On vous parle d’une époque où les moins de 20 ans… C’est sûr. Le 18 septembre 1969, c’est l’effervescence sur la route de Bénodet, à Quimper, pour l’ouverture du premier hypermarché (anciennement appelé libre-service) du Finistère Sud. Les drapeaux à damiers flottent au vent et les foules du grand jour sont au rendez-vous. Nous nous sommes habillés à neuf. Le rallye a été exagéré et nous nous sommes bousculés à la porte. Les chiffres étaient alors vertigineux : 9 ha de terrain dont 10 000 m² de bâtiment pour le supermarché, 1 300 places de parking (plus qu’à Brest, premier magasin construit en 1968), et même un échangeur, imposé par les Ponts et Chaussées et financé par Rallye. Le tout construit en seulement 200 jours. Un défi.
« Comme Jean Cam (le fondateur brestois de Rallye, décédé en 1986) était proche de ses finances et que le terrain était en pente, pour éviter de trop gros frais de terrassement, il a accepté une pente de 1 %. A tel point que quand on dépose une canette aux caisses, elle roule jusqu’au fond du magasin », raconte Jean-Claude Le Hir, directeur technique, responsable de l’agrandissement du Rallye à Quimper en 1979, puis de la construction du d’autres magasins dans toute la France. 51 en tout.
Yvonne, 35 ans dans la maison
Yvonne Jolivet, 80 ans, mère d’un certain maire de Quimper, y a travaillé de 1969 à 2004. « Au début, on mangeait notre pain blanc, puis notre pain gris et enfin notre pain noir », analyse-t-elle. -elle sans vouloir trop en dire. L’octogénaire était présente à l’intérieur du magasin pour l’inauguration car elle avait commencé à y travailler un mois auparavant. « C’était la première fois qu’on voyait un magasin aussi grand à Quimper. Ce jour-là, on peut littéralement parler d’un raz-de-marée de clients. La sécurité n’avait pas d’autre choix que de laisser entrer les gens lentement », se souvient celle qui n’a même pas vu le feu d’artifice tellement elle était bouleversée.
«C’était l’événement!» Nous y sommes allés en famille et j’ai gagné un vélo rouge à la tombola », se souvient Annie Louët, alors âgée de 12 ans.
King Kong reste une grosse frustration : je n’ai jamais été choisi pour entrer dans sa main
Puis les animations se sont enchaînées sans se ressembler. Anne se souvient de l’arrivée du Père Noël en parachute sur le parking ; Patrick, démonstrations de cascades. Un King Kong géant et un Grendizer de 12 m étaient même installés devant l’entrée. « King Kong reste une grosse frustration : je n’ai jamais été choisi pour aller dans sa main, et pour la soucoupe de Grendizer, j’étais un peu trop gros ! », se souvient Greg, aujourd’hui âgé de 54 ans.
Un rayon jouets de garderie
« J’ai aussi des souvenirs du rayon jouets où les parents nous déposaient comme s’il s’agissait d’une garderie, pendant que nous allions faire nos courses. Un rayon envahi par des gamins qui touchaient à tout, et brusquement mis au pas par un vendeur barbu qui n’était pas du tout commode. J’espère qu’il a eu un bonus pour les nerfs ! », poursuit Greg. « Le rallye était le sujet de discussion entre les enfants qui avaient vu les premières portes automatiques », se souvient Jean-Yves.
Puis l’hypermarché change de nom le 22 novembre 1994 et devient Géant. En septembre 2022, changement de nom à nouveau : Casino #hyperfrais. En 2023, en difficulté, le groupe Casino a cédé près de 300 magasins en France à Intermarché et Auchan. Les deux Casinos de Quimper (celui de la route de Bénodet et celui d’Ergué-Armel) sont concernés et deviennent Intermarché.