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Caster Semenya se pose en porte-parole des athlètes hyperandrogènes devant la Cour européenne des droits de l’homme

L'athlète sud-africaine Caster Semenya, devant la Cour européenne des droits de l'homme, à Strasbourg, le 15 mai 2024.

Privée de compétition en raison d’un taux de testostérone particulièrement élevé, la Sud-Africaine Caster Semenya, 33 ans, a plaidé sa cause mercredi 15 mai devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), espérant « ouvrir la voie » à d’autres athlètes hyperandrogènes, afin qu’ils ne soient pas « déshumanisé et discriminé ». La décision de la Cour, attendue d’ici quelques mois, sera « très important »a déclaré Caster Semenya après l’audience, qui s’est terminée à midi.

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Le Sud-Africain a dû choisir entre « sauvegarder son intégrité et sa dignité personnelles tout en étant exclu de la compétition » Ou « subir un traitement nocif, inutile et soi-disant correctif », a exposé son avocat, Schona Jolly. Ce dernier a répété lors de l’audience que « Miss Semenya est une femme. À la naissance, on lui a attribué le sexe féminin, légalement et de fait. ».

Double championne olympique (2012, 2016) et triple championne du monde (2009, 2011 et 2017) sur 800 m, Caster Semenya produit naturellement beaucoup d’hormones mâles (androgènes), susceptibles d’augmenter la masse musculaire et d’améliorer les performances. Depuis 2018, World Athletics, la fédération internationale d’athlétisme, impose aux athlètes hyperandrogènes de baisser leur taux de testostérone grâce à un traitement hormonal afin de pouvoir participer aux compétitions internationales dans la catégorie féminine. Ce que refuse Caster Semenya, empêchée ainsi de courir sa distance préférée.

« Un avantage insurmontable »

Révélée au grand public lors des Championnats du monde de Berlin en 2009, Caster Semenya avait remporté la médaille d’or sur 800 mètres, mais son apparence physique et sa voix grave avaient suscité débats et spéculations. L’athlète a ensuite été interdit de compétition pendant onze mois et contraint de se soumettre à des examens médicaux dont les résultats sont restés secrets, avant d’être finalement autorisé à courir à nouveau en juillet 2010.

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Mais en 2018, le règlement de World Athletics a changé la donne. Ceci a été validé l’année suivante par le Tribunal arbitral du sport (basé en Suisse), puis confirmé par le Tribunal fédéral de Lausanne, qui a souligné, en 2020, « l’équité des compétitions » comme « principe cardinal du sport »au motif qu’un taux de testostérone comparable à celui des hommes donne aux athlètes féminines « un avantage insurmontable ».

Les recours de l’athlète sud-africaine contre ces deux décisions ont été rejetés en 2019 et 2020, mais elle a obtenu gain de cause devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) le 11 juillet 2023. La CEDH avait jugé que Semenya avait été victime de discrimination et une violation de sa vie privée. Mais les autorités suisses, soutenues par World Athletics, ont saisi la Grande Chambre de la CEDH, une sorte d’instance de recours.

Des « années de carrière » perdues

L’avocat de Caster Semenya a également souligné que son client avait « années de carrière perdues ». La décision de la Cour, qui sera définitive, « aura un impact profond sur sa vie personnelle et professionnelle, ainsi que sur la vie et la dignité de nombreuses autres sportives internationales »ajouté Me Gai.

« Il ne s’agit pas de ma carrière, il s’agit de défendre ce qui est juste, d’élever la voix de ceux qui ne peuvent pas se battre pour eux-mêmes », a déclaré Caster Semenya, qui n’a pas couru depuis mars 2023. Une autre athlète hyperandrogène, la Burundaise Francine Niyonsaba, 31 ans, était présente à l’audience. Si l’arrêt rendu par la CEDH à l’été 2023 a constitué une première victoire pour Caster Semenya, il n’invalide pas la réglementation de World Athletics, qui s’est même durcie depuis sa réglementation concernant les sportifs hyperandrogènes. Elles doivent désormais maintenir leur taux de testostérone sous le seuil de 2,5 nanomoles par litre pendant 24 mois (au lieu de 5 nanomoles pendant six mois) pour concourir dans la catégorie féminine, quelle que soit la distance.

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Ce long drame judiciaire a un coût financier énorme pour Caster Semenya, qui a lancé un appel aux dons en février.

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Cammile Bussière

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