L’ancien président de la Generalitat démonte les explications du ministre de l’Intérieur catalan et du chef des Mossos. Il déplore également l’utilisation de fonds publics pour son arrestation.
Dans un très long texte publié sur son compte X, ce vendredi soir, Carles Puigdemont a confirmé qu’il se trouvait à Waterloo, en Belgique « après quelques jours extrêmement difficiles ». Une information donnée, ce vendredi matin, par son entourage mais que la police catalane a eu du mal à croire, indiquant ne pas donner crédit aux personnes qui ont accompagné M. Puigdemont dans sa fuite ».
L’ancien président de la Generalitat a déclaré qu’après « ces milliers de kilomètres parcourus en très peu de jours et de nombreux jours de tension difficiles à expliquer », il avait hâte de « quelques heures pour se reposer et prendre l’air ».
« Obligé de faire un commentaire »
« Malheureusement, aujourd’hui, l’ineffable ministère de l’Intérieur de notre gouvernement (catalan) a organisé l’une des conférences de presse les plus déplorables dont je me souvienne », a ajouté Puigdemont, ajoutant qu’il se sentait obligé « de faire un commentaire ».
Et un commentaire en forme de réquisitoire pour celui qui dénonce une « chasse aux sorcières déclenchée contre certaines personnes en particulier, simplement parce qu’elles ont été vues à mes côtés à certains moments ».
« Je n’ai jamais porté de chapeau de paille ni été dans un coffre »
L’ancien maire de Gérone nie avoir porté un chapeau de paille pour fuir et échapper à la vigilance des policiers qui le suivaient. « Je n’en ai pas porté, je ne suis jamais allé dans un coffre et je n’ai jamais vécu à Hambourg ». Ce sont des « choses qu’ils inventent dans les rapports de police et qui ont toujours la ‘présomption de vérité' », a-t-il ajouté.
En ce qui concerne les moyens utilisés pour assurer sa capture, Puigdemont dénonce une fois de plus « le système policier effrayant, incompréhensible et parfois fou » qui « n’était compris par personne et ne servait qu’à agacer les citoyens ». Et celui qui est poursuivi pour détournement de fonds pointe du doigt les hommes politiques qui « dépensent l’argent public inutilement, ce qui ferait plus de bien en luttant contre la criminalité et le crime organisé qu’en poursuivant des hommes politiques qui n’ont pas une seule condamnation et en punissant les officiers des Mossos d’Esquadra pour leur engagement civique, et non parce qu’ils ont commis un délit ».
Nous sommes venus à Waterloo dans des circonstances extrêmement difficiles. Cal analyse la situation politique et met en perspective la nature profonde de l’opération qui sera possible et qui aura lieu. Je me suis rendu compte. Mais il y a des kilomètres à la ronde dans beaucoup de jours et des milliers de jours d’un…
— krls.eth / Carles Puigdemont (@KRLS) 9 août 2024
« La Cour suprême est obsédée par l’idée de m’avoir entre ses mains »
Enfin, Puigdemont assure qu’il n’a « jamais eu la volonté de se rendre volontairement ni de faciliter mon arrestation car je trouve inacceptable que je sois persécuté pour des raisons politiques et ce malgré la loi d’amnistie ». Dans une forme d’ironie, Puigdemont dit comprendre « les raisons pour lesquelles la Cour suprême est obsédée par l’idée de m’avoir entre ses mains, mais ni l’opération ni la réaction des commandements politiques et policiers des Mossos ne sont compréhensibles ou acceptables ».
Le déclenchement du dispositif « Gabia » pour tenter de le retrouver est vivement critiqué par Puigdemont dans son texte. Il fait un parallèle avec la dernière fois où ce dispositif a été utilisé en Catalogne : « pour retrouver des terroristes qui tuaient des gens sans discrimination ». À cet égard, il dénonce « le chemin vers l’hispanisation (principalement au sens d’un modèle policier) » des forces de police catalanes.
L’ancien président de la Generalitat termine sa charge contre le gouvernement catalan et le chef des Mossos en expliquant que « si le ministère de l’Intérieur avait respecté la loi et m’avait donné l’escorte qui m’appartient, ils auraient su à tout moment quel était mon itinéraire à travers Barcelone et la Catalogne. Ils n’auraient pas eu besoin de l’opération folle d’hier, qui fera à jamais partie de leur biographie publique. Et pas exactement comme un mérite ».