CAS. Une pratique en plein essor ces dernières années : comment le cyclisme a retrouvé ses lettres de noblesse en quatre mots
Selon le dernier baromètre Vélo et Territoires, le cyclisme en France a augmenté de 5 % en 2023. Avec un taux de pratique de 23 %, il est devenu la quatrième activité la plus pratiquée, selon l’Union Sport & Cycle.
Nous y sommes entrés. Le printemps marque le lancement de la saison d’une pratique devenue majeure en France : le cyclisme. « La haute saison cycliste se situe entre avril et octobreobserve Jean-Charles Houeix, fondateur de la marque Cycling, dont le siège social est situé à Castelnau-le-Lez, près de Montpellier. Sur cette période, nous réalisons entre 70% et 80% de notre activité.
Selon le dernier baromètre de l’association Vélo et Territoires, qui propose un suivi mensuel de l’évolution du cyclisme, celui-ci a augmenté de 5 % en 2023. Selon l’Union Sport & Cycle, le taux de pratique atteint 23 %, ce qui en fait le « quatrième activité la plus pratiquée ». Une pratique qui « ça se passe bien, surtout dans les grandes villes », insiste l’USC. Décrypter un engouement en quatre mots.
1. Pandémie
Depuis les différents confinements liés à la pandémie de Covid-19, le vélo est devenu un outil de mobilité privilégié. Certes, la tendance au renouveau se dessinait déjà bien avant, mais la crise sanitaire lui a donné une impulsion majeure. « Les décideurs politiques ont mis en place des incitations à l’achat de vélos, via des contrôles dédiés. L’effet Covid a été l’occasion d’inciter les gens à préférer le vélo à la voiture »commente Thomas Boutin, fondateur du réseau de magasins Rêve de Vélo, à Mauguio, dans l’Hérault.
« Après la pandémie, nous avons observé un transfert des investissements vers le vélo. » note Jean-Charles Houeix. « Les investissements les plus importants ont porté sur les infrastructures, avec le développement de pistes cyclables et de parcs à vélos, y compris dans les entreprises. »
2. Électrique
C’est une évidence : l’émergence du vélo à assistance électrique (VAE) a ouvert de nouveaux mondes à ceux qui n’avaient pas encore osé se lancer. « La propulsion électrique a rendu le vélo beaucoup plus accessible », estime Jean-Charles Houeix. « De plus, leur conception a rendu la pratique quotidienne plus adaptée à tous les usages. »
Les communautés ont compris les enjeux de cette évolution. « Aujourd’hui, nous prenons en compte le développement des vélos électriques dans la conception des itinéraires que nous développons »expliquait il y a quelques jours, lors d’une rencontre autour du vélo en entreprise, organisée par la CCI Aveyron, à Rodez, Laurence Pages-Touzé, maire de Sainte-Radegonde, chargée de la Mobilité et des Infrastructures de transports de Rodez Agglomération.
Selon le dernier Observatoire du cycle, publié par l’USC, le taux de pénétration de la VAE a atteint 30 % en 2023. Il était de 5 % en 2016 et de 19 % en 2020, année de la pandémie. Même si 9 % de moins ont été vendus l’an dernier, avec 671 585 unités, le marché des VAE conserve néanmoins un poids en valeur stable à 61 %.
3. Affaires
Il s’agit du segment de marché le plus prometteur. «C’est le plus gros potentiel de marché», abonde Thomas Boutin. L’enjeu est de taille : convaincre les entreprises de mettre à disposition de leurs salariés des vélos (souvent électriques) ou les aider à en acquérir pour leurs trajets domicile-travail. « Les entreprises sont aujourd’hui encore très mal équipées »ajoute le fondateur de Rêve de Vélo.
« Sur la métropole de Rodez, 40 % des déplacements en voiture font moins de 3 kmobserve Alexandre Cayrac, président de l’association Vélocité Rodez Aveyron. Ne serait-il pas pertinent d’inciter les salariés à utiliser le vélo ? » La mission est à long terme. « Il y a beaucoup d’aides pour les entreprises, mais le problème c’est qu’elles restent peu déployées par manque d’information »note Clémence Langloys, de l’association montpelliéraine Le Vieux Biclou, chargée de mission à la Fédération française des usages du vélo (FUB).
Il rappelle l’existence aujourd’hui du label « Objectif employeur pro-cyclisme »OMS « accompagne les employeurs privés, publics et associatifs dans la promotion du vélo pour les déplacements domicile-travail et professionnels ». Pour inciter les entreprises à franchir le pas, il propose un « un accompagnement financier et un accompagnement clé en main ».
4. Sécurité
« Ce qui ressort de nos échanges avec nos salariés, et qui constitue une barrière, c’est le problème de la sécurité des installations ». Franck Porier est responsable RSE au sein du groupe aéronautique Figeac Aéro, dans le Lot. Le groupe encourage le vélo auprès de ses 800 salariés. Les communautés ont continué à élargir leur réseau de pistes cyclables sécurisées. « Il s’agit aujourd’hui de développer des aménagements pour un usage sûr de la voiture »insiste Thomas Boutin.
Dans son dernier Observatoire du Cycle, l’USC place parmi les 4 conditions pour maintenir la croissance du marché du vélo en France, la nécessité de réaliser « des installations cyclables dans toutes les zones ». Urbain comme rural. Dans son enquête sur l’usage du vélo en France, publiée il y a quelques jours, le ministère des Transports montre que « la part des cyclistes réguliers varie selon les territoires ». Plus de 30 % se trouvent dans les centres-villes et moins de 26 % en banlieue ou en zone rurale.