Carnet noir – Dans les Landes, l’adieu plein d’émotion à André Boniface
Ce lundi après-midi, à Montfort-en-Chalosse, dans les Landes, France rugby s’est réuni pour dire un dernier au revoir à André Boniface, décédé la semaine dernière.
Une semaine jour pour jour après le décès d’André Boniface à l’âge de 89 ans, le petit monde du rugby, ses proches et la grande famille landaise se sont retrouvés, pour un dernier au revoir, à l’église Saint-Pierre de Montfort-en -Chalosse (40), trop petite pour accueillir tout le monde.
Sous le ciel grisonnant des Landes, étaient nombreux les anciens internationaux comme Serge Blanco, Jo Maso, Pierre Berbizier, Philippe Sella, Olivier Roumat, Laurent Pardo, Laurent Rodriguez, Raphaël Ibañez, Abdelatif Benazzi ou Thomas Castaignède, sans oublier de les citer. Le président du Racing 92, Jacky Lorenzetti était également présent, aux côtés de celui de la Ligue nationale de rugby, René Bouscatel.
Toute la délégation montoise avait naturellement fait le petit déplacement pour saluer, une dernière fois, celui qui a tant marqué le club jaune et noir. Quatre joueurs de l’équipe montoise (Jules Even, Léo Banos, Yann Brethous et Mathys Bats) ont amené son cercueil dans l’église, tandis que le staff (Patrick Milhet, Stéphane Prosper, Julien Tastet et Frédéric Urruty), l’a réalisé.
Levez la tête
La cérémonie, qui a duré 1h30, a été marquée par un long discours de l’ancien ministre de l’Agriculture du gouvernement Jospin et ami proche d’André Boniface, Jean Glavany. Après avoir adressé son «pensées très attristées, solidaires et affectueuses» à la famille de l’ancien trois-quarts centre, puis a rendu hommage aux soignants de l’hôpital de Bayonne, qui l’ont accompagné dans ses derniers instants, Glavany a déclaré : «Vos deux yeux ont été donnés à des malvoyants et désormais deux personnes peuvent voir le monde avec vos yeux. C’est quelque chose de très noble et émouvant. Ces deux personnes vous regarderont et appliqueront avec enthousiasme la théorie de la tête haute. Baisser la tête, c’est se regarder, réduisant ainsi son champ de vision. Relever la tête, c’est regarder plus loin, observer la défense adverse pour repérer les ouvertures et réaliser les meilleures passes possibles. Relever la tête est une philosophie de vie, et aujourd’hui, c’est grâce à vous que j’apprends à mes étudiants en sciences politiques à lever la tête de leur écran. Oui, « Dédé », tu as appris à beaucoup d’entre nous à relever la tête.»
Glavany : « On dira qu’ils sont revenus à l’époque où ils étaient si heureux… »
Dans l’église Saint-Pierre et devant plus de 500 personnes, Jean Glavany a retracé le parcours rugbystique d’André Boniface, de ses débuts à l’AS Montfort jusqu’à son passage à Dax, avant de raconter sa longue et remarquable épopée montoise. .
L’ancien ministre est également revenu sur son style de jeu »concentré sur l’attaque», a parlé de son grand modèle (Jean Dauger) ou de son passage en équipe de France, mais il s’est aussi longuement attardé sur la mort subite de Guy Boniface, survenue 56 ans plus tôt.Vous avez tenu la main de Guy pendant de nombreuses heures, puis le moment le plus dur de votre vie est arrivé, lorsque sa main vous a échappé. (…) Aujourd’hui, il y a beaucoup de tristesse, tu sais, de te voir partir, dit Glavany. Il y a cependant une petite lumière qui éclaire cette sombre après-midi. Elle nous parle et nous dit « ne pleure plus Dédé, c’est à nous de pleurer ». Vous pourrez enfin guérir la blessure qui saigne en vous depuis tant d’années. Vous pourrez tenir la main de Guy, lui faire des passes croisées, jouer à deux et en pensant à vous, on se dira qu’ils sont revenus à l’époque où ils étaient si heureux…»