pourrait ouvrir la voie à des milliards d’indemnisations pour des centaines de milliers de victimes.

« Nous espérons vraiment que la justice anglaise fera ce que la justice brésilienne n’a pas fait jusqu’à présent », a déclaré à l’AFP Monica dos Santos, 39 ans, dont la famille a perdu sa maison dans la catastrophe.

Une gigantesque coulée de boue de déchets toxiques s’est propagée sur 650 kilomètres le long du fleuve Rio Doce jusqu’à l’océan Atlantique après la rupture le 5 novembre 2015 de ce barrage de déchets miniers près de la ville de Mariana, dans l’État du Minas Gerais (sud-est).

La catastrophe écologique a entraîné la mort de 19 personnes, laissé plus de 600 personnes sans abri, tué des milliers d’animaux et dévasté des zones de forêt tropicale protégée.

Quelque 280 000 personnes se sont également retrouvées sans accès à l’eau.

Le bâtiment contenait les résidus d’une mine de fer appartenant à Samarco, une société brésilienne détenue conjointement par le brésilien Vale et l’australien BHP.

– Peuples autochtones –

Après plusieurs rebondissements devant la justice britannique, l’énorme procès civil qui s’ouvre lundi doit déterminer l’éventuelle responsabilité de BHP, dont l’un des sièges sociaux était alors situé à Londres. Il devrait être achevé début mars.

Le montant des dommages réclamés s’annonce gigantesque : il est estimé « à 36 milliards de livres » (43 milliards d’euros) par les avocats des plaignants, à l’image de leur nombre, plus de 620 000, dont 46 municipalités. Des Brésiliens, des entreprises et plusieurs peuples indigènes.

Pour Monica dos Santos, il n’y a aucun doute : la société minière « savait que le barrage avait des problèmes et savait quoi faire, mais elle ne l’a tout simplement pas fait ».

BHP, qui assure que l’eau du fleuve a retrouvé sa qualité avant la rupture du barrage, se dit « pleinement conscient des impacts » de la catastrophe et « inébranlable » dans sa volonté d’indemnisation, mais juge ce procès britannique « inutile », estimant la question « déjà couverte » par les procédures brésiliennes.

– « Bonté de cœur » –

Le groupe assure que plus de 430 000 personnes ont déjà été indemnisées via la fondation Renova, qui gère des programmes d’indemnisation et de réhabilitation au Brésil, dont plus de 200 000 plaignants du procès de Londres.

Des procédures pénales sont également en cours au Brésil dans cette affaire, ainsi que d’autres procédures civiles aux Pays-Bas et en Australie.

BHP et Vale ont également revu à la hausse vendredi une proposition d’indemnisation globale à la justice brésilienne, à 170 milliards de reais (27,7 milliards d’euros), dans l’espoir de mettre un terme à la majorité des procédures dans ce pays. Ce montant est encore en négociation.

Cette proposition « n’est pas faite par bonté d’âme », souligne Tom Goodhead, directeur général de Pogust Goodhead, la société londonienne des plaignants, mais parce que les entreprises pensent « qu’elles peuvent s’en sortir en payant moins cher au Brésil ».

L’avocat estime que la majorité des personnes indemnisées jusqu’à présent dans le pays n’ont reçu « que quelques centaines de livres ».

La décision du tribunal britannique n’est pas attendue avant le deuxième trimestre de l’année prochaine, selon BHP. Si sa responsabilité était reconnue, un autre procès serait organisé, probablement fin 2026, pour évaluer le montant des dommages et intérêts pour chaque plaignant.

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